27 Octobre 2025
Les deux premiers épisodes de Scenes of a Crime, diffusés sur HBO Max, posent les bases d’une intrigue policière classique mais bien ficelée. Créée par Rafael Spínola, cette série brésilienne tente de revisiter le genre du huis clos à travers une atmosphère moite et une tension familiale palpable. L’idée est séduisante sur le papier, et le format court – une trentaine de minutes par épisode – rend l’expérience plutôt agréable à suivre. Pourtant, malgré une production soignée, quelque chose semble manquer pour que l’ensemble décolle vraiment.
Deux détectives enquêtent sur un meurtre mystérieux dans un manoir isolé par une tempête, où chaque invité cache un secret dangereux, et personne ne peut partir tant que la vérité – et tous les mensonges – n’ont pas été révélés.
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Le point de départ est simple : un riche homme d’affaires, malade et affaibli, est assassiné lors d’une réunion familiale dans une grande demeure isolée par une tempête. Personne ne peut sortir, et les deux détectives chargés de l’enquête, André (Augusto Madeira) et Bárbara (Débora Nascimento), doivent interroger chacun des invités. La situation évoque immédiatement les grands classiques du genre, du type Le Crime de l’Orient-Express ou Knives Out, mais transposés dans un contexte brésilien. Cette adaptation culturelle apporte une touche intéressante : le scénario intègre des références subtiles à la corruption, aux inégalités sociales et aux tensions héritées du passé.
C’est d’ailleurs ce sous-texte qui donne à la série une certaine richesse, bien plus qu’un simple “qui a tué qui ?”. Malgré tout, le rythme finit par tourner un peu en rond. En deux épisodes, l’affaire progresse à petits pas, et la tension retombe parfois avant de repartir. Ce format condensé aurait pu servir une narration nerveuse, mais il accentue au contraire la sensation d’inachevé : l’histoire semble freinée, comme si elle hésitait à choisir entre le polar et le drame familial. Débora Nascimento et Augusto Madeira forment un duo d’enquêteurs crédible. Bárbara, intuitive mais intérieurement tourmentée, et André, plus méthodique, s’équilibrent bien à l’écran.
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Leurs échanges apportent un peu de relief au récit, même si leurs parcours personnels restent esquissés. Les suspects, eux, sont dessinés avec soin : chacun cache une part de rancune ou de culpabilité. Les dialogues et les flashbacks laissent deviner des blessures anciennes, des jalousies et des regrets. Pourtant, malgré cette écriture soignée, j’ai eu du mal à ressentir une véritable empathie pour eux. Les personnages semblent parfois se mouvoir comme dans un décor de théâtre, sans que leurs émotions débordent vraiment du cadre. C’est peut-être volontaire – une manière de refléter la froideur de ce microcosme familial –, mais cela crée une distance qui empêche d’être pleinement embarqué.
Le jeu d’acteurs reste solide, mais il manque cette étincelle, cette âme qui fait basculer un bon polar en drame captivant. Impossible de nier le soin apporté à la réalisation. La maison où tout se joue est magnifiquement filmée : couloirs plongés dans la pénombre, lumières tamisées, pluie battante qui rythme les scènes. Chaque plan est réfléchi, presque pictural. Cette esthétique contribue à installer une vraie atmosphère, mais elle finit aussi par étouffer un peu l’histoire. La forme prend parfois le pas sur le fond. Le regard reste accroché aux reflets, aux textures, aux ombres, pendant que l’intrigue peine à se renouveler.
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Les deux épisodes laissent une impression mitigée. D’un côté, le concept fonctionne : un meurtre dans un cadre confiné, des suspects crédibles, une enquête qui avance à pas mesurés. De l’autre, le récit ne dégage pas encore une identité forte. Tout est bien en place, mais il manque une émotion, un élan narratif, quelque chose qui dépasse la mécanique du suspense. L’histoire aurait sans doute gagné à élargir un peu son champ, à offrir plus de contraste entre les personnages, ou à bousculer davantage les codes du genre. Deux épisodes pour une seule affaire donnent parfois la sensation de tourner en rond. La série installe beaucoup de tension au départ, mais la maintient difficilement sur la durée.
Cela dit, il faut reconnaître que le sous-texte sur la société brésilienne apporte un vrai plus. Ces touches sociales et culturelles, souvent en arrière-plan, donnent une dimension plus humaine au récit. Elles rappellent que le crime n’est pas seulement une énigme à résoudre, mais aussi le symptôme d’un contexte plus large. Scenes of a Crime commence bien, sans être totalement convaincante. La série a du style, un bon casting, et une atmosphère bien travaillée. Mais derrière cette belle façade, l’émotion reste un peu en retrait. Ces deux premiers épisodes se regardent facilement – le format court aide à ne pas décrocher – et la curiosité reste là, même si l’envie d’enchaîner immédiatement n’est pas irrésistible.
Note : 5.5/10. En bref, une entrée en matière correcte, plaisante à suivre, mais qui manque d’un souffle plus personnel pour marquer durablement. Le mystère reste intéressant, la réalisation impeccable, mais l’ensemble manque parfois de chair. C’est joli, bien joué, réfléchi, mais pas encore habité.
Prochainement sur HBO max. Disponible sur HBO max au Brésil.
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