L’intruse (Mini-series, 4 épisodes) : thriller psychologique captivant mais inégal

L’intruse (Mini-series, 4 épisodes) : thriller psychologique captivant mais inégal

Le genre du thriller domestique a souvent mis en scène des figures inquiétantes infiltrant la sphère familiale, et L’Intruse s’inscrit parfaitement dans cette lignée. Cette mini-série en quatre épisodes propose une immersion angoissante dans le quotidien d’un couple fragilisé par l’arrivée d’un bébé, mais se heurte à des faiblesses scénaristiques qui nuisent à son efficacité. Dès les premières minutes, L’Intruse pose une ambiance lourde, quasi oppressante. Paula et Jérôme, déjà parents de deux adolescents, accueillent leur dernier-né et engagent une baby-sitter, Tess, pour les aider à gérer cette nouvelle organisation. 

 

Paula, 40 ans, arrive à la fin de son congé maternité. Elle doit reprendre le travail dans quelques jours. Mais elle n’est pas prête. Orso, son petit dernier, l’a épuisée, sans parler de ses deux aînés. Avec son mari Jérôme, elle recrute, Tess, jeune fille au pair. Elle a l’air parfaite. Paula se sent rapidement mal à l’aise avec la jeune fille. Elle est pourtant la seule. Tout le monde adore Tess. Mais elle remarque des changements au sein de son foyer et la multiplication d’incidents domestiques qui la font passer pour une mauvaise mère. Elle sent que quelque chose ne va pas, mais personne ne la croit quand elle affirme que Tess leur veut du mal… C’est son baby blues qui la rend sans doute parano, lui répond-on. A moins que Paula ait elle-même des choses à cacher ? Quant à Tess, elle n’est pas arrivée là par hasard. Que cherche-t-elle en pénétrant dans ce foyer ? Quand une inconnue pénètre dans son intimité, il faut en mesurer les risques et les conséquences. Une famille, c’est souvent fatiguant, éreintant. Pourtant, c’est quand on risque de la perdre qu’on mesure toute son importance.

 

Rapidement, une tension latente s’installe : Paula, mère en proie au doute, perçoit une menace dans la présence de cette jeune femme trop parfaite, trop lisse. Est-ce une intuition fondée ou le fruit de son état post-partum ? Ce qui fonctionne particulièrement bien dans la série, c’est cette incertitude permanente. À travers la mise en scène, on partage les doutes de Paula : des cadres serrés, une lumière tamisée, une bande-son minimaliste qui accentue le malaise. La série excelle à jouer sur la subjectivité, plongeant le spectateur dans la psyché instable de cette mère qui oscille entre paranoïa et lucidité.

 

Mélanie Doutey, dans le rôle de Paula, livre une performance habitée. Son regard hanté, son corps tendu traduisent parfaitement le tourment d’une femme qui lutte contre ses propres émotions. Face à elle, Lucie Fagedet est une révélation. Son interprétation de Tess est fascinante : à la fois douce et inquiétante, elle module son jeu avec une subtilité qui laisse constamment planer le doute. C’est dans cette confrontation psychologique que L’Intruse trouve sa meilleure dynamique. Le duel entre ces deux femmes est intense, magnifié par une mise en scène qui accentue leur isolement dans cet espace confiné. 

 

L’atmosphère de la maison, presque suffocante, devient un personnage à part entière, renforçant le sentiment d’enfermement. Malheureusement, l’intensité du début s’étiole rapidement. La série peine à maintenir la tension et s’éparpille dans des sous-intrigues inutiles. Les personnages secondaires sont à peine esquissés, réduits à des fonctions anecdotiques. Jérôme, interprété par Clément Sibony, n’apporte rien à l’histoire. Son personnage est un stéréotype du mari distant, dépourvu de toute profondeur. Mais ce qui agace le plus, c’est l’accumulation d’incohérences scénaristiques. 

 

La facilité avec laquelle Tess s’introduit dans la vie de cette famille sans la moindre vérification d’antécédents est peu crédible. Le traitement du bébé frôle l’absurde : il est presque absent du récit, rarement pris en charge par ses parents, et son existence semble parfois être un simple prétexte pour faire avancer l’intrigue. Autre faux pas : l’enquête de Paula sur le passé de Tess. Ce qui aurait pu être un moment clé du récit tourne rapidement au cliché, avec des révélations trop téléphonées et des flashbacks maladroitement intégrés. La série tente de basculer vers un thriller plus classique, mais cette transition se fait au détriment du mystère et de la tension initiale.

 

Si la confrontation finale apporte une certaine intensité dramatique, elle manque d’originalité. Le scénario ne prend aucun risque et se contente d’une résolution convenue. Là où L’Intruse aurait pu surprendre avec un twist percutant, elle choisit une conclusion sans véritable impact. Malgré ces défauts, la série reste plaisante à regarder grâce à la performance de ses actrices et à son atmosphère soignée. L’ensemble fonctionne, mais laisse un goût d’inachevé. Loin d’être un chef-d’œuvre du genre, L’Intruse reste une proposition correcte pour ceux qui apprécient les thrillers psychologiques, sans pour autant marquer les esprits.

 

Note : 5/10. En bref, la série reste plaisante à regarder grâce à la performance de ses actrices et à son atmosphère soignée. L’ensemble fonctionne, mais laisse un goût d’inachevé.

Disponible sur france.tv, diffusé sur France 2 à partir du 5 mars 2025

 

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