9 Octobre 2025
Caramelo // De Diego Freitas. Avec Rafael Vitti, Carolina Ferraz et Arianne Botelho.
Caramelo, réalisé par Diego Freitas et diffusé sur Netflix, ne cherche pas à réinventer quoi que ce soit. Le film brésilien raconte l’histoire d’un chien errant et d’un chef malade que le hasard finit par réunir. Rien de révolutionnaire, mais il y a une sincérité et une tendresse dans la manière dont le film aborde la relation entre l’homme et l’animal. Malgré ses maladresses et un scénario très balisé, Caramelo dégage une chaleur qui fait du bien — du moins tant qu’on ne cherche pas trop d’originalité. Pedro, interprété par Rafael Vitti, est un jeune chef talentueux mais fatigué par une vie qui ne lui sourit plus vraiment.
Après un diagnostic bouleversant, un chef prometteur retrouve espoir et humour grâce à un chien.
Entre ses problèmes de santé qu’il préfère ignorer et un sentiment de vide personnel, il traverse l’existence sur pilote automatique. C’est sous une pluie battante qu’il croise Caramelo, un chien des rues au pelage brun, trempé et affamé. Par pitié, Pedro le recueille, sans imaginer que cet acte impulsif va bouleverser sa vie. Le chien, plein d’énergie et de malice, transforme l’appartement impeccable du chef en champ de bataille. Les vases volent, les coussins explosent, et la routine bien réglée de Pedro s’effondre. Mais derrière ce chaos s’installe peu à peu un lien sincère. Caramelo n’est pas seulement un compagnon bruyant, il devient le miroir d’un homme qui avait oublié ce qu’était la joie simple.
Caramelo coche toutes les cases du film feel good animalier. On y retrouve la structure classique : la rencontre improbable, la complicité grandissante, l’épreuve dramatique, et la promesse d’un espoir final. Le scénario de Diego Freitas ne cherche pas à tromper le spectateur. Pedro découvre bientôt qu’il souffre d’une tumeur au cerveau, un diagnostic qui donne au récit une dimension plus grave. Ce n’est pas un hasard si Caramelo semble avoir senti la maladie avant tout le monde — ses léchouilles répétées sur la tête de son maître prennent soudain une signification troublante. Oui, le film tire sur la corde sensible. Oui, on devine la plupart des rebondissements avant qu’ils arrivent.
Mais il faut reconnaître à Freitas un certain sens de l’équilibre. L’émotion ne verse pas dans le mélo facile, et malgré quelques séquences un peu appuyées, le film reste pudique dans sa manière de traiter la maladie. Caramelo parle moins de mort que de résilience, moins de tristesse que de gratitude. Ce qui sauve vraiment le film, c’est son interprète principal à quatre pattes. Le chien, incarné par Amendoim (véritable star canine au Brésil), est la grande réussite du film. Sans effets spéciaux ni anthropomorphisme excessif, Freitas parvient à capter toute la gamme d’émotions du regard animal : la peur, la curiosité, la tendresse, la fidélité. Chaque plan où Caramelo apparaît respire l’authenticité.
Ce n’est pas un chien de cinéma, c’est un être vivant que la caméra aime observer. Face à lui, Rafael Vitti livre une performance honnête. Son Pedro n’a rien du héros glamour : c’est un homme fatigué, parfois égoïste, mais profondément humain. Le duo qu’il forme avec Caramelo fonctionne grâce à la simplicité de leur lien. Les dialogues, assez basiques, laissent la place à des gestes, des regards, des silences. Dans ces moments-là, le film atteint une justesse touchante. La romance entre Pedro et Camila, la dresseuse de chiens interprétée par Carolina Ferraz, apporte un contrepoint plus léger. Leurs scènes ensemble sont agréables, sans être mémorables.
On sent que cette histoire d’amour sert surtout de prétexte à renforcer le thème central : les secondes chances, qu’elles viennent d’un être humain ou d’un animal. Le problème de Caramelo, c’est qu’il ne surprend jamais. Tout est déjà connu : le chien sauve le maître, le maître trouve l’amour, la maladie rapproche, puis vient la leçon de vie. Ce schéma, emprunté à des films comme Marley et moi, est appliqué sans grande imagination. Le film se contente de reprendre une recette éprouvée sans lui apporter de saveur nouvelle. Pourtant, malgré cette impression de déjà-vu, il serait injuste de le réduire à un simple copier-coller. Freitas a le mérite d’inscrire son récit dans un contexte brésilien crédible, loin des clichés hollywoodiens.
Les décors urbains, la musique locale et la chaleur du ton donnent à Caramelo une identité propre. C’est un film modeste, sincère dans son intention, qui parle d’amitié, de maladie et de rédemption sans cynisme. Visuellement, Caramelo reste sobre. Pas d’effets grandiloquents, pas de filtres sentimentaux. La photographie privilégie la lumière naturelle, rendant les scènes domestiques presque documentaires. Cette simplicité visuelle correspond bien au ton du film, même si elle accentue parfois le côté téléfilm. Freitas n’a pas la prétention d’un grand auteur, mais il sait cadrer la tendresse, capter un instant de complicité ou un regard qui en dit long. Le rythme, lui, est maîtrisé. Le film ne traîne pas malgré un scénario prévisible, et parvient à maintenir l’attention grâce à une alternance entre humour léger et émotions plus intimes.
Les moments comiques, souvent liés aux bêtises du chien, allègent l’atmosphère sans la désamorcer. Caramelo ne bouleversera personne, mais il remplit son contrat : faire sourire, émouvoir un peu, et rappeler à quel point les animaux peuvent transformer nos vies. Le film n’a pas de prétention philosophique, et c’est peut-être ce qui le rend supportable. Là où d’autres auraient appuyé le pathos, Freitas reste mesuré. Le message est simple : aimer, c’est accepter la fragilité — celle de l’autre et la sienne. Certes, le film manque d’audace et de personnalité. Il emprunte trop à ses modèles pour vraiment exister par lui-même. Mais il possède une qualité rare dans ce genre de productions : la sincérité.
Caramelo ne cherche pas à manipuler, il invite simplement à ressentir. Et dans un paysage saturé de blockbusters calibrés, ce genre de douceur, même convenue, a encore sa place. Avec Caramelo, Diego Freitas signe un film familial honnête et touchant, porté par le duo attachant formé par Rafael Vitti et le chien Amendoim. Malgré une intrigue prévisible et quelques facilités scénaristiques, le film réussit à transmettre une émotion simple et universelle. Pas un chef-d’œuvre, pas un drame bouleversant non plus, mais une histoire pleine d’humanité, qui rappelle qu’il n’est jamais trop tard pour se laisser apprivoiser.
Note : 5/10. En bref, un film familial honnête et touchant, porté par le duo attachant formé par Rafael Vitti et le chien Amendoim.
Sorti le 8 octobre 2025 au cinéma
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