Critiques Séries : The Lowdown. Saison 1. Episode 6.

The Lowdown // Saison 1. Episode 6. Old Indian Trick.

L’épisode 6 de The Lowdown poursuit la lente descente dans les zones grises du pouvoir, des secrets de famille et des illusions qui rongent chacun des personnages. Cet épisode, intitulé « Old Indian Trick », s’ouvre sur un face-à-face attendu entre Lee et Donald Washberg, dans une atmosphère de faux calme où la violence semble toujours prête à surgir. Ce moment, à la fois tendu et feutré, donne le ton : dans The Lowdown, rien n’est jamais tout à fait ce qu’il paraît. Le début de l’épisode reprend là où le précédent s’était arrêté. Donald ne cache pas son mépris pour Lee, ni sa volonté de mettre fin à ses recherches autour de la mort de Dale. 

Pourtant, au milieu des menaces à demi voilées, un détail retient l’attention : Donald ne croit pas que Dale ait été assassiné. Il évoque la rencontre de son frère avec un jeune artiste amérindien, qu’il accuse à demi-mot d’avoir manipulé Dale jusqu’à le pousser au suicide. Cette version des faits sonne comme une tentative de détourner la vérité, mais elle ouvre une piste nouvelle, que Lee s’empresse d’explorer. Il ne cherche plus seulement un meurtrier : il tente de comprendre ce qui a pu détruire un homme rongé par la culpabilité. Ce nouvel angle mène Lee au cœur d’un territoire qu’il ne maîtrise pas. Conscient du malaise que peut provoquer sa présence dans certains espaces culturels amérindiens, il sollicite l’aide de Deidra, sa collègue de la librairie. 

Sa présence l’amuse autant qu’elle le protège, et leur duo forme un contrepoint à la gravité de l’intrigue. Sous les airs d’une enquête anodine, cette excursion devient un moment d’introspection. Lee réalise, souvent à ses dépens, la manière dont son propre regard est perçu. Il n’est plus seulement le curieux obstiné : il devient le symbole d’une certaine maladresse blanche face à une histoire qui ne lui appartient pas. La rencontre avec Chutto, l’artiste évoqué par Donald, et son grand-père Arthur, redonne de la profondeur à l’intrigue. Arthur, vieil homme marqué par la perte et la dépossession, confie à Lee un secret enfoui depuis des générations. 

Le terrain d’Indian Head Hills, autour duquel gravite tout le récit, appartenait jadis à sa famille. Le refus de vendre leur a coûté la vie, et les Washberg ont bâti leur fortune sur cette injustice. Dale, avant sa mort, avait découvert cette vérité. Dans un geste de rédemption, il avait rédigé un testament secret, léguant ses parts de ce terrain à Arthur et à son petit-fils. Ce document devient alors la clé de voûte de l’épisode, révélant les véritables enjeux du conflit. Pendant que Lee assemble les pièces du puzzle, Donald et Frank s’enlisent dans leurs propres compromissions. Leur alliance avec une mystérieuse église, One Well, se révèle beaucoup plus dangereuse qu’ils ne l’imaginaient. 

Sous couvert de religion et de rachat spirituel, cette communauté est en réalité un repaire d’anciens détenus et de fanatiques qui voient dans la terre d’Indian Head Hills une promesse de territoire « pur ». Donald réalise trop tard qu’il s’est associé à un groupe prêt à tout, manipulé par un réseau plus vaste, celui des 46, un cercle d’hommes puissants obsédés par le contrôle du pouvoir local. Ce glissement progressif du politique vers le fanatisme religieux et racial donne à l’épisode une dimension presque documentaire : la fiction rejoint ici une forme de réalisme social inquiétant. Parallèlement, Betty Jo poursuit sa fuite vers une paix illusoire. Retirée dans un centre de bien-être, elle semble vouloir échapper à la tourmente. 

Pourtant, derrière son apparente fragilité, une autre facette se dessine. Lorsqu’elle reçoit l’appel de Lee, lui révélant l’existence du testament caché, elle ne tarde pas à contacter Frank. Ce geste change radicalement la perception du personnage. Betty Jo n’est plus seulement une victime prise entre deux frères ennemis. Elle devient une actrice stratégique, consciente des forces en présence, prête à se servir de chaque information pour assurer sa survie. Ce renversement donne à la série un souffle nouveau : la manipulation n’est plus l’apanage des hommes. Cet épisode se distingue par son rythme plus posé. Après plusieurs chapitres centrés sur les affrontements verbaux ou physiques, « Old Indian Trick » se tourne davantage vers la révélation et la réflexion. 

La mise en scène prend le temps de s’attarder sur les silences, sur la fatigue des personnages, sur cette impression d’inévitable désillusion. Lee, malgré ses efforts, semble comprendre qu’il ne contrôle rien. Chaque pas qu’il fait vers la vérité met d’autres vies en danger. Son obsession pour la cohérence du récit — comprendre qui a tué Dale, pourquoi, comment — devient presque dérisoire face à la complexité morale du monde qu’il explore. Ce qui frappe, dans cet épisode, c’est la manière dont l’histoire d’Indian Head Hills se transforme en miroir des luttes contemporaines. La dépossession des terres, les héritages empoisonnés, les alliances corrompues : tout renvoie à un système qui se nourrit du mensonge et de la domination.

Arthur et Chutto incarnent la mémoire d’un peuple effacé, tandis que Donald et Frank représentent l’arrogance d’une lignée qui refuse de reconnaître sa dette. Entre eux, Lee tente de jouer les médiateurs, mais il reste un témoin maladroit, trop marqué par son propre ego pour comprendre qu’il participe, lui aussi, à une forme d’appropriation. À deux épisodes de la fin de la saison, The Lowdown continue de creuser ses thèmes avec une précision désarmante. Ce sixième épisode, moins spectaculaire en apparence, agit comme un pivot : il révèle les vraies lignes de fracture, celles qui séparent la vérité de la survie, la culpabilité du pouvoir.

Chaque personnage semble désormais pris dans une toile dont il ne pourra plus s’échapper. Et au centre de cette toile, il reste une question que Lee n’a pas encore su formuler : que vaut la vérité, quand elle ne sauve plus personne ?

Note : 6.5/10. En bref, à deux épisodes de la fin de la saison, The Lowdown continue de creuser ses thèmes avec une précision désarmante. Ce sixième épisode, moins spectaculaire en apparence, agit comme un pivot.

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