22 Mars 2025
The Electric State // De Joe et Anthony Russo. Avec Millie Bobby Brown, Chris Pratt et Anthony Mackie.
320 millions de dollars. C’est le budget colossal attribué à The Electric State, le dernier film des frères Russo produit par Netflix (et il s’agit du film le plus cher jamais produit par Netflix). Et pourtant, en regardant le film, une question persiste : où est passé cet argent ? Les effets spéciaux ne sont pas révolutionnaires, la mise en scène reste très classique et le scénario ne brille ni par son originalité ni par sa profondeur. Ce n’est pas tant que le film soit catastrophique, mais plutôt qu’il laisse une impression de vide, comme si tout était calibré pour être consommé et oublié aussitôt.
Une adolescente réalise que son nouvel ami robot, doux mais étrange, lui a en fait été envoyé par son frère disparu. Elle et le robot partent à la recherche du garçon, découvrant ainsi une vaste conspiration...
Le film repose sur une formule désormais bien rodée chez Netflix : une adaptation d’un matériau existant (ici un roman graphique de Simon Stålenhag), un casting attractif, des décors travaillés et une ambiance nostalgique censée parler à une génération spécifique. Cette fois, au lieu des années 80, c’est le début des années 90 qui sert de toile de fond à une aventure de science-fiction rétro-futuriste. Une approche intéressante sur le papier, mais qui peine à convaincre une fois portée à l’écran. L’intrigue suit Michelle (interprétée par Millie Bobby Brown) qui traverse un monde post-apocalyptique à la recherche de son frère.
Ce voyage initiatique aurait pu donner lieu à un récit poignant, mais il manque cruellement d’aspérités. Tout est linéaire, sans réel enjeu ni rebondissement marquant. Le spectateur assiste à une succession de péripéties prévisibles qui peinent à maintenir l’intérêt. Le casting, pourtant prometteur, n’arrive pas à sauver l’ensemble. Millie Bobby Brown, qui a marqué les esprits dans Stranger Things, semble enfermée dans un jeu monotone, loin de la spontanéité qui faisait sa force à ses débuts. Chris Pratt, qui incarne son mentor, semble lui aussi en pilotage automatique, sans jamais véritablement apporter de nuances à son personnage.
Les seconds rôles, bien que joués par des acteurs talentueux comme Stanley Tucci ou Giancarlo Esposito, sont réduits à des caricatures de ce qu’ils ont déjà fait ailleurs. Tucci incarne encore une figure de pouvoir cynique et Esposito joue, sans surprise, un antagoniste froid et méthodique. Rien de surprenant, rien de marquant. Même les robots, qui auraient pu offrir une dimension plus originale au film, se contentent d’être des accessoires visuels sans véritable impact narratif. Visuellement, The Electric State possède quelques qualités.
L’univers rétro-futuriste est bien conçu et certaines scènes offrent de beaux tableaux post-apocalyptiques. Mais encore une fois, cela ne suffit pas. L’univers semble en surface bien construit, mais jamais vraiment exploré. On nous parle d’un monde où les humains et les robots se sont affrontés, d’une société qui s’est repliée sur elle-même derrière de nouvelles technologies… mais ces éléments sont à peine effleurés. Tout est évoqué, jamais approfondi. Résultat, ce qui aurait pu être un monde riche et immersif devient un simple décor pour une aventure générique.
Les robots, censés jouer un rôle clé, sont relégués au second plan et n’ont pas l’impact qu’on pouvait espérer. Même les scènes d’action, pourtant censées apporter du dynamisme au récit, manquent d’énergie et d’inventivité. Quand on parle d’un film à 320 millions de dollars, on s’attend à un spectacle impressionnant. Or, ici, rien ne justifie un tel investissement. Contrairement à des productions comme Avatar où chaque dollar dépensé se voit à l’écran, The Electric State semble avoir dilué son budget dans une accumulation de choix discutables.
Peu de figurants, peu de séquences réellement spectaculaires, et une photographie qui, bien que soignée, n’a rien de révolutionnaire. C’est d’autant plus frustrant que ce manque d’ambition visuelle s’accompagne d’un script plat et sans surprise. Tout semble aseptisé, formaté pour convenir à un public large sans jamais chercher à proposer une expérience marquante. Avec The Electric State, Netflix poursuit sa tendance à produire des films spectaculaires mais sans véritable âme. Après The Gray Man et Red Notice, ce nouveau blockbuster ne fait que confirmer une formule qui privilégie le volume de contenu à la qualité.
On sent l’influence de Steven Spielberg ou de Mad Max: Fury Road, mais sans jamais atteindre la sincérité ou l’impact de ces références. Le problème ne vient pas uniquement des Russo, même s’ils semblent de plus en plus enfermés dans un cinéma sans identité. C’est surtout la manière dont Netflix conçoit ses grosses productions : des films calibrés pour être attractifs dans le catalogue, mais rarement conçus pour marquer durablement les esprits. En définitive, The Electric State est un film qui se regarde sans trop d’ennui, mais qui ne laisse aucune empreinte.
C’est un divertissement fonctionnel, mais qui manque de profondeur, d’audace et de personnalité. À force de vouloir plaire au plus grand nombre, il finit par ne toucher personne. Alors que des œuvres comme Tales from the Loop ont su donner une véritable âme à cet univers rétro-futuriste au roman original, The Electric State se contente d’être une aventure générique de plus dans un océan de contenus interchangeables. Un blockbuster sans relief, qui témoigne une fois encore du manque d’ambition artistique de Netflix dans ce domaine.
Note : 3/10. En bref, un blockbuster sans âme et sans relief. Si vous voulez voir une adaptation de Tales from the Loop, il existe une excellente série Amazon Prime Video datant de 2020. Seule la scène sur « Don’t Stop Believin » qui m’a rappelé Glee m’a fait un peu d’effet avec de l’émotion.
Sorti le 14 mars 2025 directement sur Netflix
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