Requiem for Selina (Saison 1, épisodes 1 à 3) : portrait glaçant de l’envers de la célébrité numérique

Requiem for Selina (Saison 1, épisodes 1 à 3) : portrait glaçant de l’envers de la célébrité numérique

Les trois premiers épisodes de Requiem for Selina dressent un portrait implacable de la célébrité numérique et de ses dérives. À travers le parcours de Selina, une jeune femme en quête de reconnaissance, la série explore la frontière trouble entre ambition, identité et autodestruction. Inspirée de faits réels, elle met en lumière les mécanismes implacables de l’influence sur internet et le prix parfois terrible à payer pour être vue. Le premier épisode plonge dans la naissance de Celina Isabelle, l’alter ego flamboyant que Selina crée pour se frayer une place sur la scène numérique. 

 

Requiem for Selina raconte comment Selina se perd dans sa quête de célébrité, d’affirmation et d’appartenance. Requiem pour son âme et lamentation narrative d’une jeune fille naïve et intimidée qui meurt quelque part en cours de route, en faveur de son alter ego Celina Isabelle, la plus grande blogueuse du pays. En tentant de se venger de ses bourreaux, Selina change accidentellement le monde. Voici l’histoire de la première blogueuse beauté au monde, inspirée de faits réels.

 

Issue d’une petite ville norvégienne, ignorée ou moquée par ses pairs, elle comprend rapidement que pour exister, elle doit être plus qu’elle-même. À travers un blog beauté, elle façonne une version idéalisée de sa personnalité, calibrée pour captiver l’attention. Ce n’est plus seulement Selina qui s’exprime, mais une construction soigneusement pensée pour provoquer admiration et jalousie. Son succès grandissant lui donne l’illusion de reprendre le contrôle sur son destin, mais en réalité, elle ne fait que céder davantage aux attentes de son public.

 

L’ambiance des années 2000 est restituée avec justesse : entre les survêtements en velours et les hits pop omniprésents, on retrouve l’excitation d’un internet encore en formation, où tout semble possible. Mais déjà, sous cette euphorie digitale, se dessinent les premiers pièges d’une célébrité toxique. Si le premier épisode raconte la création d’un personnage, le second montre comment Selina en devient prisonnière. Invitée à une émission de télévision, elle est confrontée à son propre reflet. À l’écran, elle ne voit pas la star qu’elle imaginait être, mais une version d’elle-même qu’elle juge imparfaite.

 

Déterminée à coller à l’image qu’elle projette en ligne, elle décide de subir une chirurgie esthétique radicale. Une transformation censée la rapprocher des icônes de la féminité ultra-formatée qu’elle admire. Mais l’opération tourne au cauchemar : elle fait deux arrêts cardiaques, frôle la mort, et ce corps qu’elle voulait perfectionner devient source de douleur et de fragilité. Cet épisode illustre avec une brutalité glaçante l’influence délétère des standards inatteignables imposés par les réseaux sociaux. Plus qu’un simple changement physique, cette transformation marque un point de non-retour. 

 

Selina ne peut plus faire marche arrière : son identité virtuelle l’a dévorée, et son existence réelle est désormais dictée par les exigences de son personnage. Le troisième épisode s’ouvre sur une mise en scène macabre : Selina orchestre sa propre mort. Submergée par les commentaires haineux, elle décide de transformer cette violence en spectacle ultime. Plutôt que de disparaître sous les insultes, elle choisit de contrôler le récit jusqu’au bout. Mais la série ne s’arrête pas à cette tragédie. Après cette introduction marquante, l’épisode explore une rencontre décisive : celle entre Selina et Johan. Ce personnage incarne un contrepoint à l’univers cynique qui l’entoure. 

 

Leur relation naissante amène une nouvelle dimension à l’histoire, une lueur d’humanité dans un récit jusqu’ici dominé par la brutalité du monde numérique. Johan voit en elle plus que son personnage, mais cela suffira-t-il à la ramener à la réalité ? Au-delà du destin individuel de Selina, Requiem for Selina pointe du doigt un phénomène toujours actuel. Derrière le prisme d’une époque révolue, la série éclaire les mécanismes qui, aujourd’hui encore, façonnent la célébrité sur les réseaux sociaux. L’exposition permanente, la quête de validation, la pression de l’apparence et la cruauté du public sont des réalités toujours présentes.

 

La série ne cherche pas à moraliser, mais expose les faits avec une précision glaçante. Selina n’est pas seulement une victime, elle est aussi l’architecte de son propre piège. Son ambition, son désir de revanche et sa soif d’attention la poussent à aller toujours plus loin. Mais à quel prix ? Les trois premiers épisodes plantent ainsi un décor fascinant et glaçant, où la frontière entre la réalité et la mise en scène s’efface progressivement. Selina voulait être reconnue, admirée, crainte peut-être. Mais la célébrité, lorsqu’elle repose sur une identité factice, peut rapidement devenir une prison dont on ne sait plus comment s’échapper.

 

Note : 9/10. En bref, les trois premiers épisodes plantent ainsi un décor fascinant et glaçant, où la frontière entre la réalité et la mise en scène s’efface progressivement. Un récit qui résonne parfaitement en 2025 à l’ère des réseaux sociaux. 

Présentée dans le cadre du Festival Séries Mania 2025

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos
delromainzika

Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog

Commenter cet article