Ghosts: Fantômes en Héritage (Saison 1, 6 épisodes) : une adaptation française à oublier ?

Ghosts: Fantômes en Héritage (Saison 1, 6 épisodes) : une adaptation française à oublier ?

Après la série originale britannique Ghosts (5 saisons) et le remake américain Ghosts (US) réussi (qui en est actuellement à la 4ème saison sur CBS), il fallait bien s’attendre à ce que quelqu’un saute sur l’occasion d’adapter une nouvelle fois la série dans un autre pays. C’est Disney+ et TF1 qui s’y collent en France avec Ghosts: Fantômes en Héritage et ils auraient dû se retenir de le faire. Dès les premières minutes de Ghosts : Fantômes en Héritage, une évidence s'impose : cette série n'arrive jamais à faire décoller son concept. Inspirée de la sitcom britannique Ghosts, cette version française peine à trouver son propre souffle.

 

Une bande de fantômes cohabite tant bien que mal dans le château de Mérudeaux. Leur "paisible mort" est perturbée le jour où Alison et Nabil, un couple qui vient d’hériter du lieu, débarque avec la ferme intention de le transformer en hôtel.

 

En six épisodes, la série donne l'impression de chercher désespérément ce qui aurait pu en faire une vraie réussite. À mes yeux, malgré quelques rares éclairs de bonne volonté, c’est une adaptation ratée, voire inutile. Il faut être honnête : l’idée de départ fonctionne. Une jeune femme hérite d’un vieux château et découvre qu’il est hanté par une galerie de fantômes hauts en couleur, prisonniers des lieux où ils sont morts. Ce pitch, qui permettait de mélanger comédie, satire sociale et fantastique, avait largement de quoi séduire. 

 

La version originale britannique, avec son humour absurde, son écriture intelligente et son attachement aux personnages, avait su créer une série rafraîchissante et étonnamment touchante. Mais ici, la transposition à la française tourne court. L’énergie n’est pas la même, le ton non plus. Et surtout, l’exécution laisse franchement à désirer. Si je devais sauver un élément de cette adaptation, ce serait Camille Chamoux. Elle incarne Alison, l’héroïne centrale, avec une vraie sincérité. Elle est drôle sans en faire trop, parvient à rendre crédible une situation absurde, et donne un minimum de relief à cette série qui en manque cruellement. 

 

Elle joue juste, elle y croit, et son enthousiasme transparaît. Le problème, c’est qu’elle semble porter le tout à bout de bras. Et elle est malheureusement bien seule dans cet effort. Son partenaire à l’écran, Hafid F. Benamar, se contente d’un rôle qui frôle la caricature – celui du mari largué, parfois drôle, souvent transparent. Quant au reste du casting, difficile de ne pas sentir un cruel déséquilibre dans le jeu, parfois même une gêne palpable. Les fantômes, censés être l’élément central de la série, sont ici fades et mal exploités. Le général gaulliste, le Cro-Magnon, l’ancienne aristocrate ou encore l’énarque mort en slip : tous sont réduits à des clichés un peu poussifs, aux interactions trop peu développées. 

 

Les dialogues ne les aident pas, tout comme la mise en scène, qui échoue à tirer profit de leur potentiel comique. Dans les versions britanniques ou américaines, ces personnages secondaires finissent par être le cœur battant de la série. On apprend à les connaître, à les aimer, malgré leurs défauts. Ici, ils peinent à exister. On les subit plus qu’on ne les découvre, et ils n’apportent pas grand-chose à l’intrigue, si ce n’est quelques scènes maladroites qui tombent souvent à plat. Faire rire avec des morts, ça peut fonctionner. Encore faut-il trouver le bon équilibre entre le loufoque, l’absurde et l’attachement émotionnel. Dans Ghosts : Fantômes en Héritage, l’humour semble hésiter entre plusieurs tons. 

 

Par moments, on tente le burlesque – avec des gags prévisibles, comme une chute à travers le plancher – et à d’autres, un humour plus décalé, qui n’aboutit jamais vraiment. La faute, selon moi, à une écriture plate, qui se contente de suivre le canevas des versions étrangères sans jamais se l’approprier. C’est peut-être ce qui m’a le plus frustré dans cette saison : l’impression de regarder une copie scolaire, appliquée mais sans âme. Les blagues ne font pas mouche, les situations absurdes semblent forcées, et les dialogues sont parfois tellement plats qu’on se demande s’il ne manque pas quelques scènes au montage.

