Joseph (Saison 1, épisodes 1 et 2) : Lucien Jean-Baptiste joue à Columbo

Joseph (Saison 1, épisodes 1 et 2) : Lucien Jean-Baptiste joue à Columbo

La nouvelle série Joseph s'inscrit dans une tendance bien établie du polar télévisé : celle où le spectateur connaît d’emblée l’identité du coupable et suit avec amusement le cheminement de l’enquêteur vers la vérité. Ce schéma narratif, rendu célèbre par Columbo, revient régulièrement sur le devant de la scène, revisité sous différents angles. Actuellement des séries comme Elsbeth et Poker Face ont repris cette mécanique. Dans Joseph, le personnage principal se distingue par une apparente bonhomie qui contraste avec son intelligence affûtée. Interprété par Lucien Jean-Baptiste, il adopte un style volubile et parfois maladroit, ce qui contribue à le rendre insoupçonnable aux yeux des criminels qu’il traque. 

 

Quand on rencontre Joseph pour la première fois, c’est tout simplement impossible de se méfier de lui. Un enthousiasme communicatif, une sympathie naturelle, une vie privée chaotique qu’il convoque à tout bout de champ, le tout allié à certains clichés inévitablement attachés à sa couleur de peau, lui donnent un aspect absolument inoffensif. C’est particulièrement utile quand, comme Joseph, on est chargé d’élucider des meurtres…

 

Pourtant, derrière cette façade, c’est un policier méthodique et observateur, qui capte le moindre indice laissé par les coupables trop sûrs d’eux. Les deux premiers épisodes posent ainsi les bases de ce qui semble être la recette de la série : une dynamique entre un meurtrier persuadé d’avoir commis le crime parfait et un enquêteur qui, petit à petit, démêle l’affaire. Dans l’épisode inaugural, une cheffe montante de la gastronomie, Adèle, se retrouve acculée par son mentor, Jean-Philippe. Ce dernier menace de dévoiler un secret compromettant si elle ose voler de ses propres ailes. 

 

Plutôt que de se soumettre, elle orchestre un meurtre en utilisant la faiblesse de son ancien professeur : une allergie fatale, habilement exploitée pour maquiller l’acte en accident. Joseph, avec sa manière bien à lui, finit par lever le voile sur cette manipulation. Le deuxième épisode s’attaque à un tout autre univers, celui de la voile et des rivalités familiales. Yann, skipper reconnu, est excédé par les infidélités répétées de son gendre, Fabrizio. Dans un moment de rage, il commet l’irréparable. Mais plutôt que de céder à la panique, il tente de détourner les soupçons en désignant une bande de militants écologiques présents sur les lieux. 

 

Une mise en scène bien pensée, qui aurait pu fonctionner si Joseph ne s’en mêlait pas. À travers ces intrigues, Joseph ne cache pas ses influences. Les parallèles avec Columbo sont évidents, notamment dans la structure narrative et le décalage entre l’apparence du détective et son intelligence réelle. Mais la série embrasse également un ton plus léger et une mise en scène qui tend vers la comédie, notamment grâce à l’interprétation de Lucien Jean-Baptiste. Son jeu, bien que mesuré, apporte un équilibre entre humour et enquête. Cependant, si l’on s’attarde sur les enquêtes elles-mêmes, elles restent dans un cadre très balisé.

 

Les meurtres suivent une logique assez classique et les criminels manquent parfois de profondeur, ce qui empêche d’être véritablement surpris par leur destin. L’originalité aurait pu résider dans une approche plus nuancée des coupables, en jouant davantage sur la complexité de leur situation ou sur une issue plus inattendue. Visuellement, la série propose des décors variés et des univers bien définis selon les affaires traitées. Le premier épisode joue avec l’ambiance des grandes cuisines et du monde impitoyable de la gastronomie, tandis que le second plonge dans l’univers marin et ses tensions sous-jacentes. 

 

Ces choix de mise en scène permettent d’ancrer chaque intrigue dans un cadre distinct, évitant une uniformité qui aurait pu rapidement lasser. En termes de style, Joseph assume pleinement son aspect divertissant sans chercher à révolutionner le genre. Cela peut séduire ceux qui apprécient une approche légère du polar, mais risque aussi de laisser sur leur faim ceux qui espèrent des enquêtes plus étoffées. Finalement, la série repose essentiellement sur la personnalité de son personnage principal. Joseph, avec son air affable et son regard perçant, constitue le véritable moteur du récit. 

 

Son habileté à déconstruire les faux-semblants et à trouver la faille dans le plan des criminels permet de maintenir l’intérêt, même lorsque les affaires ne brillent pas par leur complexité. Reste à voir si les épisodes suivants proposeront des variations plus marquées dans les intrigues ou si la série continuera à capitaliser sur une formule bien rodée. Dans tous les cas, Joseph s’inscrit dans une tradition efficace du polar télévisé, misant avant tout sur la dynamique entre l’enquêteur et les coupables qu’il traque avec malice.

 

Note : 5.5/10. En bref, une série divertissante qui, à défaut d’avoir des cas policiers originaux, se repose assez bien sur son héros. 

Diffusée sur TF1 à partir du jeudi 6 mars 2025, disponible sur TF1+

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