Critiques Séries : Invasion (2021). Saison 3. Episode 8.

Critiques Séries : Invasion (2021). Saison 3. Episode 8.

Invasion (2021) // Saison 3. Episode 8. Life in the Dead Zone.

 

L’épisode 8 de la saison 3 d’Invasion tente un virage thématique, mais peine à convaincre. Après plusieurs chapitres centrés sur la survie et la désillusion humaine, celui-ci s’attarde sur une idée plus ambitieuse : et si les véritables envahisseurs n’étaient pas ceux venus d’ailleurs, mais bien nous ? Cette approche aurait pu apporter une vraie profondeur morale à la série, mais la manière dont elle est amenée laisse un goût amer, entre maladresse narrative et répétition d’idées déjà trop exploitées. Depuis plusieurs épisodes, Mitsuki est devenue le cœur émotionnel de la série. Là où d’autres personnages tournent en rond dans leurs intrigues respectives, elle semble être la seule à entrevoir un sens à tout ce chaos. 

 

Dans « Life in the Dead Zone », son lien particulier avec les aliens se renforce lorsqu’elle découvre une nouvelle espèce, surnommée le Gardener. Contrairement aux créatures hostiles des saisons précédentes, celui-ci agit avec une forme de calme et de curiosité presque apaisante. Sa transparence, son comportement observateur, et sa manière d’interagir avec l’environnement traduisent une volonté de cohabitation plus que de domination. Cette découverte renverse temporairement la perspective du récit. Les aliens ne sont plus seulement des menaces anonymes ; ils deviennent des êtres capables de créer, d’entretenir et même de guérir. Pourtant, cette révélation arrive sans réelle montée dramatique. 

Elle semble plus imposée que construite, comme si la série voulait précipiter une évolution morale sans en assumer le développement. L’épisode cherche clairement à dresser un parallèle entre la brutalité humaine et la sérénité des aliens. Les membres d’Infinitas, cette secte obsédée par le salut extraterrestre, incarnent l’un des pires visages de l’humanité. Leur comportement irrationnel, violent et sacrificiel rappelle à quel point la peur et la foi peuvent se transformer en instruments de domination. Le personnage de Carmichael, qui monopolise l’oxygène pour affirmer son autorité, illustre ce pouvoir basé sur le manque et la manipulation. C’est un écho direct à notre propre monde, où la rareté crée la dépendance et où la survie devient une monnaie d’échange.

 

Face à eux, Mitsuki incarne la lucidité. Son empathie envers le Gardener n’est pas un signe de naïveté, mais plutôt un besoin désespéré de croire qu’il existe encore quelque chose d’humain dans l’altérité. Cependant, la série a tendance à souligner cette opposition de manière trop simpliste : les aliens seraient bons, les humains seraient mauvais. Ce manichéisme atténue l’impact émotionnel du propos et prive le récit de la complexité qu’il mériterait. Visuellement, l’épisode peine à maintenir une cohérence. Les transitions entre le froid glacial du début et les forêts lumineuses de la fin donnent une impression de désordre visuel. Cette incohérence traduit bien l’état de la série : un ensemble d’idées intéressantes mal agencées. 

Chaque plan semble hésiter entre la contemplation et la précipitation, entre le mystère et la démonstration. Le rythme reste, comme souvent dans Invasion, extrêmement lent. Les dialogues s’étirent sans apporter de véritables informations, les marches interminables de Mitsuki et du Gardener symbolisent à la fois la patience et la stagnation du scénario. Tout semble suspendu, sans réelle tension dramatique. Même les rares séquences d’action manquent d’énergie, comme si la série refusait d’assumer le danger qu’elle évoque. Lorsque Mitsuki comprend que les aliens ne sont pas des envahisseurs mais des terraformeurs, la série semble vouloir ouvrir une nouvelle voie : celle de la réconciliation possible entre deux formes d’existence. 

