9 Octobre 2025
Gen V // Saison 2. Episode 6. Cooking Lessons.
En arrivant à l’épisode 6 de cette deuxième saison de Gen V, une sensation étrange s’installe : celle d’assister à un glissement progressif où la série ne parle plus seulement de jeunes supes en quête de reconnaissance, mais d’êtres qui flirtent avec la notion même de divinité. Depuis le début, Gen V se nourrit de cette question héritée de The Boys : que reste-t-il d’humain lorsque le pouvoir dépasse la mesure ? Cet épisode pousse la réflexion encore plus loin, en montrant que la divinité, ici, ne se vit pas comme une bénédiction, mais comme une malédiction qui isole, qui consume et qui brise.
L’épisode s’ouvre sur une nouvelle évasion, presque ironique tant le décor d’Elmira semble condamner ses occupants à tourner en rond. Après les événements tragiques du précédent épisode, Marie, Annabeth, Jordan, Emma et Cate tentent de fuir un lieu qui symbolise autant la captivité physique que mentale. Cette redite narrative m’a d’abord paru un peu artificielle, comme si la série voulait accélérer son intrigue, mais elle permet de mettre en lumière un aspect essentiel : l’impossibilité, pour ces personnages, d’échapper à ce qu’ils sont devenus. Annabeth, tout juste revenue à la vie grâce aux pouvoirs de sa sœur, apparaît différente, presque détachée de la réalité.
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Elle ressent les choses avant qu’elles ne se produisent, comme si sa résurrection l’avait connectée à quelque chose d’invisible. Cette intuition quasi mystique guide le groupe jusqu’à leur échappatoire. Voir Sam surgir à travers les murs, en sauveur improvisé, donne à la scène une énergie brute, mais aussi un certain sentiment de facilité. Tout se met en place un peu trop vite, comme si la série pressait le pas pour ramener ses héros à la surface et relancer la course contre Cipher. Ce qui frappe, c’est que la fuite n’apporte aucun soulagement. Une fois dehors, les personnages ne respirent pas la liberté, ils respirent la peur.
Ils trouvent refuge dans une bibliothèque abandonnée, un décor qui tranche avec le chaos de Godolkin, mais qui garde quelque chose de fragile, presque sacré. J’ai aimé cette parenthèse silencieuse : des corps fatigués, des regards perdus, quelques vêtements trouvés sur place pour cacher le sang séché. Ce moment suspendu laisse transparaître ce que Gen V fait de mieux : montrer la vulnérabilité derrière les pouvoirs. Marie, en particulier, semble porter tout le poids du groupe sur ses épaules. Sa relation avec Annabeth devient plus douloureuse à chaque échange. Sa sœur l’accuse, à demi-mot, d’être la cause de toutes les tragédies qui les ont frappées.
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Et dans ce reproche, il y a un écho à la culpabilité que Marie traîne depuis le tout premier épisode. Elle est puissante, peut-être même divine, mais chaque manifestation de sa force détruit ce qu’elle essaie de sauver. Pendant ce temps, Cipher continue d’imposer son ombre. Ce personnage, que j’ai longtemps perçu comme un simple antagoniste manipulateur, s’affirme désormais comme une figure quasi prophétique. Son intelligence, son calme et sa manière de tout orchestrer donnent à sa présence un côté spectral. Même lorsqu’il n’est pas à l’écran, il domine les conversations. Son contrôle sur Polarity illustre parfaitement cette domination. Voir le héros affaibli, manipulé comme une marionnette, renforce l’idée que Cipher n’a plus besoin de violence pour exercer son pouvoir.
Il se sert des failles des autres. Sa vision du monde se dévoile peu à peu : une société où seuls les plus forts mériteraient de survivre. Ce discours, froidement darwinien, ne surprend pas, mais il prend une tournure sinistre lorsqu’il s’applique à des étudiants à peine adultes. Cipher ne veut pas créer des héros, il veut forger une nouvelle élite biologique. L’épisode prend une autre direction avec l’arrivée de Stan Edgar. Ce visage familier de The Boys ramène une forme de lucidité cynique. Là où Cipher rêve d’un monde purifié par la sélection, Edgar reste ancré dans une logique de pouvoir économique et politique. Il n’a jamais été un sauveur, mais son intervention apporte un contrepoint bienvenu.
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La scène de la rencontre dans le bunker m’a marqué par son ton presque domestique. Alors que le groupe s’attend à un repaire militaire, ils découvrent un lieu aseptisé, presque confortable. Edgar prépare une frittata pendant qu’il expose les véritables enjeux : Cipher ne fait que prolonger les expériences de Godolkin, ce scientifique que tout le monde croyait mort. Ses recherches visaient à perfectionner les Supes, à créer des êtres proches des dieux. Et selon lui, seules deux figures ont atteint ce stade : Homelander… et Marie. Cette révélation ne sert pas seulement à rehausser la puissance de l’héroïne, elle redéfinit tout le propos de la série. Marie n’est plus une étudiante qui cherche à comprendre ses capacités.
