Critiques Séries : Grey’s Anatomy. Saison 22. Episode 4.

Critiques Séries : Grey’s Anatomy. Saison 22. Episode 4.

Grey’s Anatomy // Saison 22. Episode 4. Goodbye Horses.

 

Il y a des épisodes de Grey’s Anatomy qui ressemblent à des respirations au milieu du tumulte, des parenthèses où tout le monde semble se chercher. L’épisode 4 de la saison 22 fait partie de ceux-là. Un chapitre à la fois apaisé et plein de tensions sous-jacentes, où les personnages prennent conscience de leurs failles et de ce qu’ils veulent vraiment. Et, au cœur de tout cela, un retour qu’on n’attendait pas forcément : celui de Jackson Avery, accompagné d’un vent de nostalgie et de remises en question. Revoir Jackson à l’hôpital, c’est comme rouvrir un vieux dossier qu’on n’a jamais totalement refermé. 

 

Son face-à-face avec Meredith rappelle à quel point leur relation est singulière : entre rivalité intellectuelle et affection fraternelle. Ils se piquent, se provoquent, mais au fond, ils fonctionnent parce qu’ils incarnent deux visions de la médecine — et de la vie — qui s’opposent et se complètent. Cet épisode le montre bien : Meredith défend sa recherche sur Alzheimer avec la même passion qu’à ses débuts, refusant de céder face au pragmatisme de Jackson. Lui, plus institutionnel, plus ancré dans la logique de résultats, la pousse à reprendre sa place à Boston. Et, finalement, c’est exactement ce qu’elle fait. Ce départ temporaire ressemble à une respiration logique dans son parcours. 

Après plusieurs saisons à douter, Meredith retrouve ici une direction claire, presque apaisée. On sent aussi que cette intrigue scientifique, autour des différences de genre dans la recherche médicale, ramène la série à ses racines : celles d’une fiction qui questionne les biais du système hospitalier. Et c’est rafraîchissant, parce que Grey’s Anatomy, quand elle ose aborder le fond, dépasse le simple soap médical. L’arrivée de Jackson à Grey Sloan marque aussi le retour du fameux “Plastics Posse”, symbole d’une époque plus légère. Cette fois, la relève est assurée par Kwan et Kavita, deux personnages encore en construction, mais dont la dynamique commence enfin à prendre forme. 

 

Leur tension est palpable, un peu maladroite, mais pleine de potentiel. Kwan, souvent mal écrit dans les saisons précédentes, retrouve ici une forme d’humanité — entre fierté blessée et envie de prouver qu’il n’est pas qu’un éternel second rôle. Ce qui fonctionne dans cette intrigue, c’est le parallèle entre les anciens et les nouveaux. Jackson, avec son expérience, représente la rigueur et la reconnaissance institutionnelle ; Kavita, elle, incarne cette nouvelle génération de médecins qui veulent exister autrement, faire leur place sans compromis. Leur échange souligne combien la série a évolué : autrefois centrée sur les drames personnels, elle tente désormais de s’ancrer dans des problématiques plus actuelles — le sexisme au travail, la hiérarchie invisible, la reconnaissance des jeunes femmes dans la recherche.

Pendant que certains personnages se perdent dans des triangles amoureux ou des histoires secondaires un peu floues, Lucas reste, lui, profondément humain. Sa relation avec Katie, la jeune patiente atteinte de cancer, ramène un peu de gravité et d’émotion à l’épisode. Ce lien sincère, presque tendre, rappelle les premiers temps de la série — quand les internes découvraient ce que cela signifiait d’être vraiment un médecin, d’accompagner la douleur au lieu de simplement la soigner. Bailey, fidèle à elle-même, observe tout cela avec bienveillance et fermeté. On sent qu’elle a trouvé en Lucas un successeur de cœur, un médecin à l’ancienne, passionné, intuitif, mais encore fragile. 

 

Leur dynamique de mentor et d’élève fonctionne à merveille, sans surjouer la nostalgie. Bailey n’est plus seulement la cheffe autoritaire d’autrefois, mais une femme qui guide avec douceur, consciente du poids de la transmission. Et puis, il y a cette dimension émotionnelle : la maladie de Katie, les doutes de Lucas, la fatigue de Bailey. Tout cela compose une toile qui nous rappelle pourquoi on regarde Grey’s Anatomy depuis vingt ans — pas pour les baisers en salle d’attente, mais pour ces moments suspendus où la vie et la mort se tiennent la main. Côté relations, l’épisode poursuit le fil entamé précédemment : Teddy tente de redéfinir sa vie après sa séparation d’Owen. 

Sa relation avec Cass, jouée par Sophia Bush, avance timidement. Ce n’est pas la romance la plus captivante de la saison, mais elle a le mérite d’apporter un peu de vulnérabilité à un personnage souvent enfermé dans son rôle de cheffe et de mère. Ce qui est intéressant ici, c’est moins la relation elle-même que ce qu’elle révèle : Teddy n’a plus le contrôle. Elle le dit, elle le vit, et Cass devient un miroir de cette désorientation. Pour une fois, Grey’s Anatomy traite une femme d’âge mûr non pas comme une figure de sagesse, mais comme une personne en pleine transition. Et ça, c’est précieux. La scène entre Teddy et Nora — un échange sincère sur le divorce et la solitude — fait partie des moments les plus justes de l’épisode. 

 

Deux femmes, deux parcours cabossés, et une reconnaissance mutuelle sans jugement. Ce type de dialogue manque souvent à la série, et ici, il sonne vrai. L’épisode se clôt sur le départ de Meredith vers Boston, une scène à la fois douce et mélancolique. Elle retrouve enfin un sens à son travail, une raison de repartir. On sent que la série prépare une transition : elle laisse la place à la nouvelle génération tout en maintenant un lien avec ses figures fondatrices. Ce n’est pas un adieu, mais une respiration. Après tout, Grey’s Anatomy n’est jamais vraiment sans Meredith — son ombre plane toujours sur le Grey Sloan, sur ses élèves, sur cette idée que la médecine est autant une affaire de science que d’instinct.

Après un début de saison en dents de scie, cet épisode 4 donne enfin le sentiment que la série sait où elle va. Elle ne cherche plus à tout prix à choquer ou à tout redéfinir ; elle prend le temps de raconter. Entre les transitions professionnelles, les remises en question personnelles et les échos du passé, Grey’s Anatomy trouve ici un ton plus juste, plus mature. Ce n’est pas un épisode spectaculaire, mais un épisode nécessaire. Celui qui remet tout le monde sur la bonne voie, avant que la tempête ne revienne, comme toujours. Et si la série veut durer encore, c’est peut-être dans ces moments-là qu’elle trouvera sa force : pas dans le drame, mais dans l’évolution silencieuse de ses personnages.

 

Note : 7/10. En bref, cet épisode 4 donne enfin le sentiment que la série sait où elle va. 

Prochainement sur TF1, TF1+ et Disney+

 

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