24 Octobre 2025
Invasion (2021) // Saison 3. Episode 10. The End of the Line
SEASON FINALE
Il fallait s’y attendre. Après neuf épisodes à tourner en rond dans la brume narrative, Invasion tente de boucler sa saison 3 avec un grand final qui devait, paraît-il, tout expliquer. Résultat : un épisode qui ressemble plus à un sketch qu’à une conclusion. Si quelqu’un cherchait un résumé parfait de ce qu’est devenue la série — creuse, prétentieuse et déconnectée de toute émotion —, “The End of the Line” coche toutes les cases. Tout commence avec Aneesha, visiblement propulsée cheffe du WDC simplement parce qu’elle hurle plus fort que les autres. Après la mort de Clark, la voilà lancée dans une mission vengeance façon soap post-apocalyptique.
De son côté, Verna continue son pèlerinage de fanatique illuminée, forçant ses disciples à respirer un air toxique qui leur noircit les veines. Apparemment, mourir lentement de suffocation est une nouvelle forme de foi. On aimerait y voir une métaphore sur la dévotion aveugle, mais à ce stade, difficile de savoir si la série fait exprès de sombrer dans la caricature ou si elle croit vraiment à son discours. La scène aurait pu être glaçante ; elle est juste ridicule. Tout le monde tousse, s’écroule, et Verna déclame des sermons mystico-fumeux qui feraient passer un gourou TikTok pour un prix Nobel. Mitsuki, elle, continue de parler aux murs. Littéralement.
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Ses scènes avec les tentacules luminescentes de la “ruche alien” ressemblent à une séance de méditation sponsorisée par un fabricant de lampes d’ambiance. Depuis trois saisons, la série essaie de faire croire qu’elle entretient une relation spéciale avec ces créatures. Dans les faits, personne ne comprend pourquoi ni comment. Dans cet épisode, elle pose les mains sur un mur organique, hurle, et paf — elle communique avec toute une civilisation extraterrestre. Pas de logique, pas de préparation, juste un cri primal censé symboliser “la connexion”. Le genre de moment qu’un scénariste écrit en espérant que la musique fera le boulot à sa place.
Et évidemment, tout s’arrange aussitôt : le lien est établi, les méchants aliens sont neutralisés, et Mitsuki devient l’incarnation du pouvoir du cœur ou un truc dans ce goût-là. Pendant ce temps, Nikhil, Trevante et Jamila se perdent dans le vaisseau-mère, un décor qui semble avoir été conçu par quelqu’un qui voulait recréer un cerveau, mais a fini par construire un labyrinthe Ikea. Ces couloirs interminables, baignés de lumière pulsante, donnent surtout envie de retrouver la sortie — comme les personnages, d’ailleurs. Chacun est confronté à ses traumas dans une séquence pseudo-psychologique d’un ennui abyssal. Trevante revoit son fils, Nikhil sa mère, Jamila son amour perdu.
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Tout cela sonne creux, recyclé, et sans la moindre intensité. Même leurs peurs semblent fatiguées d’être là. Quand les aliens débarquent enfin, ils se déplacent si lentement qu’on a le temps de se demander s’ils ne sont pas perdus eux aussi. Le clou du spectacle, c’est le face-à-face entre Aneesha et Verna. Deux femmes que la série a présentées comme des miroirs déformés — la mère survivante contre la prophète démente. Le duel final aurait pu être tendu, symbolique, fort. À la place, il se résume à : Verna hurle, Aneesha tire. Rideau. La scène est censée représenter la fin du fanatisme, le retour à la raison, ou quelque chose dans ce genre.
En réalité, c’est juste la fin d’une intrigue dont plus personne ne se souciait. Aneesha ne gagne rien, Verna ne perd rien, et le spectateur, lui, perd dix précieuses minutes de sa vie. Et puis arrive le climax, celui que la saison tease depuis des semaines : la fameuse explosion censée détruire le réseau alien. Après tant d’attente, on espérait au moins une montée en tension, une ambiance d’urgence, une étincelle. Mais non. L’explosion ressemble à une panne d’électricité. L’écran clignote, un petit souffle traverse le décor, et tout le monde repart tranquille. Pas de flammes, pas de perte, pas de réelle conséquence. Même la disparition de Mitsuki, censée être émouvante, frôle le comique involontaire.
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Elle s’évapore dans une lumière douce, avec ses plus beaux souvenirs en fond sonore. C’est le genre de scène qui veut faire pleurer, mais qui donne surtout envie de rire tant elle paraît forcée. On dirait une pub de parfum intergalactique. Une fois le chaos calmé, la série tente un épilogue apaisé. Jamila reprend la peinture (parce qu’apparemment, les traumatismes se soignent à l’aquarelle), Trevante est promu sans qu’on sache pourquoi, et Nikhil passe ses journées à chercher Mitsuki dans le vide. Aneesha, elle, rentre annoncer à ses enfants la mort de Clark dans une scène d’un pathos scolaire. Le carton final “Earth — Day 1 Post-Invasion” tente de donner une impression de renouveau, mais il sonne surtout comme un aveu : tout cela n’a servi à rien.
Ce dernier épisode ne fait qu’enfoncer le clou d’une saison déjà vacillante. Invasion avait promis un récit sur la survie, la communication et la peur de l’inconnu. Elle termine sur un gloubiboulga d’effets spéciaux, de monologues vides et de symbolisme de comptoir. Même la musique, d’habitude salvatrice, semble fatiguée d’essayer de donner du sens à des scènes qui n’en ont plus. Trois saisons à attendre une vraie confrontation entre humains et aliens pour finalement découvrir que le plus grand ennemi, c’est l’écriture elle-même. Entre les dialogues mécaniques, les personnages interchangeables et les mystères jamais résolus, Invasion s’éteint dans un dernier souffle de prétention.
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Peut-être qu’il est temps de laisser cette série reposer en paix. Pas dans le souvenir glorieux d’un chef-d’œuvre incompris, mais dans celui d’une œuvre qui s’est perdue dans son propre brouillard. Et si ce final marque vraiment “la fin de la ligne”, comme le titre le promet, alors pour une fois, la série aura tenu parole.
Note : 0.5/10. En bref, Invasion avait promis un récit sur la survie, la communication et la peur de l’inconnu. Elle termine sur un gloubiboulga d’effets spéciaux, de monologues vides et de symbolisme de comptoir.
Disponible sur Apple TV
Apple n’a pas encore renouvelé Invasion pour une saison 4. Compte tenu de la réception critique qui en fait la pire série de la plateforme, je doute que Apple renouvelle la série pour une nouvelle saison. Simon Kinberg, le créateur de la série, a cependant des plans pour une hypothétique saison 4.
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