Elle devient le centre d’un débat moral : que faire d’un pouvoir qui dépasse toute mesure humaine ? À travers les discussions dans le bunker, un thème se dessine : celui de la création. Les Supes ne sont plus des accidents scientifiques, mais les produits d’une quête presque religieuse. Godolkin voulait approcher l’idée du divin par la biologie. Cipher veut la contrôler. Et Marie en incarne l’incarnation involontaire. Ce glissement donne à la série une dimension métaphysique que je trouve fascinante. L’idée qu’un être humain puisse ressusciter les morts, lire dans le sang, sentir la vie circuler, transforme la perception même du pouvoir. Dans The Boys, les Supes étaient des monstres médiatiques.
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Dans Gen V, ils deviennent des mythes en construction. Pourtant, la série ne glorifie jamais cette idée. Au contraire, elle montre que plus un personnage s’approche de la toute-puissance, plus il s’éloigne de son humanité. Marie, qui semblait autrefois révoltée et instinctive, devient ici plus distante, presque impassible. Son visage ne trahit plus rien. Même face à Annabeth, son regard paraît vide. Comme si la conscience de ce qu’elle représente l’avait déjà isolée du reste du monde. Cipher, lui, commence à perdre pied. Sa réaction à la fuite du groupe trahit une nervosité inhabituelle. Pour la première fois, il semble vulnérable. Son contrôle s’effrite.
Sa confrontation avec Polarity le montre sous un jour nouveau : celui d’un homme persuadé d’être le gardien d’un ordre supérieur, mais incapable de maîtriser ses propres émotions. Le moment où Polarity se libère brièvement de son emprise est sans doute le plus marquant de l’épisode. Voir ce héros fatigué, presque brisé, reprendre le dessus, même pour quelques secondes, apporte un souffle inattendu. Cipher vole par la fenêtre, et ce geste symbolise la première fissure dans son autorité absolue. Pourtant, il est difficile de croire que cette chute suffira à l’arrêter. Pendant que tout cela se déroule, Marie prend une décision radicale : quitter le bunker. Elle n’a jamais supporté la passivité, et cette fois encore, elle refuse de se cacher.
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Son départ ne relève pas de la fuite, mais d’une forme d’appel intérieur. Elle sait que sa place n’est pas dans l’ombre de Stan Edgar ni sous la menace de Cipher. Cate la suit, malgré ses doutes. Leur relation, souvent marquée par la méfiance, se transforme peu à peu en alliance. Cate comprend que les pouvoirs de Marie pourraient lui permettre de retrouver les siens. Ce rapprochement forcé me paraît moins narratif qu’émotionnel : deux jeunes femmes qui ont perdu confiance en elles et qui cherchent, dans l’autre, une raison de continuer à avancer. À mesure que l’épisode avance, la série installe clairement les bases du duel à venir entre Marie et Cipher. Tout semble converger vers cette confrontation : les visions d’Annabeth, les failles de Cipher, les révélations de Stan Edgar, et la distance grandissante entre Marie et ses amis.
Je ressens que la série prépare quelque chose de plus symbolique qu’un simple combat. Il s’agit moins de vaincre un ennemi que de se libérer d’une idée : celle que le pouvoir doit forcément être utilisé, qu’il doit s’inscrire dans une hiérarchie ou un contrôle. Marie n’a jamais voulu dominer. Elle veut comprendre. Et c’est peut-être ce qui la distingue de tous les autres Supes que la série a montrés jusque-là. Cet épisode 6 confirme que Gen V s’éloigne du simple spin-off pour devenir une réflexion sur la nature du pouvoir. Les dieux qu’elle évoque ne vivent pas dans le ciel, mais dans des laboratoires, dans des couloirs d’université, ou dans les silences de ceux qui ne savent plus s’ils sont encore humains.
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Marie incarne ce dilemme : bénie par un don unique, mais condamnée à en payer le prix. Cipher, quant à lui, se prend pour un créateur, sans voir qu’il n’est que le produit d’un système qu’il prétend maîtriser. Et au milieu de tout cela, les autres personnages — Sam, Cate, Jordan, Annabeth — tentent simplement de ne pas se perdre dans un monde où la morale se dissout dans la puissance. L’épisode prépare surtout une conclusion qui s’annonce inévitable : celle d’une confrontation entre deux figures qui, chacune à leur manière, ont cessé d’être seulement humaines.
Note : 5/10. En bref, cet épisode 6 confirme que Gen V s’éloigne du simple spin-off pour devenir une réflexion sur la nature du pouvoir. Moins efficace que les précédents de la saison mais une transition.
Disponible sur Amazon Prime Video
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