24 Mars 2025
Les deux premiers épisodes de The German posent les bases d’une histoire où le passé et le présent s’entremêlent avec une tension qui ne faiblit jamais. Derrière une apparente tranquillité, les cicatrices de l’Histoire resurgissent pour bouleverser l’existence de ceux qui tentent de les enfouir. L’histoire débute dans un cadre paisible, loin du tumulte des événements qui ont marqué l’Europe quelques décennies plus tôt. Uri et Anna, couple soudé par une histoire douloureuse, ont refait leur vie en Israël. Ils ont tourné la page ou, du moins, s’efforcent de le faire.
À la suite de leur rencontre juste après la Seconde Guerre mondiale, un homme et une femme qui ont tout perdu, finissent par tomber amoureux. 25 ans plus tard, Uri et Anna continuent de s’aimer. Dans un kibboutz au bord de la mer de Galilée où ils se sont installés et ont fondé une famille, ils mettent tout en œuvre pour oublier leur passé de survivants de l’Holocauste. Mais lorsque le Mossad recrute Uri pour une mission dangereuse en Allemagne, les souvenirs refont surface et viennent fissurer l’union si parfaite, tandis qu’une terrible suspicion s’installe chez Anna. Parallèlement l’un à l’autre, ils s’embarqueront dans un voyage secret qui bouleversera leur vie et dont ils ne pourront plus se défaire.
Leur quotidien est simple, rythmé par la vie du kibboutz qu’ils ont rejoint après la guerre. Mais si l’on peut s’éloigner physiquement des lieux d’un drame, il est bien plus difficile d’échapper aux souvenirs. L’équilibre que le couple s’est construit vacille brutalement lorsque Uri est approché pour une mission en Allemagne. Son engagement, en apparence inévitable, agit comme un détonateur. Ce voyage, qui le ramène sur les terres de son passé, met en lumière des blessures jamais refermées et entraîne une série de doutes et de questionnements.
Jusqu’ici, Uri et Anna formaient une unité solide, bâtie sur la confiance et la compréhension mutuelle. Mais dès que le secret s’installe, cette relation vacille. Anna perçoit rapidement que quelque chose a changé. Plus qu’une simple absence, c’est un trouble profond qui s’insinue dans son quotidien. Le silence d’Uri en dit bien plus qu’il ne le voudrait. À mesure que l’intrigue avance, une dualité s’installe : tandis qu’Uri plonge dans une mission dont on ignore encore tous les enjeux, Anna se lance dans sa propre quête. L’Allemagne, qu’ils avaient pourtant laissée derrière eux, revient au centre de leurs préoccupations.
Chacun, à sa manière, cherche des réponses qui pourraient tout remettre en question. Dès les premières images, la série prend le parti de ne pas trop en dire. Les scènes, parfois silencieuses, laissent le spectateur interpréter les émotions des personnages. Ce choix de réalisation, loin d’être un simple artifice, renforce l’impact des moments de tension. Le cadre du kibboutz, avec sa lumière douce et ses paysages apaisants, contraste avec l’atmosphère pesante qui s’installe progressivement. L’Allemagne, en opposition, est filmée avec une froideur qui accentue le malaise grandissant.
Ce jeu sur les ambiances permet de ressentir le décalage entre le passé et le présent, entre ce que les personnages ont fui et ce vers quoi ils se dirigent malgré eux. Contrairement aux œuvres qui choisissent un rythme effréné dès les premières minutes, The German prend le temps d’installer ses enjeux. La narration s’appuie sur des détails, des regards, des non-dits. Ce choix peut surprendre, mais il donne de la profondeur aux personnages. Chaque réaction, chaque hésitation semble pesée, réfléchie. Ce qui se joue ici n’est pas simplement une mission d’espionnage ou une intrigue politique.
Il s’agit d’une réflexion sur la mémoire, sur l’impact du passé et sur la manière dont il façonne les relations. Les deux premiers épisodes ne livrent pas toutes les clés, mais c’est précisément ce qui intrigue. Avec ces deux épisodes, The German pose les bases d’un récit à la fois intime et universel. Entre drame personnel et tension historique, la série joue sur plusieurs niveaux de lecture et ne cherche pas à livrer immédiatement toutes ses réponses. Reste à voir comment l’intrigue évoluera, mais une chose est certaine : cette histoire, une fois entamée, ne s’oublie pas facilement.
Note : 6.5/10. En bref, The German pose les bases d’un récit à la fois intime et universel. Entre drame personnel et tension historique, la série joue sur plusieurs niveaux de lecture et ne cherche pas à livrer immédiatement toutes ses réponses.
Présentée dans le cadre du Festival Séries Mania 2025
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