19 Octobre 2025
The Rainmaker // Saison 1. Episode 10. Episode #1.10.
SEASON FINALE
Cet épisode clôture la saison comme une plaidoirie qui n’aurait jamais dû exister, mais qu’il fallait entendre. Tout au long de The Rainmaker, Rudy s’est battu avec les armes d’un homme ordinaire dans un système taillé pour l’écraser. L’épisode 10 n’est pas celui d’une victoire éclatante, c’est celui d’une résistance lucide. Rien n’y est propre, rien n’y est simple, mais tout y semble nécessaire. Dès les premières minutes, le ton est donné : Rudy agit avec l’énergie d’un type qui n’a plus rien à perdre. Le voir maintenir Pritcher enfermé dans une cave pour obtenir une vérité qui lui échappe encore, c’est déjà comprendre qu’il n’existe plus de ligne claire entre bien et mal. Tout s’est mélangé, la morale, la stratégie, la peur.
Ce n’est plus une affaire judiciaire, c’est une guerre psychologique. Et comme souvent, Rudy n’a pour lui que son instinct. L’arrivée de Bruiser remet un peu d’ordre dans ce chaos. Elle ne joue pas les sauveuses, elle incarne juste la raison que Rudy a perdue de vue. Elle sait que ce qu’ils font est illégal, mais elle comprend aussi que, sans ce risque, rien ne changera. Cette dualité est au cœur de la série depuis le début : la justice n’a de valeur que lorsqu’elle dérange ceux qui la brandissent comme un trophée. Quand Pritcher finit par témoigner, tout bascule. Sa confession n’apporte pas seulement la clé de l’affaire, elle révèle la mécanique de l’horreur : des vies brisées, des morts effacées, des institutions prêtes à tout pour préserver leur image.
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Le moment où il explose à la barre, littéralement, face à Leo, en dit plus sur le pouvoir que tous les discours du procès. La vérité, quand elle surgit, ne se contente pas d’être dite — elle dévore tout sur son passage. Leo, lui, a longtemps incarné ce que Rudy aurait pu devenir s’il avait choisi la facilité. Arrogant, sûr de lui, persuadé que la loi est une arme pour ceux qui savent la manier. Mais dans cet épisode, son masque se fissure. L’idée de le voir contraint de témoigner à son tour, mis à nu devant le tribunal, a quelque chose de symbolique. Il est soudain vulnérable, et tout ce qu’il a construit commence à s’effondrer. Son absence de contrôle sur la suite du procès, confié à Sarah, montre l’ironie du destin.
Elle n’a pas son expérience, mais elle a appris de lui la manipulation, le cynisme, la capacité à frapper là où ça fait mal. Sa prestation glaciale en dit long sur ce qu’elle est devenue. Elle n’est plus l’assistante brillante qu’on découvrait au début de la saison. Elle est le prolongement d’un système qu’elle méprisait autrefois. Le moment où elle utilise le souvenir du frère de Rudy dans sa plaidoirie est probablement le plus dérangeant de tout l’épisode. Non pas parce que c’est cruel, mais parce que c’est efficace. Elle transforme la douleur intime de Rudy en argument de plaidoirie, comme si la souffrance n’était qu’un levier rhétorique.
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À cet instant, j’ai cessé de la voir comme une rivale ; elle est devenue le symbole de cette froideur institutionnelle que la série dénonce depuis le début. Rudy, face à ça, ne cherche pas à gagner par le spectacle. Son dernier discours, au contraire, est d’une sobriété qui tranche avec tout ce qu’on a vu auparavant. Il parle de mères, de fils, de promesses tenues trop tard. Il parle de sa propre culpabilité, sans détour, comme s’il s’adressait à ceux qu’il n’a pas su sauver. Ce n’est plus un avocat qui plaide, c’est un homme qui assume. Le verdict tombe, et c’est presque silencieux. Le jury choisit la voie la plus improbable : celle des victimes. Le géant vacille.
L’hôpital perd son image de forteresse, et Keeley, son directeur, se retrouve acculé. Leo, de son côté, voit la justice se refermer sur lui à son tour. Les autorités l’attendent, les dossiers s’empilent, et les alliances se désagrègent. Cette victoire n’a rien d’héroïque. Elle laisse derrière elle des ruines, des vies en morceaux, et un Rudy fatigué, vidé, mais debout. Il récupère le bar que la banque avait saisi, non pas comme un trophée, mais comme un refuge. Ce lieu, autrefois symbole de ses errances, devient une manière de repartir. Il veut en faire un restaurant, un espace vivant. Un endroit où l’on peut encore respirer après tout ce chaos. Deck, fidèle compagnon de galère, choisit enfin de repasser l’examen du barreau.
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La scène où Rudy lui tend la pièce porte-bonheur de son frère résume parfaitement leur lien. Ce n’est pas un simple geste d’amitié, c’est une transmission. L’idée qu’à force de chuter, on finit par mériter de se relever. Dot, quant à elle, obtient ce qu’elle cherchait depuis le premier épisode : la vérité sur la mort de son fils. Elle ne cherche ni vengeance ni gloire, juste la paix. Elle décide de donner une partie de son argent, de s’occuper d’un nouveau chien, de vivre autrement. Elle incarne cette forme de dignité discrète qui traverse la série : celle des gens qui n’ont pas besoin de lumière pour exister. Le final trouve un écho amer dans la prison, où Brad et Pritcher se retrouvent.
Deux hommes brisés, côte à côte, obligés de se supporter pour survivre. L’un responsable de la chute de l’autre, tous deux écrasés par leurs propres mensonges. C’est une conclusion cruelle, mais logique. Le monde de The Rainmaker n’offre pas de rédemption gratuite. Ce dernier épisode n’essaie pas de séduire. Il clôt un cycle en laissant des traces, comme une plaie qui ne se referme pas complètement. Rudy n’a pas sauvé le monde, il a simplement empêché qu’il s’enfonce un peu plus. Et c’est peut-être ça, la vraie victoire. Pas celle des tribunaux, mais celle d’un homme qui refuse de se corrompre, même quand tout autour de lui l’y pousse.
Note : 7/10. En bref, The Rainmaker finit sa première saison sur cette tension-là : celle entre la foi en la justice et la conscience de sa faillite. Et quelque part, cette ambiguïté est ce qui la rend si juste.
Prochainement en France
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