Les Yeux de Feu (Blu-ray)

Les Yeux de Feu (Blu-ray)

Rimini Editions continue d’éditer en Blu-ray des films d’horreur des années 70 et 80 qui sont trop longtemps restés au placard dans une magnifique collection. Dans le cas de Les Yeux de Feu, je ne le connaissais pas et la découverte fût succulente. J’ai toujours aimé les films d’horreur folklorique alors bilan de cette sortie Blu-Ray.

 

Ca parle de quoi ? 

1750. Un groupe de pionniers, dirigés par un révérend idéaliste, sont chassés de leur village, et partent s'installer dans une autre région inexplorée de l'Amérique du Nord. Ils s'y établissent, inconscients des épouvantables secrets qu'abritent les bois environnants. Une mystérieuse petite fille connait les menaces de la forêt et le destin horrible qui attend ceux qui se risqueront dans les bois...

Ca vaut quoi ?

L’horreur se nourrit souvent de l’inconnu, de l’étrange, de ces légendes enfouies dans les terres oubliées. Les Yeux de Feu s’inscrit dans cette tradition, en plongeant dans un XVIIIe siècle rarement exploré par le cinéma de genre. Un film qui alterne entre moments fascinants et passages plus maladroits, mais qui, malgré ses imperfections, réussit à créer une atmosphère unique. L’histoire se déroule en 1750, en pleine colonisation britannique de l’Amérique. Un pasteur et un groupe de fidèles, rejetés de leur communauté, se lancent à la recherche d’une terre où s’installer. 

 

Ce point de départ donne au film une approche presque historique, où l’horreur ne surgit pas immédiatement. Les premières scènes s’attardent sur la survie du groupe dans un environnement hostile : la nature, les tensions internes, le rejet de leur propre communauté… Un récit qui semble d’abord ancré dans le réalisme avant que le surnaturel ne s’infiltre progressivement. Ce basculement progressif est l’un des points les plus réussis du film. L’horreur ne surgit pas brutalement, elle s’immisce peu à peu, à travers des signes inquiétants disséminés dans la forêt, des avertissements laissés par les populations locales, ou encore cette vallée maudite où les colons décident, malgré tout, de poser leurs bagages. 

L’atmosphère devient plus lourde, et c’est là que Les Yeux de Feu commence à dévoiler son véritable visage. Avery Crounse, derrière la caméra, construit un film visuellement singulier. Certaines scènes sont superbes, capturant la beauté sauvage des forêts et des rivières, tout en y injectant une étrangeté subtile. D’autres moments, en revanche, manquent de maîtrise, et on sent parfois les limites du réalisateur dans la narration. Les effets spéciaux oscillent également entre réussite et approximation. Certaines images frappent par leur inventivité, comme ces arbres aux visages humains ou la transformation cauchemardesque d’un enfant en démon. 

 

D’autres éléments, en revanche, souffrent de leur exécution, trahissant le budget limité du film. Mais ce mélange d’imperfections et de fulgurances donne à Les Yeux de Feu une personnalité propre, une identité visuelle qui oscille entre poésie macabre et hallucination psychédélique. Le film s’inscrit dans une tradition du folk horror, ce genre où la nature et les croyances anciennes jouent un rôle central. Comme The Witch ou Midsommar, Les Yeux de Feu explore la confrontation entre la civilisation et les forces primitives. Ici, la sorcellerie n’est pas un simple prétexte à quelques scènes effrayantes : elle est au cœur du récit, ancrée dans le territoire que les colons cherchent à s’approprier.

La figure de la sorcière qui hante la vallée est particulièrement marquante. Contrairement aux représentations classiques, elle n’a pas d’apparence humaine. Son corps semble fait de racines et de terre, et son visage n’apparaît que pour vomir une bile verdâtre. Une créature sortie d’un cauchemar, à la fois fascinante et dérangeante. Difficile de classer Les Yeux de Feu parmi les grands classiques du genre, tant il est inégal dans son exécution. Mais il possède ce petit quelque chose qui intrigue, qui reste en tête après le visionnage. 

