13 Octobre 2025
Quand j’ai commencé Confidence Queen, j’étais curieux de voir comment cette mini-série allait mêler le monde des escroqueries sophistiquées à une réflexion plus humaine sur la justice et la manipulation. En apparence, tout part d’un concept séduisant : un petit groupe de “robin des bois” modernes qui dépouillent des criminels pour restituer l’argent à leurs victimes. Mais derrière les paillettes et les arnaques millimétrées, la série tente de raconter quelque chose sur la confiance — celle qu’on donne, qu’on trahit, qu’on perd. Ce que j’ai découvert au fil des douze épisodes, c’est un projet ambitieux, parfois confus, mais rarement inintéressant.
Yi-rang, une femme intelligente devient l'arnaqueuse ultime. Elle fait équipe avec James et Gu-ho, formant un trio d'escrocs, afin de démasquer les fraudeurs et de leur soutirer leurs gains mal acquis.
Confidence Queen alterne entre comédie de braquage et drame psychologique, sans toujours trouver le bon équilibre. Le personnage de Yi-rang, incarné par Park Min-young, est au centre du récit. C’est elle qui donne son ton à la série : une femme brillante, sûre d’elle en apparence, mais intérieurement plus fragile qu’elle ne veut l’admettre. Yi-rang n’est pas une simple arnaqueuse ; elle croit sincèrement à la possibilité de réparer les torts du monde à sa manière. Son intelligence est indéniable, mais son enthousiasme parfois excessif la met souvent en décalage avec la gravité des situations. Cette contradiction rend le personnage à la fois attachant et frustrant.
Par moments, Yi-rang semble flotter au-dessus du réel, comme si la série refusait de lui donner la profondeur que son parcours méritait. Pourtant, c’est dans ses rares instants de doute que la fiction trouve sa justesse. Quand elle affronte ses échecs ou les conséquences de ses choix, on perçoit enfin une vraie vulnérabilité derrière son masque de “queen”. Autour d’elle gravitent Gu-ho et James, deux figures clés dont la relation avec Yi-rang structure l’ensemble du récit. Gu-ho agit comme un contrepoids, plus terre-à-terre, plus lucide, presque désabusé. Sa fidélité à Yi-rang ne se résume pas à un partenariat professionnel ; elle cache une histoire commune, des blessures partagées et une loyauté qu’il ne remet jamais vraiment en question.
Quant à James, il symbolise à la fois le lien et la rupture entre eux. Son accident en début de série — coma, plâtre, silence imposé — crée une tension sous-jacente qui revient régulièrement hanter les épisodes. Même absent, James reste un moteur invisible. Sa réapparition progressive dans les derniers chapitres relance l’intrigue, mais surtout redéfinit la dynamique du trio. Ce qui m’a frappé, c’est la manière dont Confidence Queen tente de faire de ces trois personnages une équipe soudée, tout en les maintenant dans une sorte de distance émotionnelle permanente. On sent qu’ils ont un passé lourd, mais la série se contente souvent de fragments, comme si elle craignait de trop en révéler.
Sur le papier, Confidence Queen repose sur une mécanique efficace : chaque épisode ou presque met en scène un nouveau “coup” — un escroc à piéger, un puissant à renverser, un plan à exécuter avec précision. Ces intrigues forment la colonne vertébrale de la série. Le problème, c’est que cette structure finit par tourner en rond. Certains épisodes recyclent les mêmes ressorts : fausses identités, doubles jeux, retours en arrière censés surprendre mais qui affaiblissent parfois la tension. L’écriture semble vouloir constamment impressionner par sa complexité, quitte à perdre de vue l’essentiel : l’évolution des personnages. J’ai souvent eu l’impression que les scénaristes privilégiaient le style à la substance.
Les montages rapides, les transitions brusques et les changements de ton permanents donnent une énergie certaine, mais empêchent aussi toute émotion durable de s’installer. La série avance vite, trop vite parfois, et oublie de laisser respirer ses moments les plus forts. Impossible de parler de Confidence Queen sans évoquer sa mise en scène. Les décors, les costumes et la photographie sont travaillés avec soin. Chaque plan semble vouloir illustrer la dualité du faux et du vrai, du masque et de la sincérité. Mais cette surabondance visuelle finit par créer une barrière. La série est belle à regarder, certes, mais elle donne aussi le sentiment d’un monde artificiel, trop propre pour être crédible.
