Critique Ciné : Rich Flu (2025)

Critique Ciné : Rich Flu (2025)

Rich Flu // De Galder Gaztelu-Urrutia. Avec Mary Elizabeth Winstead, Rafe Spall et Lorraine Bracco.

 

Le cinéma regorge de concepts intrigants qui, sur le papier, pourraient donner naissance à des œuvres marquantes. Rich Flu fait partie de ces films qui, en théorie, avaient tout pour captiver. Une pandémie mystérieuse qui frappe exclusivement les plus riches, entraînant des réactions en chaîne où fortunes sont brûlées et privilèges abandonnés dans une course contre la montre. L’idée est originale et aurait pu permettre une réflexion percutante sur les inégalités sociales et la place de l’argent dans nos sociétés modernes. Pourtant, le film peine à en tirer une expérience cinématographique convaincante.

 

Une étrange maladie tue certaines des personnes les plus riches et les plus influentes de la planète, d'abord les milliardaires, puis les multi-millionnaires et ainsi de suite ..... Puis elle menace de frapper toute personne possédant une fortune quelconque...

 

Dès les premières minutes, le film installe une atmosphère pesante. Une femme d’affaires, Laura Palmer, incarnée par Mary Elizabeth Winstead, se retrouve plongée au cœur de cette crise inédite. Entre un divorce compliqué et une carrière en pleine mutation, elle assiste impuissante à l’effondrement d’un monde où la richesse n’est plus un privilège, mais une condamnation à mort. Ce point de départ pose de nombreuses questions intrigantes : jusqu’où les élites sont-elles prêtes à aller pour survivre ? Comment une société fondée sur l’accumulation de richesses réagit-elle quand l’argent devient un danger mortel ? 

 

Malheureusement, malgré ce potentiel narratif, le film ne parvient jamais à développer ses thématiques de manière satisfaisante. Le rythme s’avère inégal. Après un début lent, le film semble trouver un certain intérêt en milieu de parcours, avant de retomber dans une inertie frustrante. L’histoire avance à coups de scènes répétitives où les personnages prennent des décisions parfois absurdes, sans jamais que la tension dramatique ne s’intensifie réellement. L’un des principaux problèmes de Rich Flu réside dans l’absence totale de personnages réellement engageants. 

 

Laura Palmer, censée être le point d’ancrage émotionnel du spectateur, manque de profondeur. Elle oscille entre froideur et panique, mais son évolution est trop superficielle pour susciter une véritable empathie. Ses décisions, notamment vis-à-vis de sa fille, manquent de cohérence et rendent difficile toute implication émotionnelle. Les personnages secondaires ne sont guère plus intéressants. Entre les milliardaires désespérés, les conseillers cyniques et les opportunistes de service, l’ensemble du casting donne l’impression d’une galerie de caricatures sans relief. 

 

Le film tente peut-être d’accentuer l’inhumanité de l’élite, mais en l’absence de figures auxquelles s’attacher, il devient difficile de s’investir dans leur destin. L’idée d’un virus qui cible exclusivement les plus riches aurait pu être un point de départ audacieux. Mais encore aurait-il fallu que les règles de cet univers soient bien établies. Le film ne prend jamais le temps d’expliquer comment cette étrange pandémie fonctionne réellement. Comment sait-on qu’une personne est suffisamment riche pour être touchée ? Pourquoi brûler des liasses de billets permet-il d’échapper à la maladie ? 

 

Pourquoi certains personnages, pourtant conscients du danger, ne prennent-ils pas de mesures plus logiques pour se protéger ? Ce manque de cohérence affaiblit considérablement le récit. Sans une base solide, il devient difficile de suspendre son incrédulité et de s’investir pleinement dans l’histoire. Ce qui aurait pu être une satire percutante du capitalisme se transforme en un enchaînement de situations absurdes où les personnages semblent agir davantage par nécessité scénaristique que par logique interne.

 

D’un point de vue purement technique, Rich Flu n’est pas un désastre. La photographie est soignée, certaines compositions de plans sont intéressantes, et l’ambiance générale du film parvient par moments à créer une sensation de malaise efficace. La mise en scène, bien que classique, fait le travail sans pour autant transcender le matériau de base. Là où le film pêche vraiment, c’est dans son montage et son rythme. Certaines scènes traînent en longueur, tandis que d’autres, qui auraient mérité plus d’attention, sont expédiées trop rapidement.

 

Cela renforce l’impression d’un film qui ne sait pas toujours où il veut aller, hésitant entre thriller psychologique et satire sociale sans jamais pleinement embrasser l’un ou l’autre. Il est évident que Rich Flu cherche à délivrer un message sur les inégalités sociales et la place des ultra-riches dans notre monde. Dans un contexte où les écarts de richesse continuent de se creuser et où les élites sont souvent pointées du doigt, l’idée d’un virus qui rééquilibre la balance pouvait être une métaphore intéressante. Cependant, au lieu d’exploiter pleinement ce concept, le film se contente de le survoler. 

 

À aucun moment il ne propose une réflexion profonde sur ces thématiques. Au contraire, en se focalisant sur des personnages antipathiques et des situations absurdes, il empêche toute véritable remise en question. Ce qui aurait pu être un film provocateur se transforme en une histoire sans véritable impact, qui ne fait qu’effleurer son sujet sans jamais aller au fond des choses. Après avoir peiné à maintenir un semblant d’intérêt tout au long du film, Rich Flu se termine de manière tout aussi frustrante qu’il a commencé. 

 

La fin, loin d’apporter une conclusion satisfaisante, donne davantage l’impression d’un récit qui s’éteint progressivement sans direction claire. Il ne reste au final qu’un sentiment d’inachevé. Le concept de départ était audacieux, mais son traitement manque cruellement de finesse et de profondeur. Ni totalement réussi, ni véritablement catastrophique, Rich Flu se classe dans cette catégorie de films qui laissent indifférent, ni assez marquants pour être défendus, ni assez mauvais pour être qualifiés de plaisirs coupables.

 

Tout dépend des attentes. Pour ceux qui recherchent une critique sociale acérée, le film risque de décevoir par son manque de subtilité et la pauvreté de son scénario. Pour les amateurs de thrillers psychologiques, son rythme irrégulier et ses personnages peu engageants rendent l’expérience frustrante. En revanche, pour ceux qui sont simplement curieux de découvrir un film au concept original, Rich Flu peut valoir un visionnage, ne serait-ce que pour voir jusqu’où le scénario pousse son idée. Mais difficile de ne pas avoir le sentiment que cette histoire aurait pu être bien mieux racontée.

 

Note : 3/10. En bref, fort heureusement le film n’a eu aucun prix à Gérardmer 2025. Rich Flu est un film qui avait du potentiel, mais qui se perd en chemin, laissant derrière lui une impression d’inachevé et d’opportunité manquée.

Prochainement en France

Présenté en compétition lors du festival Gérardmer 2025

 

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