Critiques Séries : Matlock. Saison 1. Episode 16.

Critiques Séries : Matlock. Saison 1. Episode 16.

Matlock // Saison 1. Episode 16. The Johnson Case.

 

Après une petite pause, Matlock est revenu cette semaine avec un épisode dense, bien rythmé, et surtout, riche en tensions personnelles et révélations inattendues. C’est le genre d’épisode qui incarne bien ce que j’aime dans cette série : une enquête qui résonne avec les dilemmes intimes de Matty, des méthodes peu orthodoxes mais efficaces, et une conclusion qui vient tout remettre en question. Un épisode qui fait avancer l’histoire tout en remettant en cause nos certitudes. Le cœur de l’épisode repose sur une affaire judiciaire vieille de deux décennies : celle d’Eugene Molina, un ancien portier condamné pour le meurtre d’une locataire sans preuves solides ni mobile clair. 

 

C’est Amina Sloane, une ancienne camarade de fac d’Olympia devenue avocate commise d’office, qui relance l’affaire. Elle vient chercher du soutien auprès d’Olympia, admirative de ses récentes victoires en justice et de son retour à des affaires à portée sociale. C’est Isabel Sanchez, une jurée de l’époque, qui est à l’origine de cette remise en question tardive. Rongée par la culpabilité, elle est convaincue que Molina a été condamné à tort, mais n’a jamais réussi à faire entendre sa voix lors du procès. Elle veut aujourd’hui réparer ce qu’elle considère comme une erreur irréparable.

Matty, fidèle à elle-même, réagit d’abord avec froideur. Pour elle, rester silencieuse pendant vingt ans, c’est être complice. Elle juge durement Isabel, incapable d’accepter que l’on ait pu se laisser intimider par un autre membre du jury, aussi autoritaire soit-il. Cette rigidité morale, on la connaît bien. Elle revient souvent dans la série. C’est ce qui la rend attachante, mais aussi frustrante. Ce qui est intéressant ici, c’est que Matty finit par être confrontée à une réalité qu’elle n’avait pas envisagée : celle d’une femme immigrée, racisée, réduite au silence dans un système où l’autorité blanche masculine domine encore trop souvent. 

 

Cette prise de conscience crée une brèche dans sa vision manichéenne. Isabel devient, pour elle, bien plus qu’une jurée passive : elle incarne toutes ces voix qui ont appris à se taire par réflexe de survie. Après plusieurs épisodes où Matty semblait en retrait, ici elle reprend pleinement sa place. Elle est à l’origine de plusieurs avancées clés dans l’enquête. D’abord, elle réussit à redonner un peu d’élan à Gene Molina, qui s’est depuis longtemps résigné à finir sa vie derrière les barreaux. Grâce à des questions bien ciblées et à une écoute sincère, elle l’encourage à revisiter certains souvenirs restés flous.

Ces indices permettent de remonter jusqu’à un autre suspect, que Matty parvient habilement à pousser à fournir un échantillon d’ADN. Celui-ci ne correspond pas, mais cette manœuvre permet de relancer l’analyse d’anciens échantillons, lesquels révèlent un lien génétique avec un ex-caterer de l’immeuble, décédé depuis. L’affaire prend alors une nouvelle tournure : Molina n’est pas coupable. La vérité, cette fois, semble pouvoir être rétablie. L’un des aspects que j’ai trouvé les plus intéressants dans cet épisode, c’est la manière dont il critique en creux la structure même de la justice. 

 

Le cas Molina montre combien le système peut échouer quand il accorde une confiance aveugle aux autorités — policiers, procureurs, jurés dominants — au détriment d’une vraie recherche de la vérité. Olympia réussit à rouvrir l’affaire via une astuce juridique un peu bancale : une plainte d’Isabel contre le chef de jury pour détresse émotionnelle. Si cette manœuvre semble tirée par les cheveux, elle met en lumière la créativité nécessaire quand le système est verrouillé. Elle souligne aussi à quel point les voix marginalisées sont souvent ignorées — jusqu’à ce que quelqu’un force les portes.

Cet épisode est aussi un moment charnière dans la relation entre Matty et Olympia. Pendant une grande partie de la saison, leur amitié a été mise à mal par les soupçons de Matty concernant l’affaire Wellbrexa. Mais ici, Edwin découvre une information capitale : Olympia plaidait une autre affaire au moment précis où les documents compromettants ont disparu. Elle ne pouvait donc pas être celle qui les a fait disparaître. Matty commence à relâcher sa méfiance. Pour la première fois depuis longtemps, elle se laisse aller à renouer un lien sincère avec son amie. 

 

Ce rapprochement est renforcé par les parallèles entre Isabel et Emmalyn Belvin, la lanceuse d’alerte de Jacobson-Moore. Matty, touchée par l’histoire d’Isabel, commence à voir Mrs. B sous un jour nouveau. Mais le répit sera de courte durée… L’épisode se termine sur une scène d’une grande efficacité. Alors que Matty s’apprête à monter dans sa voiture comme à son habitude, elle trouve Olympia qui l’attend avec une simple question : “Qui êtes-vous, Madeline Matlock ?” Ce moment fonctionne parce que tout y est : la tension accumulée, les doutes, les indices laissés çà et là. 

Olympia a finalement découvert la vérité. Elle a remonté la piste jusqu’à Matty grâce à une plaque d’immatriculation, transmise en toute discrétion par Amina. Tout s’éclaire. Même les moments de complicité passés prennent une teinte plus acide à la lumière de cette révélation. Ce que l’épisode réussit particulièrement bien, c’est à faire écho au comportement ambivalent de Matty tout au long de la saison. Elle s’est souvent présentée comme l’outsider sincère, celle qui défend la vérité coûte que coûte. Mais dans sa croisade, elle n’a pas hésité à manipuler, mentir, et même menacer — y compris un chien, ce qui reste franchement discutable.

 

Son comportement avec Emmalyn Belvin dans cet épisode frôle le harcèlement. Plutôt que de révéler sa véritable identité, elle choisit de l’appeler en masquant sa voix, de jouer avec elle, de la pousser dans ses retranchements. Ce choix narratif laisse un goût amer, car il semble en décalage avec la bienveillance que Matty affiche dans d’autres situations. Avec cette confrontation finale entre Olympia et Matty, la série atteint un tournant. La confiance est rompue. Le masque est tombé. Reste à savoir ce que chacune fera de cette vérité. Est-ce que Matty va reconnaître ses torts ? 

 

Est-ce qu’Olympia pourra entendre les raisons derrière le mensonge ? Rien n’est moins sûr. Ce qui est certain, c’est que Matlock continue d’interroger les rapports de pouvoir, les silences imposés, et les chemins parfois tordus vers la justice. L’épisode 16 n’apporte pas toutes les réponses, mais il pose avec justesse les questions qui comptent. Et c’est peut-être là sa plus grande réussite.

 

Note : 8/10. En bref, Matlock est revenue avec un épisode dense, bien rythmé, et surtout, riche en tensions personnelles et révélations inattendues. C’est le genre d’épisode qui incarne bien ce que j’aime dans cette série. Le twist final est parfait. 

Prochainement en France

 

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