18 Octobre 2025
Invasion (2021) // Saison 3. Episode 9. Homecoming.
À ce stade de la saison, difficile d’espérer encore un véritable redressement. Invasion persiste à tourner autour des mêmes thèmes sans jamais les pousser jusqu’au bout. L’épisode 9, intitulé “Homecoming”, se veut l’avant-dernier grand moment avant la conclusion. Sur le papier, il marque un tournant : davantage d’action, quelques révélations, et la mort d’un personnage important. Dans les faits, il confirme surtout les limites d’une série qui avance sans direction claire. L’intrigue tente de réunir tous les personnages principaux au même endroit, comme si la narration, jusque-là éclatée, devait enfin converger vers un but commun. Le concept fonctionne brièvement.
Voir Mitsuki, Trevante, Aneesha et les autres enfin dans la même zone géographique donne une impression d’urgence qui manquait depuis longtemps. Pourtant, l’énergie retombe vite. L’épisode s’applique davantage à recoller les morceaux qu’à créer une véritable tension. Mitsuki, retrouvée inconsciente par Nikhil, se réveille miraculeusement guérie. La blessure par balle de l’épisode précédent n’a laissé aucune trace, signe que les fameux Gardeners, cette nouvelle espèce d’aliens, ne sont peut-être pas les ennemis que tout le monde imaginait. Cette idée, déjà amorcée depuis deux épisodes, continue d’être martelée : les extraterrestres ne détruisent pas la Terre, ils la transforment. Mais cette tentative d’inverser la perspective tombe à plat.
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La série insiste sur le message selon lequel l’humain est le vrai danger sans jamais l’incarner autrement que par des dialogues convenus ou des scènes trop appuyées. Cette soudaine empathie pour les aliens retire d’ailleurs beaucoup de poids dramatique à ce qui aurait pu être un moment fort. Mitsuki, fascinée par cette idée d’un esprit collectif parfait, devient presque aveugle à la situation qui l’entoure. Son admiration pour cette forme de coexistence pacifique sonne artificielle, surtout quand on se souvient des massacres commis par les chasseurs extraterrestres depuis le début de la série. Le contraste entre ces deux représentations reste incohérent.
Invasion cherche à humaniser l’ennemi sans avoir posé de base solide pour le faire. Pendant ce temps, Trevante traverse sa propre crise morale. En retrouvant la mémoire, il se rend compte qu’il a lui-même tué Caspar, un moment censé bouleverser la dynamique du groupe. L’idée aurait pu être puissante, mais elle passe presque inaperçue. Le soldat garde son secret, rongé par la culpabilité, tandis que Jamila se réfugie dans des larmes convenues. Le récit tente de jouer la carte de la rédemption, mais sans densité émotionnelle, le tout reste mécanique. Cette incapacité de la série à faire ressentir le moindre choc devient presque un symptôme : chaque révélation tombe à plat, chaque mort semble attendue.
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L’action arrive enfin dans la seconde moitié de l’épisode, mais sans réel impact. Le groupe Infinitas refait surface, toujours aussi caricatural. Leur foi aveugle dans les promesses de Verna vire une nouvelle fois au délire collectif. Ce culte, censé symboliser la dérive spirituelle de l’humanité, continue de manquer de substance. Leurs motivations restent floues, leur structure quasi militaire paraît invraisemblable. Difficile de croire qu’une poignée de fidèles convertis au fond d’une église soit capable d’organiser des attaques coordonnées au milieu de la Dead Zone. La série sacrifie la cohérence au profit de scènes d’action censées réveiller un peu le rythme.
L’attaque du camp du WDC fait partie des rares moments où l’épisode retrouve un semblant de tension. L’embuscade préparée par Aneesha et ses compagnons fonctionne visuellement : explosions, balles perdues, chaos. Mais là encore, l’émotion peine à suivre. Les soldats, presque anonymes depuis leur introduction, servent simplement de chair à canon. Leurs morts n’ont aucune résonance. Le seul véritable enjeu humain survient avec Clark, tué sous les yeux d’Aneesha après avoir tenté de la sauver. Sa disparition aurait pu peser, d’autant plus qu’il symbolisait la dernière attache émotionnelle d’Aneesha. Pourtant, la mise en scène bâclée rend ce moment étrangement vide.
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Il y a de la douleur dans le geste, mais pas dans le regard du spectateur. Ce décès relance au moins la dynamique d’Aneesha, désormais seule et animée par la vengeance. C’est peut-être l’unique fil narratif encore capable de porter un intérêt pour le final. Le reste s’enlise. Les membres d’Infinitas continuent de s’entre-tuer au nom d’une croyance qui ne convainc plus personne. Verna règne désormais par la peur, abattant quiconque remet son autorité en question. Sa trajectoire aurait pu refléter celle d’une dérive sectaire, mais la série ne s’attarde jamais sur le fond psychologique. Tout reste superficiel, résumé en quelques lignes de dialogue.
L’épisode aborde aussi le concept de la zone découverte par Trevante, un espace où les aliens ne perçoivent pas les humains. Cette révélation offre enfin une piste tactique : la possibilité d’infiltrer le vaisseau-mère pour y déposer le fameux dispositif censé détruire la structure de l’intérieur. En théorie, l’idée donne envie d’y croire. En pratique, elle arrive trop tard. Le scénario prépare laborieusement une mission finale sans que la tension dramatique ne se ressente vraiment. Même la promesse d’un affrontement final paraît dérisoire après trois saisons où tout a déjà été dit, puis répété. En y regardant de plus près, cet épisode résume à lui seul les faiblesses d’Invasion.
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La série veut parler de l’humanité, de la peur de l’inconnu, de la tendance à juger avant de comprendre. Mais à force de rabâcher les mêmes messages sans renouveler sa mise en scène, elle s’épuise. Chaque épisode semble réécrire les mêmes débats moraux, les mêmes dilemmes, sans progression concrète. L’écriture reste prisonnière d’une mécanique prévisible où les dialogues remplacent l’émotion et où la lenteur se confond avec la gravité. À l’approche du final, il ne reste qu’une interrogation : la série osera-t-elle vraiment aller jusqu’au bout de ses contradictions ? L’idée d’un affrontement global entre humains et aliens semble toujours en suspens, comme si la production craignait de sortir du schéma introspectif qui la paralyse depuis le début.
Si cet épisode 9 cherchait à préparer une conclusion forte, il donne surtout l’impression d’un énième tour de piste avant une nouvelle prolongation. Reste Mitsuki, figure centrale depuis le premier jour, coincée entre fascination et lucidité. Son rôle, désormais lié à la compréhension du lien entre espèces, pourrait encore offrir un dernier sursaut. Mais la manière dont la série dilue sa trajectoire fait craindre une résolution rapide et sans relief. La mort de Clark, la folie de Verna, la culpabilité de Trevante : autant de pistes ouvertes qui risquent de se perdre dans un final précipité.
En définitive, l’épisode 9 de la saison 3 d’Invasion ressemble à un souffle hésitant avant la dernière ligne droite. L’action tente de masquer les failles, mais le cœur du récit reste figé. L’émotion ne prend pas, les enjeux manquent de chair, et l’idée même d’un dénouement satisfaisant paraît déjà compromise. Ce n’est plus qu’une question d’attente : voir jusqu’où la série ira pour conclure une histoire qui semble ne plus savoir ce qu’elle veut raconter.
Note : 4.5/10. En bref, l’épisode 9 de la saison 3 d’Invasion ressemble à un souffle hésitant avant la dernière ligne droite. L’action tente de masquer les failles, mais le cœur du récit reste figé.
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