 

Son ambiance, son esthétique, ses choix narratifs parfois chaotiques mais audacieux, en font une œuvre qui mérite d’être découverte, ne serait-ce que pour son approche unique du folk horror. Avec une mise en scène plus maîtrisée et un budget plus conséquent, il aurait pu devenir un incontournable. Peut-être qu’un remake viendra un jour lui rendre justice. En attendant, il reste une curiosité à part, un film qui, malgré ses maladresses, a su capter l’essence d’une horreur enracinée dans le mystère et le folklore.

Et le Blu-ray ? 

Longtemps resté dans l’ombre, Les Yeux de Feu fait enfin son retour en Haute Définition grâce à Rimini Éditions. Invisible depuis des décennies, ce film de folk horror s’offre une seconde jeunesse avec une restauration de qualité et un coffret Blu-ray + DVD particulièrement soigné. Un bel hommage à un long-métrage trop souvent oublié Rimini Éditions ne fait pas les choses à moitié pour cette sortie. Les Yeux de Feu est proposé dans un Digipack trois volets, glissé dans un fourreau cartonné, un objet visuellement attrayant qui s’imposera facilement dans une collection. 

 

À l’intérieur, trois disques :

  • Un premier Blu-ray contenant le film dans sa version restaurée,
  • Un DVD avec la version standard,
  • Un second DVD proposant Crying Blue Sky, le premier montage du film, plus long et offrant une ambiance différente.

Un livret de 24 pages, écrit par Marc Toullec, accompagne le tout. Il revient sur la genèse du film, son réalisateur Avery Crounse et le contexte de production. Un ajout appréciable pour ceux qui aiment approfondir leur découverte.

L’édition Blu-ray bénéficie d’un master restauré en 1080p, et le résultat est remarquable. L’image est stable, propre et affiche des contrastes bien gérés. Les plans en extérieur gagnent en profondeur, et les détails ressortent particulièrement bien, notamment sur les costumes et les décors naturels. Quelques flous occasionnels subsistent, sans doute liés aux conditions de tournage, mais dans l’ensemble, le travail effectué est remarquable. La version longue Crying Blue Sky a également bénéficié d’une restauration en 2K, offrant une vision alternative du film avec un montage plus étendu et une approche plus contemplative.

 

Côté son, le film est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0, aussi bien en version originale qu’en version française. La bande-son de Brad Fiedel profite pleinement de ce mixage, apportant une ambiance immersive et parfois angoissante. La VO se démarque par une meilleure restitution des dialogues et une dynamique plus équilibrée, tandis que la VF, bien que correcte, montre quelques signes d’altération. En plus du livret, l’édition propose un entretien de 28 minutes avec Avery Crounse, réalisé en 2021. 

 

Il y partage son expérience sur le tournage, les contraintes budgétaires et sa vision du film. Un contenu intéressant qui permet de mieux comprendre les choix artistiques derrière Les Yeux de Feu. Grâce à ce travail de restauration, Les Yeux de Feu retrouve une place méritée dans l’histoire du folk horror. Son esthétique singulière et son atmosphère envoûtante ressortent avec une netteté nouvelle. Pour les amateurs du genre ou les curieux, cette édition Blu-ray est une belle occasion de redécouvrir un film qui aurait pu tomber dans l’oubli.

Caractéristiques techniques

SUPPLÉMENTS :

> Crying Blue Sky : la version longue et inédite du film en Vost

> Le secret repose dans les arbres (28 min), interview du réalisateur Avery Crounse par Stephen Thrower, historien du cinéma.

> Avery Crounse, entre deux mondes : livret de 24 pages conçu par Marc Toullec

Master Haute Définition - Durée : 1H23 (version cinéma) et 1h44 (version longue)

Langues : Français, Anglais Mono Dolby Audio (DVD) et DTS-HD (Blu-Ray)

Sous-titres : Français Titre VO : Eyes of Fire – Année de production : 1983

Combo Blu-Ray + 2 DVD disponible au prix public conseillé de 24,99 €

Une sortie de RIMINI ÉDITIONS

 

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