Critiques Séries : Happy Face. Saison 1. Episode 5.

Critiques Séries : Happy Face. Saison 1. Episode 5.

Happy Face // Saison 1. Episode 5. Don’t Dream.

 

La série Happy Face continue son chemin avec un cinquième épisode, intitulé « Don’t Dream », qui ralentit le rythme de manière significative. Le sentiment qui domine après visionnage est celui d’un léger essoufflement, comme si l’intrigue peinait à trouver un second souffle malgré des enjeux pourtant clairs. L'épisode recentre l'action autour de l’affaire Elijah, au détriment d'autres dynamiques narratives qui avaient jusque-là tenu en haleine. Le personnage d’Elijah a toujours suscité un certain intérêt, autant par la gravité de son histoire que par le traitement réservé à son cas. 

 

Pourtant, ici, cette intrigue devient un terrain d’aller-retour sans réelle avancée. Le binôme Melissa–Ivy tente d’assembler les pièces du puzzle, mais chaque progression semble aussitôt annulée par un nouveau contretemps. Cette sensation de piétinement étire le récit et finit par ternir l’impact émotionnel de l’affaire. D’autant plus que Keith, dont la simple présence suffisait à maintenir un certain degré de tension, est désormais en retrait. Ses interventions se font rares et manquent d’intensité. Il devient presque un figurant dans son propre drame, ce qui affaiblit considérablement la menace qu’il incarnait au départ.

Melissa commence l’épisode dans une posture plus affirmée. Sa confrontation avec Keith et la découverte d’un élément clé dans l’enquête semblaient ouvrir une nouvelle phase dans son parcours. Pourtant, une fois rentrée chez elle, le doute s’installe. Que se passera-t-il si l’affaire trouve enfin une issue ? Quelle place pourra-t-elle encore occuper dans un monde débarrassé de cette mission qui l’obsède ? Ce retour au domicile familial est chargé de tensions à peine voilées. Son mari devient de plus en plus étranger à cette femme qu’il ne reconnaît plus, tandis que ses enfants, surtout Hazel, s’enfoncent dans une zone trouble.

 

L’impression que Melissa sacrifie petit à petit sa vie personnelle au profit d’une vérité toujours plus floue prend de l’ampleur. La question de son implication ne se pose plus : elle est déjà trop profondément engagée pour faire machine arrière. Hazel devient un point d’attention majeur dans cet épisode. Son isolement émotionnel, son mal-être, et surtout son lien qui se tisse doucement avec Keith, provoquent un malaise grandissant. Difficile de croire qu’une adolescente, même en quête de repères, puisse nouer un lien avec un homme comme lui, mais Happy Face choisit de s’aventurer sur ce terrain glissant.

Ce choix scénaristique est risqué. Il met en lumière des mécaniques psychologiques complexes, mais il pousse aussi Hazel à devenir un simple levier narratif. Sa relation avec Keith sert avant tout à accroître la tension dramatique, au risque d’appauvrir la subtilité de son personnage. L’épisode prend aussi le temps de pointer les limites du système judiciaire. Ce n’est pas nouveau dans la série, mais ici, l’angle se précise : l’histoire d’Elijah et de sa sœur Joyce révèle les injustices structurelles qui dépassent le simple cas individuel. 

 

Des flashbacks ponctuent le récit pour installer une connexion émotionnelle plus directe avec ce duo. Cependant, malgré ces tentatives, il reste difficile de s’attacher pleinement à eux. Le récit, trop focalisé sur l’aspect symbolique de leur histoire, oublie d’en faire des personnages à part entière. La série semble vouloir sortir du cadre du « true crime » classique pour interroger des problématiques plus larges : exploitation médiatique, criminalisation des innocents, pouvoir de l’image. Mais cette ambition peine à se concrétiser de manière fluide. À force de vouloir embrasser trop de sujets, l’émotion finit par se diluer.

