Sauvages (Blu-ray)

Après l’excellent Ma vie de Courgette qui avait été récompensé du César du meilleur film d’animation en 2017, Claude Barras est revenu l’an dernier avec Sauvages. Ce conte familial et écologique n’a peut-être pas fait beaucoup parler lors de sa sortie au cinéma mais grâce à Blaq Out, il trouve une seconde vie en Blu-Ray et DVD. Retour sur le Blu-ray édité par Blaq Out.

Ca parle de quoi ?

À Bornéo, à la lisière de la forêt tropicale, Kéria recueille un bébé orang-outan trouvé dans la plantation de palmiers à huile où travaille son père. Au même moment Selaï, son jeune cousin, vient trouver refuge chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille nomade aux compagnies forestières. Ensemble, Kéria, Selaï et le bébé singe luttent contre la destruction de la forêt ancestrale, plus que jamais menacée. Mais pour Kéria, ce combat sera aussi l’occasion de découvrir la vérité sur ses origines.

Ca vaut quoi ?

Avec Sauvages, Claude Barras revient sur le devant de la scène du cinéma d’animation, après l’émouvant Ma vie de Courgette. Ce nouveau long-métrage en stop motion plonge le spectateur au cœur de la forêt tropicale de Bornéo, dans une aventure visuellement bluffante, mais au récit parfois inégal. À travers cette fable engagée, le réalisateur suisse poursuit son exploration de sujets sensibles, en mettant cette fois en lumière l'urgence écologique. Dès les premières minutes, Sauvages nous séduit par la richesse de son univers graphique. 

La stop motion, technique artisanale rare à l’ère des productions numériques standardisées, confère une texture unique au film. Les personnages, les décors, la faune luxuriante : tout semble palpiter d'une vie réelle, presque tangible. L’attention portée aux détails est remarquable, qu’il s’agisse du bruissement des feuilles ou des regards des personnages. Le choix de l’animation image par image n’est pas anodin. Il symbolise à lui seul une forme de résistance artistique face à l’uniformisation industrielle du cinéma. Cette esthétique minutieuse s’aligne parfaitement avec le message du film : une opposition entre nature et productivisme, entre traditions et modernité destructrice.

Le cœur du film repose sur un message fort : la nécessité de protéger notre planète. Sauvages s’attaque frontalement à la déforestation massive qui ravage Bornéo, en dénonçant les pratiques des industries de l’huile de palme. Ce thème, malheureusement encore trop peu représenté dans le cinéma d’animation, est ici mis en lumière avec une sincérité touchante. Le film met également en avant le rôle crucial des peuples autochtones dans la défense de leur territoire. En les présentant comme les véritables gardiens de la forêt, Sauvages rappelle que ces communautés, souvent marginalisées, sont les premières victimes et les premières résistantes face aux ravages écologiques.

Cependant, si le propos est louable, on peut regretter un traitement parfois un peu simpliste. Le récit, clairement destiné à un jeune public, repose sur un schéma très manichéen, opposant les gentils protecteurs de la nature aux méchants industriels armés. Cette opposition nette manque parfois de nuance et pourrait frustrer un public adulte en quête de complexité narrative. L’histoire suit Kéria, une adolescente métisse, qui se retrouve confrontée à ses propres préjugés et à une réalité qu’elle découvre peu à peu en recueillant un bébé orang-outang. 

Si le personnage principal évolue de manière crédible, certains dialogues paraissent parfois un peu naïfs ou trop didactiques, ce qui nuit légèrement à l’immersion. On apprécie cependant la tentative de traiter plusieurs thématiques en parallèle : le deuil, les racines culturelles, l’altérité ou encore l’impact du capitalisme sur l’environnement. Mais le film effleure ces sujets sans toujours les explorer en profondeur, ce qui donne une impression de survol. La force émotionnelle du film repose aussi sur sa musique. Le choix final de la chanson "Tous les cris les S.O.S" de Daniel Balavoine vient sceller le message du film avec une intensité rare. 

Ce morceau culte, connu pour sa capacité à émouvoir, résonne ici comme un appel au secours lancé par la planète elle-même. Le titre Sauvages porte en lui une réflexion sur le regard que nous portons sur l’"autre", qu’il soit humain ou animal. Le film interroge nos préjugés en inversant les rôles : qui sont vraiment les "sauvages" dans cette histoire ? Les forestiers pieds nus qui vivent en harmonie avec leur environnement, ou ceux qui le détruisent au nom du profit ? Sauvages n’est pas un chef-d’œuvre d’animation au sens strict. Il souffre de quelques longueurs, d’un scénario parfois linéaire et d’un ton qui oscille entre poésie enfantine et militantisme frontal. 

Mais malgré ses maladresses, le film parvient à sensibiliser sans tomber dans la lourdeur, en restant accessible aux plus jeunes tout en touchant les adultes par la beauté de sa réalisation. Claude Barras signe ici une œuvre engagée et sincère, qui mérite d’être vue, partagée et discutée. À l’heure où les enjeux environnementaux sont plus pressants que jamais, Sauvages nous invite, petits et grands, à réfléchir à notre place dans le monde et à notre responsabilité collective.

Et le Blu-ray ? 

Sorti en salle dans une relative discrétion, Sauvages, le nouveau film d’animation de Claude Barras, n’a pas rencontré le même succès que son précédent long-métrage, Ma vie de Courgette. Pourtant, cette fable écologique tournée en stop-motion mérite l’attention. Sa sortie en Blu-ray, proposée par l’éditeur Blaq Out, pourrait bien lui offrir une seconde vie, notamment grâce à une qualité technique au rendez-vous. L’animation en stop-motion repose sur un travail minutieux image par image. Pour en apprécier toute la richesse, une bonne qualité d’image est essentielle. 

Ici, le Blu-ray permet de redécouvrir Sauvages dans des conditions optimales : les textures des décors, les petits détails des marionnettes et les couleurs naturelles de la forêt de Bornéo ressortent parfaitement. Le rendu visuel est fluide, bien contrasté, sans artefacts ni flou. On sent que le support a été soigné pour respecter l’univers visuel du film. Côté son, deux options sont proposées : une version 5.1 pour celles et ceux équipés d’un système home cinéma, et une piste stéréo (2.0), plus adaptée à un visionnage sur téléviseur classique. Dans les deux cas, le mixage est équilibré. 

La spatialisation des sons – comme les bruits de la jungle ou les voix – permet une immersion discrète mais efficace. Rien de spectaculaire, mais suffisant pour se laisser porter par l’ambiance du film. Le disque contient un seul supplément, mais il vaut le détour. Ce making of d’une vingtaine de minutes, produit par la télévision suisse, revient sur les coulisses de la création du film. Présenté de manière simple et accessible, il explique toutes les étapes : du design des personnages à l’animation, en passant par le tournage ou encore les rencontres avec les communautés autochtones de Bornéo. 

C’est un contenu pédagogique, pensé pour les jeunes spectateurs, mais qui saura aussi captiver les adultes curieux du travail derrière une telle production. Même si Sauvages n’a pas fait grand bruit en salle, cette édition Blu-ray lui rend justice. Technique soignée, bonus instructif : voilà une belle occasion de (re)découvrir un film porteur d’un message essentiel.

Caractéristiques techniques

Durée : 1H27 - Langues : Français 2.0 / 5.1 / Audiodescription

Sous-titres : Français pour sourds et malentendants

Supplément : Les coulisses de Sauvages ! de Ulrich Teiger et Claire Braillard (22 min.)

Disponible en Blu-Ray et en DVD au prix public conseillé de 19,99 € TTC

Cette sortie est éditée par BLAQ OUT