22 Mars 2025
The Palace // De Roman Polanski. Avec Fanny Ardant, John Cleese et Oliver Masucci.
Roman Polanski a marqué l’histoire du cinéma avec des films qui ont su capter les tensions, les obsessions et les dérives de leur époque. Pourtant, The Palace, son dernier long-métrage, laisse perplexe. Cette comédie chorale, située dans un hôtel de luxe suisse à l’aube de l’an 2000, s’attaque aux ultra-riches avec une volonté de satire mordante. Mais au lieu d’un regard acéré sur ce microcosme extravagant, le film semble s’enliser dans la caricature et le grotesque. L’intrigue repose sur un concept simple : un groupe de milliardaires excentriques se réunit dans un palace pour célébrer le passage à l’an 2000, avec en toile de fond la crainte du fameux "bug de l’an 2000".
Dans un grand hôtel, le soir du 31 décembre 1999, à l'aube du nouveau millénaire, le destin croisé de plusieurs clients et du personnel de cet établissement situé dans les Alpes suisses.
L’idée aurait pu donner lieu à un huis clos piquant, oscillant entre ironie et critique sociale. Pourtant, le film ne parvient jamais à dépasser cette prémisse de départ. Les personnages, censés incarner les excès et les absurdités de cette élite coupée du monde réel, manquent de substance. Ils se réduisent souvent à des clichés sans véritable évolution ni nuance. L’humour, qui aurait pu être un atout pour dynamiser cette galerie de figures absurdes, repose trop souvent sur des gags appuyés et un comique de répétition qui peine à faire mouche. L’un des aspects les plus frappants de The Palace est son insistance sur un humour provocateur qui ne parvient jamais à trouver le bon ton.
Polanski cherche à s’amuser avec le mauvais goût, mais l’exécution manque de finesse. Scatologie, dialogues appuyés sur le physique et la sexualité, moqueries appuyées : tout cela donne une impression de surenchère qui ne sert ni le propos du film ni son efficacité comique. Au lieu d’une satire acérée, le film ressemble davantage à une série de sketches étirés, où les situations grotesques s’enchaînent sans réel fil conducteur. Certains moments semblent même exister uniquement pour provoquer, sans réelle justification narrative. Avec des acteurs comme Fanny Ardant, Mickey Rourke ou John Cleese, The Palace aurait pu offrir des performances marquantes.
Pourtant, ces figures reconnues se retrouvent enfermées dans des rôles limités à la gesticulation et à des dialogues peu inspirés. Mickey Rourke incarne un personnage à la limite du burlesque, mais l’écriture ne lui permet jamais d’aller au-delà d’un simple numéro grotesque. John Cleese, pourtant habitué à manier l’absurde avec brio, semble perdu dans un rôle qui ne lui laisse que peu de place pour exprimer son talent comique. Quant à Fanny Ardant, son rôle manque cruellement de consistance pour marquer les esprits. Ce qui ressort principalement du film, c’est un regard désabusé sur cette élite coupée du monde. Mais cette vision semble dépourvue de véritable réflexion.
Plutôt que d’apporter une critique construite ou un point de vue original, The Palace donne l’impression d’un film qui méprise ses propres personnages autant que son public. Le film semble vouloir nous inviter à rire de cette galerie de riches absurdes et prétentieux, mais sans jamais offrir de véritable enjeu ou de dynamique narrative qui pourrait donner du sens à cette moquerie. À force de souligner sans cesse leur vanité et leur superficialité, le film finit par tourner en rond. Si Polanski a souvent su créer des atmosphères uniques et inquiétantes, The Palace semble dépourvu de toute véritable ambition visuelle.
L’hôtel de luxe aurait pu être un personnage à part entière, un lieu symbolique où se joue la décadence d’une classe sociale. Pourtant, la mise en scène reste assez plate et peine à exploiter l’espace pour renforcer son propos. Quelques scènes tentent d’apporter un peu de dynamisme, mais elles sont souvent noyées dans un enchaînement de situations qui ne semblent mener nulle part. L’ensemble manque de fluidité, et le rythme du film peine à captiver sur la durée. L’absence de réelle évolution des personnages ou d’un message clairement défini rend la fin du film particulièrement prévisible.
Alors que certains films de Polanski ont su laisser une empreinte durable grâce à leur final percutant, ici, la dernière scène ne provoque ni surprise ni réflexion. L’impression générale est celle d’un film qui se termine comme il a commencé : sans véritable direction. Dans une carrière marquée par des œuvres aussi marquantes que Chinatown, Le Pianiste ou encore Rosemary’s Baby, The Palace fait figure d’ovni. Là où Polanski avait su manier la tension, la satire et l’absurde avec subtilité par le passé, ce dernier film semble manquer d’une véritable vision.
Le projet avait le potentiel d’être une comédie grinçante et mordante sur les excès d’une élite en roue libre. Mais au lieu de cela, il enchaîne les scènes sans profondeur et donne l’impression d’un film conçu davantage pour provoquer que pour raconter quelque chose. En fin de compte, The Palace risque surtout d’être rapidement oublié, y compris par ceux qui suivent la filmographie du réalisateur de près.
Note : 1/10. En bref, une satire qui tourne à vide.
Sorti le 15 mai 2024 au cinéma
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