30 Mars 2025
Happy Face // Saison 1. Episode 3. Was It Worth It?
L’évolution d’une série repose souvent sur un équilibre subtil entre tension dramatique et progression narrative. Après deux premiers épisodes posant les bases du récit, l’épisode 3 de Happy Face, intitulé « Was It Worth It? », semble hésiter sur la direction à prendre. La complexité des personnages continue d’être explorée, notamment à travers Melissa (Annaleigh Ashford), mais l’attente d’une montée en intensité se fait sentir. Dès le début de cet épisode, Melissa poursuit son immersion dans une enquête personnelle qui l’éloigne progressivement de sa famille et de la réalité.
Son ambition et sa quête de vérité paraissent légitimes, mais ses méthodes soulèvent des interrogations. Entre manipulation et sincérité, la frontière devient floue. Ce qui rend cette dynamique encore plus troublante, c’est la manière dont Melissa rejette les techniques des producteurs et des médias tout en les adoptant à son propre compte. L’intention semble être différente, mais l’approche reste similaire. Cette contradiction alimente le récit, sans que Happy Face parvienne totalement à la justifier. L’absence prolongée de Keith Jesperson (Dennis Quaid) se fait ressentir.
Avec un antagoniste aussi imposant, limiter ses apparitions à quelques échanges téléphoniques cryptiques semble être un choix risqué. L’influence de Jesperson sur Melissa est indéniable, mais pour maintenir une tension réelle, le face-à-face entre père et fille devra s’intensifier. Pour l’instant, la série prend son temps, ce qui peut frustrer ceux qui attendent une montée en puissance plus rapide. L’attente de ces confrontations laisse un vide que d’autres personnages tentent de combler, avec plus ou moins de succès. Ivy (Tamera Tomakili) et Dr. Greg (David Harewood) insistent sur les talents d’investigatrice de Melissa, mais les actions de cette dernière ne justifient pas encore ces éloges.
Ses décisions semblent impulsives, souvent guidées par l’émotion plutôt que par une réelle méthode d’investigation. Le potentiel est là, mais il reste à voir si la série parviendra à l’exploiter de manière convaincante. En parallèle de son enquête, Melissa néglige progressivement sa famille. Son mari Ben (James Wolk) semble au bord de la rupture, et les interactions avec sa fille Hazel (Khiyla Aynne) deviennent de plus en plus conflictuelles. Hazel, en particulier, peine à trouver sa place dans ce récit. Son personnage, malgré son importance symbolique, souffre d’une écriture parfois trop appuyée.
Certaines scènes, comme celle où elle claque la porte après une dispute avec Melissa, manquent de subtilité. L’un des éléments les plus troublants de cet épisode réside dans le parallèle qui se dessine entre Melissa et son propre père. En s’absorbant totalement dans son enquête, elle répète des erreurs déjà commises par ses parents. Elle ne perçoit pas les signes d’alerte indiquant que Hazel pourrait, elle aussi, être aspirée dans une spirale néfaste. Cet aspect du récit ajoute une dimension psychologique intéressante, suggérant que l’héritage familial peut être plus insidieux qu’il n’y paraît.
Jusqu’ici, Happy Face s’est concentré sur un cercle restreint de personnages et d’intrigues. Cependant, pour maintenir l’intérêt sur le long terme, la série devra s’ouvrir à de nouveaux horizons. Les dernières minutes de l’épisode 3 laissent entrevoir un développement potentiel avec l’introduction du frère de Melissa. Cette arrivée pourrait offrir une nouvelle perspective et remettre en question certaines certitudes du personnage principal. Melissa se considère comme la seule à avoir véritablement souffert de l’héritage de son père.
Pourtant, si son frère apporte un point de vue différent, cela pourrait l’obliger à revoir ses positions et, peut-être, à prendre conscience des conséquences réelles de ses actes. Une évolution nécessaire pour éviter que son personnage ne devienne trop centré sur lui-même. Le dénouement de « Was It Worth It? » met Melissa face à une révélation brutale : ses informations personnelles sont divulguées sur internet. Une intrusion violente qui remet en question la manière dont elle s’est exposée médiatiquement. Cependant, sa réaction semble ancrée dans une époque révolue. À une ère où la vie privée est de plus en plus vulnérable, son choc face à cette situation paraît presque naïf.
Cette déconnexion entre son ressenti et la réalité actuelle affaiblit l’impact émotionnel de cette scène. Cela dit, cette révélation soulève une interrogation centrale : jusqu’où peut-elle aller sans perdre le contrôle ? La série semble suggérer que c’est son empathie qui lui permettra de résoudre l’affaire et de se démarquer de son père. Mais en parallèle, une autre question émerge : Hazel pourrait-elle, à son tour, être influencée par cet héritage familial ? L’épisode 3 continue d’explorer les thèmes clés de Happy Face : la manipulation, la quête de vérité et les répercussions des crimes sur les générations suivantes.
Mais pour maintenir l’intérêt, un sursaut narratif devient nécessaire. L’histoire repose encore trop sur ses personnages sans injecter l’action et le suspense attendus dans un thriller psychologique. La série dispose d’un potentiel narratif important, et cet épisode laisse entrevoir des pistes intéressantes pour la suite. Toutefois, l’attente d’un véritable tournant commence à peser. Si Happy Face veut pleinement convaincre, il faudra que les prochains épisodes franchissent une nouvelle étape en intensifiant les confrontations et en dynamisant le récit.
Note : 5/10. En bref, si cet épisode intensifie le drame, l’action reste à la traine.
Disponible sur Paramount+
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