Wingspan (Mini-séries, 3 épisodes) : exploration intime du fantastique en huis clos 

Wingspan (Mini-séries, 3 épisodes) : exploration intime du fantastique en huis clos 

Dans un univers où le surnaturel s’invite dans le quotidien, Wingspan propose une immersion singulière à travers le regard d’une psychothérapeute confrontée à des patients hors du commun. La série s’articule autour de Sadia Durandt, une jeune femme qui cherche à s’émanciper de son passé en embrassant une spécialité peu conventionnelle : le suivi psychologique de ceux qui ont la faculté de voler. À travers trois épisodes denses et maîtrisés, Wingspan explore les tourments intérieurs de ses personnages tout en interrogeant la notion de liberté et de délivrance.

 

Dans un gratte-ciel offrant une vue panoramique sur une métropole énigmatique, la jeune Sadia Durandt exerce son métier de psychothérapeute. Résolue à s’émanciper de la carrière de son beau-père et à affronter un traumatisme familial non résolu, elle choisit une nouvelle spécialité: le traitement des personnes capables de voler. Au sens propre.

 

L’essence même de Wingspan repose sur un contraste permanent entre l’intimité du cabinet de Sadia et l’immensité de la ville qui s’étend au-delà des grandes baies vitrées de son gratte-ciel. Ce choix visuel renforce l’opposition entre l’enfermement psychologique des patients et l’horizon infini qu’offre leur capacité à s’élever dans les airs. Les échanges entre la thérapeute et ses patients constituent le cœur du récit. La mise en scène privilégie des plans serrés, capturant chaque hésitation, chaque regard fuyant, chaque silence chargé de sens. 

 

Cette approche renforce la tension dramatique, donnant l’impression que chaque séance est une confrontation où les personnages, y compris Sadia elle-même, se livrent autant qu’ils se cachent. Chaque épisode de Wingspan apporte une pierre supplémentaire à l’édifice narratif. La série se construit progressivement, révélant au fil des consultations les blessures profondes qui lient Sadia à son propre passé. Le premier épisode sert d’introduction : il plante le décor et présente les enjeux. La jeune femme s’installe dans son cabinet, accueillant ses premiers patients avec une curiosité teintée de prudence. Le deuxième épisode s’attarde davantage sur la nature des troubles qui affectent ces individus capables de défier la gravité.

 

Le vol n’est pas ici un simple don, mais une métaphore des fardeaux que chacun porte. Certains s’accrochent à leur capacité comme à une échappatoire, tandis que d’autres en sont prisonniers, incapables d’en maîtriser les implications psychologiques. Le troisième épisode, le plus marquant, vient conclure ce cycle avec une intensité émotionnelle plus forte. À travers l’histoire d’un jeune homme dont le pouvoir est autant une bénédiction qu’un fardeau, Wingspan touche du doigt une vérité plus universelle : la difficulté d’accepter ce qui nous rend unique et la peur d’être consumé par nos propres particularités.

 

Loin d’un simple exercice de style, la série joue avec l’image et le rythme pour enrichir son récit. La photographie, à la fois sobre et évocatrice, accentue le sentiment de flottement qui imprègne l’histoire. L’éclairage tamisé du cabinet contraste avec la luminosité éclatante des scènes en extérieur, soulignant l’opposition entre introspection et désir d’évasion. Le montage, lui, alterne entre séquences contemplatives et dialogues incisifs. Cette approche permet d’instaurer des ruptures de ton, parfois surprenantes, qui maintiennent l’attention du spectateur tout en évitant une linéarité trop prévisible.

 

Au-delà de son aspect fantastique, Wingspan aborde des thématiques profondément humaines. Loin de se focaliser uniquement sur l’aspect surnaturel de son postulat, la série s’intéresse aux répercussions psychologiques et émotionnelles de cette faculté de voler. À travers le parcours de ses personnages, elle questionne la notion de liberté et les limites que l’on s’impose soi-même. Faut-il voir ces capacités comme une malédiction ou une opportunité ? L’envol symbolise-t-il une émancipation ou un éloignement du monde réel ? Ces interrogations, subtilement distillées, donnent une profondeur supplémentaire au récit.

 

Avec seulement trois épisodes, Wingspan adopte un format concis qui évite les longueurs inutiles. Chaque moment est pensé pour servir l’histoire, sans digressions superflues. Ce choix permet d’instaurer un rythme maîtrisé où chaque échange a son importance. Si la brièveté de la série peut laisser un goût d’inachevé, elle renforce aussi son impact. L’essentiel est dit en peu de temps, laissant place à l’interprétation et à la réflexion. Cette approche correspond à l’univers de la série : mystérieux, intrigant, et surtout, profondément introspectif.

 

En combinant une mise en scène soignée, une écriture nuancée et une atmosphère unique, Wingspan propose une incursion réussie dans un univers où le surnaturel sert de prétexte à une réflexion plus large sur l’identité et l’acceptation de soi. Loin des codes classiques du fantastique, la série mise sur la subtilité et l’émotion pour captiver son audience. À travers ses trois épisodes, elle démontre qu’il n’est pas nécessaire de s’étendre sur des heures pour créer une œuvre qui résonne. Une proposition à la fois intime et ouverte sur l’infini, où chaque battement d’aile porte en lui une part de vérité.

 

Note : 7/10. En bref, en combinant une mise en scène soignée, une écriture nuancée et une atmosphère unique, Wingspan propose une incursion réussie dans un univers où le surnaturel sert de prétexte à une réflexion plus large sur l’identité et l’acceptation de soi.

Présentée dans le cadre du Festival Séries Mania 2025

 

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