Critiques Séries : The Lowdown. Saison 1. Episode 7.

Critiques Séries : The Lowdown. Saison 1. Episode 7.

The Lowdown // Saison 1. Episode 7. Tulsa Turnaround.

 

L’avant-dernier épisode de The Lowdown avance sur un terrain glissant. La tension s’installe non pas dans le bruit, mais dans le désordre intérieur de ses personnages. Lee Raybon, toujours persuadé d’être du côté du bien, s’enfonce dans une quête de vérité qui se transforme peu à peu en délire moral. Ce septième chapitre, à la fois nerveux et désordonné, montre un homme qui perd la mesure de ce qu’il prétend défendre. Depuis le début de la série, Lee n’a jamais cessé de chercher à prouver quelque chose – à lui-même, à sa fille, à ceux qui doutent de sa sincérité. Mais plus la fin approche, plus cette volonté se retourne contre lui. 

 

Dans cet épisode, il s’impose comme un justicier improvisé, persuadé qu’il détient la vérité alors même qu’il la déforme. Il ne suffit plus, pour lui, de dénoncer les injustices ; il veut les corriger, quitte à franchir les limites qu’il reprochait aux autres. Son besoin d’être reconnu comme un “bon homme” se heurte à la réalité de ses actes. Sa fille, Francis, le comprend mieux que lui : elle ne demande pas un héros, juste un père présent. Mais Lee reste enfermé dans l’image qu’il veut projeter, incapable d’accepter sa faillite affective. L’épisode s’ouvre sur un geste mal inspiré : Lee entraîne Marty, son ami et complice occasionnel, vers une église liée au mouvement One Well, un groupe qui mêle religion, paranoïa raciale et ambitions politiques troubles. 

Cette intrusion paraît téméraire, presque suicidaire. Marty ne mesure pas le danger, et Lee, trop centré sur sa croisade personnelle, ne voit pas qu’il l’expose inutilement. Ce face-à-face avec un environnement hostile donne lieu à quelques scènes d’une tension contenue, où chaque parole résonne comme une menace. La série ne force rien : elle laisse le malaise s’installer, comme si la violence n’était qu’à un souffle de se déchaîner. Pendant ce temps, le dossier du testament refait surface. Ce document, censé rendre justice aux véritables propriétaires du terrain d’Indian Head Hills, devient un symbole de trahison. 

 

Déchiré, perdu, réinventé, il concentre tous les paradoxes de Lee : sa volonté de réparer une injustice, mais aussi son incapacité à respecter ceux qu’il prétend défendre. Tout ce qu’il touche semble finir par se retourner contre lui. La rencontre entre Lee et Daymond, un avocat local, en dit long sur la manière dont le monde le perçoit. Daymond comprend vite à qui il a affaire : un homme sincère, certes, mais aveuglé par son propre idéal. “Un de ces types bien intentionnés”, lui fait-il remarquer, d’un ton à la fois ironique et lucide. Cette réplique résume tout l’enjeu moral de la série : la frontière fragile entre l’altruisme et la vanité. Plus tard, une autre scène, plus intime, montre Lee confronté à la vie qu’il a laissée derrière lui. 

Lorsqu’il se rend à une réunion parents-professeurs, il découvre que son ex-compagne a refait sa vie et que leur fille partage désormais ce quotidien avec un autre homme. Ce moment, simple en apparence, révèle la vraie tragédie de Lee : il ne sait pas aimer sans se raconter une histoire sur ce que l’amour devrait être. Sa promesse de montrer à sa fille “ce qu’est un homme bien” sonne creux, car elle trahit un besoin d’être admiré plutôt qu’un désir sincère d’être présent. Le reste de l’épisode se déroule comme une succession de décisions précipitées. Lee s’entête, ignore les avertissements et finit par provoquer ce qu’il voulait éviter : la mort d’un innocent. 

 

Son intrusion dans la vie d’Arthur, vieil homme amérindien qui détenait le fameux testament, déclenche une chaîne d’événements tragiques. Arthur meurt, victime collatérale d’un affrontement entre deux visions du monde : celle du pouvoir blanc, incarnée par Frank, et celle d’une mémoire qu’on tente encore de faire taire. Lee, témoin impuissant, comprend trop tard qu’en voulant faire éclater la vérité, il a accéléré la catastrophe. Cette faute le hante tout au long de l’épisode. Il cherche un responsable – Betty Jo, Marty, Frank – sans admettre sa propre part. Son besoin de justice s’est transformé en fuite en avant. Il ne voit plus les vivants, seulement les symboles. 

Chaque visage devient un miroir déformant de sa propre culpabilité. Ce septième épisode, intitulé « Tulsa Turnaround », prépare la fin, mais refuse la facilité des grandes révélations. Ce qui compte ici, c’est la désorientation morale. Les personnages agissent souvent à contre-sens, comme s’ils étaient pris dans un scénario qui les dépasse. Cette confusion n’est pas un défaut : elle exprime le trouble d’un monde où la vérité n’a plus de centre. Les figures d’autorité — politiques, religieuses ou médiatiques — se confondent dans une même hypocrisie. Les idéaux de justice s’effritent face à la peur et au cynisme. Lee, lui, reste persuadé d’être du bon côté, mais son combat n’a plus d’équilibre. 

 

Ce qui frappe, dans cet avant-dernier épisode, c’est la façon dont The Lowdown lie l’intime et le politique. La quête de Lee n’est pas seulement celle d’un journaliste ou d’un père déchu : c’est celle d’un homme qui découvre que la morale ne suffit pas quand elle se coupe de la réalité. Chaque scène renvoie à cette question : que devient la justice quand elle sert à se racheter soi-même ? Le racisme latent, la manipulation des institutions, la culpabilité historique – tout se mélange dans un récit qui refuse les réponses claires. À la fin, Lee n’est plus un héros, ni même un anti-héros. Il est simplement un homme dépassé par la portée de ses choix.

L’épisode se clôt dans la confusion et la peur. Lee se retrouve encerclé dans l’église, arme en main, face à des hommes convaincus de défendre leur Dieu et leur terre. C’est un moment suspendu, où l’on sent que tout peut basculer. Ce n’est pas tant le suspense qui domine que le sentiment d’avoir atteint un point de non-retour. Lee croyait chercher la vérité ; il se retrouve piégé par sa propre image. Il voulait être un homme de conviction, il devient le symbole tragique d’un idéal sans lucidité. L’épisode laisse une impression amère, celle d’une série qui interroge moins la justice que l’orgueil de ceux qui pensent pouvoir la posséder.

 

Note : 7/10. En bref, dans cet avant-dernier épisode de The Lowdown, Lee Raybon s’enfonce dans une quête de justice qui, guidée par son orgueil plus que par la raison, précipite la chute morale et tragique d’un homme persuadé d’agir pour le bien.

Disponible sur Disney+

 

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