L’épisode introduit une évolution importante avec le personnage du procureur Craig. Jusqu’ici discret, presque en retrait, il devient ici un obstacle direct, incarnant les compromissions d’un système qui protège ses propres intérêts. Face à lui, Melissa semble prête à continuer le combat, mais le ton est différent : il n’est plus question seulement de vérité, mais de rétablir une forme de justice plus large. Craig ne possède ni le charisme ni la perversité de Keith, mais son rôle antagoniste prend de l’ampleur dans cet épisode. L’un des fils rouges les plus intéressants de cet épisode reste la question de l’exploitation. 

 

Qu’elle soit médiatique, émotionnelle ou judiciaire, elle est omniprésente. Melissa veut aider Elijah, mais utilise malgré elle son histoire pour nourrir le podcast et toucher une audience plus large. Ce paradoxe traverse l’épisode : aider, oui, mais à quel prix ? Même Ivy, pourtant plus mesurée, participe à cette dynamique. Et dans tout cela, Melissa n’échappe pas aux mêmes travers que ceux qu’elle dénonce. Son propre récit devient un produit consommable. Les images, les sons, les témoignages : tout est mis en boîte, prêt à être diffusé. Même ses enfants, ses proches, sont impliqués malgré eux. La frontière entre vérité et narration se brouille un peu plus à chaque épisode.

À ce stade de la série, un schéma répétitif commence à s’installer. L’opposition mère-fille, les confrontations entre Melissa et Keith, les révélations progressives de l’enquête : tout cela fonctionne, mais l’impact s’amenuise. Chaque situation semble faire écho à une autre déjà vue. L’enjeu émotionnel reste, mais la surprise s’estompe. Le personnage de Melissa, en particulier, commence à montrer ses limites. Elle oscille entre contrôle et vulnérabilité, mais sans réel renouveau. Le masque craque, mais sans conséquences tangibles. La tension avec Hazel devient alors le cœur palpitant de la série, bien plus que l’enquête elle-même. Ce lien toxique entre la petite-fille et le grand-père concentre les enjeux les plus inquiétants. 

 

Si Melissa cherche à prouver qu’elle n’est pas Keith, Hazel semble de plus en plus prête à lui ressembler. L’écho entre leurs trajectoires est assumé, mais l’effet devient redondant. Un autre thème commence à émerger dans cet épisode : l’attrait de la reconnaissance. Keith l’a toujours poursuivie. Et plus les épisodes avancent, plus Melissa semble succomber à cette même fascination. Sa détermination est sincère, mais elle n’est pas exempte de vanité. L’idée de faire tomber le procureur, de gagner en visibilité, de raconter son histoire : tout cela résonne comme une quête de légitimité. Une manière de prendre le pouvoir sur un passé qui lui a échappé.

Hazel, elle aussi, montre des signes de cette attirance pour ce que représente Keith : la transgression, la notoriété, la puissance. Cela ne fait qu’ajouter une dimension plus tragique à leur relation. Deux générations, deux manières de chercher à exister, mais une même blessure à l’origine : celle d’avoir été façonnées par un homme qui a tout détruit autour de lui. Malgré un rythme en baisse et une certaine redondance, l’épisode « Don’t Dream » prépare doucement le terrain pour un basculement. Le point de rupture entre Melissa et Hazel semble imminent. L’enquête pourrait enfin sortir de sa boucle d’inefficacité. 

 

Et la série pourrait choisir de s’éloigner des figures imposées du genre pour explorer une vraie descente psychologique dans les dynamiques familiales toxiques. Reste à savoir si Happy Face aura le courage d’aller au bout de ses contradictions. Le potentiel est là, les bases aussi. Mais pour que les épisodes suivants regagnent en intensité, il faudra que les personnages cessent de tourner en rond et que la série assume davantage ce qu’elle cherche à dire. L’heure n’est plus à l’ambiguïté, mais à la confrontation.

 

Note : 4.5/10. En bref, un épisode qui donne l’impression que la série tourne en rond. 

Disponible sur Paramount+

 

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