 

Cette idée aurait pu être fascinante si elle n’était pas amenée de manière aussi évidente. L’épisode martèle son message au lieu de le laisser émerger naturellement. Il cherche à provoquer l’émotion sans la construire, à imposer l’émerveillement sans le justifier. Le Gardener, blessé lors d’un accident prévisible, devient alors un outil de métaphore : Mitsuki doit le sauver, il doit survivre pour retrouver les siens. Le schéma rappelle celui de tant d’autres récits où la compassion devient la clé de la rédemption. Malheureusement, dans Invasion, cette mécanique émotionnelle tourne à vide. La relation entre Mitsuki et la créature ne dégage ni tension ni véritable tendresse, tant le scénario semble craindre de s’y attarder.

L’introduction du groupe Infinitas aurait pu enrichir l’univers de la série en explorant la dimension spirituelle de l’invasion. Mais au lieu d’apporter de la profondeur, ce groupe ne fait que ralentir le récit. Leurs actions manquent de sens, leur fanatisme paraît forcé, et leur impact sur Mitsuki se limite à un obstacle temporaire. Cette intrigue secondaire, censée révéler la fragilité des croyances humaines face à l’inconnu, finit par diluer le propos central. Rien n’en ressort, si ce n’est un sentiment de remplissage scénaristique. Ce huitième épisode tente d’imposer un thème majeur : l’humanité comme propre ennemie. Ce n’est pas une idée nouvelle, mais elle trouve parfois des échos intéressants ici. 

 

Les humains respirent un air qui les tue, se battent entre eux pour un peu d’oxygène, et détruisent ce qu’ils ne comprennent pas. Les aliens, eux, essaient simplement d’adapter le monde à leur survie. Ce renversement aurait pu être percutant si la série avait pris le temps de l’explorer avec nuance. Au lieu de cela, elle juxtapose deux visions du monde sans jamais les faire dialoguer réellement. L’image finale, celle des Gardeners qui se rassemblent pour soigner l’un des leurs, reste l’un des rares moments où Invasion parvient à émouvoir. Non pas parce qu’elle est spectaculaire, mais parce qu’elle évoque une solidarité instinctive que les humains semblent avoir oubliée. 

Mitsuki, témoin de cette scène, semble enfin comprendre ce que la série cherche à dire depuis ses débuts : la survie ne dépend pas de la domination, mais de la coopération. Reste à savoir si cette prise de conscience aura une vraie résonance dans les prochains épisodes. À ce stade, la saison 3 d’Invasion donne l’impression d’avancer sans réelle direction. Chaque épisode propose une idée forte, mais la perd dans une mise en scène hésitante. « Life in the Dead Zone » ne déroge pas à la règle. Il tente de redéfinir les rapports entre humains et aliens, mais ne parvient jamais à dépasser le cadre de la parabole facile. L’émotion y est suggérée plutôt que ressentie, et la réflexion, aussi pertinente soit-elle, reste inachevée.

 

La série semble coincée entre deux ambitions : raconter une fable humaniste et maintenir une tension de science-fiction. Le problème, c’est qu’elle ne parvient pas à équilibrer les deux. Les scènes contemplatives étouffent le suspense, tandis que les rares moments d’action paraissent hors de propos. Tout cela crée une impression de décalage permanent, comme si Invasion cherchait à se réinventer sans savoir quoi abandonner. Cet épisode laisse surtout une question ouverte : la série est-elle encore capable de surprendre ? Les dernières minutes laissent entrevoir une possible évolution du rôle de Mitsuki et une reconfiguration des alliances. 

 

Peut-être que les prochains épisodes oseront franchir le pas, en assumant enfin la complexité morale qu’ils effleurent depuis trop longtemps. Pour l’instant, Invasion reste une série frustrante : pleine de potentiel, mais incapable de lui donner forme. « Life in the Dead Zone » incarne cette contradiction. Un épisode qui veut parler d’humanité, de coexistence et de pardon, mais qui se perd dans ses propres hésitations. Il ne reste plus qu’à espérer que la suite parviendra à faire respirer cet univers, avant qu’il ne s’asphyxie tout à fait sous le poids de ses ambitions non réalisées.

 

Note : 5/10. En bref, Invasion reste une série frustrante : pleine de potentiel, mais incapable de lui donner forme. « Life in the Dead Zone » incarne cette contradiction. Un épisode qui veut parler d’humanité, de coexistence et de pardon, mais qui se perd dans ses propres hésitations.

Disponible sur Apple TV+

 

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