Les arnaques elles-mêmes, bien que inventives sur le papier, manquent parfois de tension dramatique parce que l’on sent trop la mise en scène derrière le geste. Ce choix esthétique aurait pu fonctionner si la narration assumait pleinement le côté “fable moderne”, mais ici, l’image cherche à impressionner alors que l’histoire gagnerait à se simplifier. Ce qui m’a retenu malgré tout, c’est le fond moral de Confidence Queen. La série pose une question intéressante : peut-on rendre justice en dehors du système ? Yi-rang et son équipe agissent au nom d’une cause juste, mais leurs méthodes sont discutables. Cette zone grise entre bien et mal donne matière à réflexion.
Cependant, la série n’explore jamais vraiment les conséquences morales de ces choix. Yi-rang ne doute que rarement de la légitimité de ses actions. Gu-ho, qui aurait pu servir de contrepoint, reste trop effacé. Les épisodes abordent ces dilemmes sans les creuser. À plusieurs reprises, j’ai eu envie que la série prenne le temps de ralentir, de confronter réellement ses héros à leurs contradictions. Au lieu de ça, elle enchaîne les coups de théâtre et les transitions temporelles, comme si elle craignait d’ennuyer le spectateur. Difficile d’ignorer que Confidence Queen s’inspire directement de Confidence Man JP, une série japonaise sortie en 2018. Le concept est similaire, et certaines scènes semblent calquées presque à l’identique.
Cela pose un vrai problème d’identité : pourquoi refaire une œuvre déjà réussie sans y apporter un regard neuf ? Là où l’original jouait sur la surprise et la satire, Confidence Queen adopte un ton plus lisse, plus prévisible. La série ne manque pas de bonnes intentions, mais elle peine à justifier son existence en tant que remake. Ce qui aurait pu être une relecture coréenne audacieuse se transforme souvent en répétition polie. Je ne dis pas que tout remake est inutile — certains parviennent à s’émanciper de leur modèle —, mais ici, l’absence d’angle nouveau se ressent dans chaque épisode. Les derniers épisodes relèvent légèrement le niveau. En simplifiant leur narration et en se recentrant sur la rivalité avec Yo-seop, la série retrouve une certaine cohérence.
Les révélations autour du passé de Yi-rang et Gu-ho redonnent un sens à leurs actions. Leur alliance finale, après tant de malentendus, clôt l’histoire sur une note moins spectaculaire mais plus sincère. Le dénouement laisse volontairement quelques zones d’ombre, ouvrant la porte à une éventuelle seconde saison. Même si je doute qu’une suite soit nécessaire, j’ai apprécié cette volonté de donner à l’histoire une conclusion qui réhabilite les personnages, sans trop de pathos ni de morale forcée. En refermant Confidence Queen, je ressens un mélange de satisfaction et de frustration. La série n’est pas ratée, mais elle semble avoir constamment hésité entre deux voies : celle du divertissement stylisé et celle du drame moral.
J’ai aimé certaines idées — la relation entre Yi-rang et Gu-ho, la critique des puissants corrompus, la manière dont la confiance devient une monnaie d’échange — mais j’aurais aimé que tout cela soit raconté avec plus de retenue. Confidence Queen aurait pu être une réflexion fine sur la manipulation et la justice personnelle. Elle reste finalement une série agréable à suivre, parfois déroutante, souvent excessive, mais pas dénuée de charme. Confidence Queen est une mini-série qui attire par son concept mais peine à convaincre totalement. Ses douze épisodes proposent une aventure rythmée, visuellement séduisante, portée par une actrice principale investie.
Pourtant, son manque de profondeur et son besoin constant d’en mettre plein la vue empêchent l’émotion de vraiment s’installer. Je n’ai pas regretté de l’avoir regardée, mais j’en ressors avec le sentiment qu’elle aurait pu être bien plus marquante si elle avait osé être moins parfaite en surface et plus sincère dans le fond.
Note : 5/10. En bref, les douze épisodes proposent une aventure rythmée, visuellement séduisante, portée par une actrice principale investie. Pourtant, son manque de profondeur et son besoin constant d’en mettre plein la vue empêchent l’émotion de vraiment s’installer.
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