 

En six épisodes, on aurait pu s’attendre à un tempo bien maîtrisé. Or, la série semble constamment hésiter entre format sitcom et feuilleton. Résultat : un rythme inégal, des scènes qui traînent en longueur, et des épisodes qui ne laissent aucun impact. Côté réalisation, même constat. Le traitement des fantômes (présents uniquement pour l’héroïne) devrait être un ressort comique et visuel essentiel. Pourtant, la mise en scène ne parvient jamais à jouer intelligemment de ce décalage. C’est souvent confus, jamais inventif. Le montage manque de nervosité, et les transitions sont trop souvent plates. Bref, la forme ne vient jamais compenser les faiblesses du fond.

 

Ce qui me dérange profondément avec cette version, c’est qu’elle n’apporte rien de nouveau. Adapter une série déjà existante, surtout lorsqu’elle est récente et facilement accessible, peut se justifier… si l’adaptation propose un regard différent, une touche locale, une réinvention. Ici, la série française s’inscrit dans un mimétisme quasi total, sans la moindre prise de risque. Pire : certains choix affaiblissent encore le matériau d’origine. Par exemple, la fusion de deux personnages historiques en un seul affadit totalement le personnage, le rendant beaucoup moins pertinent dans son rapport avec l’héroïne. 

 

On perd une dimension temporelle, une connivence générationnelle, et surtout beaucoup d’humour potentiel. Ce que je retiens de cette saison 1, c’est un manque flagrant de personnalité. À vouloir coller au modèle étranger, la série se perd dans une imitation sans conviction. Elle ne parvient pas à parler de la France, de son histoire, de ses fantômes – au sens propre comme au figuré. Elle pourrait être drôle, pertinente, ancrée dans un imaginaire local. Mais elle reste générique, tiède, oubliable. Et c’est d’autant plus dommage que le potentiel était là. 

 

Le format court, les décors du château, le mélange des époques, tout cela aurait pu aboutir à quelque chose de mordant et d’original. Mais à aucun moment la série ne prend son envol. Je ne vais pas faire comme si tout était à jeter. L’épisode 2 sort un peu du lot, en proposant un équilibre plus réussi entre intrigue et humour. Quelques dialogues bien sentis surgissent ici ou là, et certains acteurs secondaires parviennent parfois à s’arracher à la médiocrité ambiante. Monsieur Poulpe, malgré un rôle caricatural, a au moins le mérite de s’amuser. Fred Testot, dans une scène ou deux, retrouve un peu de son énergie d’antan. Mais ces éclaircies sont trop rares pour sauver l’ensemble.

 

Inévitablement, cette série invite à la comparaison. Et ce n’est pas à son avantage. La version britannique reste largement supérieure : plus drôle, plus fine, plus inventive. La version américaine, bien qu’un peu plus grand public, offre au moins une meilleure dynamique entre les personnages et une réalisation plus solide.

Ici, la version française ressemble à un projet de fin d’études avec de bons moyens, mais mal encadré. L’écriture ne suit pas, la direction d’acteurs est flottante, et l’ensemble manque cruellement d’ambition. Honnêtement, je reste sceptique. À moins d’un changement de cap radical, je ne vois pas comment cette série pourrait évoluer de manière satisfaisante. 

 

Il faudrait un vrai travail de fond sur l’écriture, sur les personnages, sur le ton. Il faudrait oser s’éloigner de la version originale pour créer quelque chose d’unique, d’authentique. Mais si la suite se contente de recycler les intrigues des versions précédentes avec le même manque d’originalité, je ne vois pas l’intérêt. Surtout quand les deux autres versions restent disponibles sur les plateformes, et offrent une expérience bien plus agréable. Ghosts : Fantômes en Héritage aurait pu être une belle surprise. Une série française capable de revisiter un concept étranger avec humour, personnalité et finesse. Mais cette saison 1 n’est rien de tout cela. Elle est terne, bancale, mal écrite, et ne parvient jamais à justifier son existence.

 

Camille Chamoux mérite mieux. Le public aussi. En attendant une hypothétique saison 2 qui aurait compris ses erreurs, je ne peux que recommander à celles et ceux qui aiment les fantômes rigolos de se tourner vers la version britannique. Ou, à la rigueur, vers l’adaptation américaine. Cette version française ? À oublier. Sauf si vous aimez les châteaux… et les occasions manquées.

 

Note : 3.5/10. En bref, Ghosts : Fantômes en Héritage aurait pu être une belle surprise. Une série française capable de revisiter un concept étranger avec humour, personnalité et finesse. Mais cette saison 1 n’est rien de tout cela. Elle est terne, bancale, mal écrite, et ne parvient jamais à justifier son existence.

Disponible sur Disney+, prochainement sur TF1

 

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