13 Octobre 2025
The Rainmaker // Saison 1. Episode 9. Episode #1.9.
La vérité a parfois la tête d’un accident. Dans cet épisode, elle surgit au mauvais moment, devant les mauvaises personnes, et tout s’effondre. Le neuvième chapitre de The Rainmaker m’a laissé ce goût étrange d’injustice lucide, celle qu’on voit arriver sans pouvoir l’arrêter. Ce n’est pas une histoire de bons contre méchants, mais de gens qui tentent de rester humains dans un système qui ne tolère plus l’honnêteté. Rudy avance comme quelqu’un qui n’a plus grand-chose à perdre. On sent qu’il n’essaie plus de gagner un procès, mais de sauver quelque chose de plus intime : sa conscience. Dans ce tribunal, chaque mot semble peser des tonnes.
Ses gestes sont hésitants, ses arguments parfois fragiles, mais tout est sincère. Il ne cherche pas à plaire au jury, il parle pour ne pas se taire, parce que garder le silence reviendrait à se ranger du côté de ceux qui effacent les preuves et rachètent les morts à coups de chèques. Face à lui, la mécanique du droit tourne sans faille. Les visages polis, les dossiers bien rangés, les objections froides — tout ce décor impeccable devient le masque d’une machine qui broie ceux qui osent croire qu’elle pourrait être juste. J’ai eu le sentiment de regarder quelqu’un se battre contre une porte verrouillée depuis l’intérieur. La loi, dans cet épisode, ressemble à une parodie d’elle-même : un langage créé pour donner raison à ceux qui savent mieux manipuler les règles qu’en incarner l’esprit.
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Ce que j’aime dans cette série, c’est que la victoire ne se mesure jamais en verdicts. Elle se joue dans les fissures : un regard du juge, une phrase qu’on laisse passer, une vérité dite trop fort. Ici, tout se dérègle quand Rudy laisse échapper ce qu’il n’aurait jamais dû dire. Il n’avait pas de plan, pas de stratégie, juste ce besoin irrépressible d’appeler un crime par son nom. C’est un instant minuscule, mais c’est là que le combat prend sens. Il perd le contrôle du procès, mais il récupère quelque chose de rare : sa propre voix. Les autres personnages gravitent autour de lui avec leurs contradictions. Certains ont troqué leurs valeurs contre la stabilité.
D’autres, comme Bruiser, gardent encore un éclat d’intégrité malgré les compromis. Elle agit souvent en coulisses, mais sa présence change tout. Ce n’est pas une héroïne, juste quelqu’un qui comprend que la justice ne se joue plus dans les tribunaux, mais dans les choix qu’on fait loin des projecteurs. Sa relation avec Rudy dit beaucoup de ce monde : il a besoin de croire qu’il peut encore y avoir des alliés, même si tout semble perdu. Ce que cet épisode raconte, au fond, ce n’est pas un procès. C’est la lente érosion de la morale quand tout devient négociable. Les dialogues, les silences, les regards – tout montre des gens piégés entre leurs principes et leur peur.
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Le droit, ici, n’est plus une promesse, c’est une arme. Et plus l’épisode avance, plus il devient clair que ceux qui savent s’en servir ne sont pas forcément les plus intelligents, juste les plus endurcis. La mise en scène ne cherche pas à glorifier Rudy. Il n’a rien d’un justicier, il n’est pas charismatique. Il fait des erreurs, il s’entête, il se ridiculise même parfois. Mais c’est justement ça qui me touche : son humanité crue. Il est le contrepoint parfait de tous ces personnages qui parlent comme des robots du droit, vidés de toute empathie. Quand il trébuche, on comprend ce que le mot “justice” coûte à ceux qui essaient encore de la défendre sans vendre leur âme. Ce neuvième épisode marque un tournant : la vérité ne gagne pas, mais elle résiste.
Même quand elle est rejetée, déformée, ridiculisée, elle finit toujours par fissurer le vernis. C’est ce que symbolise la dernière scène. L’image n’a rien de spectaculaire, mais elle dit tout : la vérité est encore là, étouffée, ligotée, mais vivante. On ne la tue pas, on la cache. Et c’est peut-être pire. Ce que The Rainmaker réussit à montrer, c’est que la justice n’a jamais été un lieu sûr. Elle dépend des gens qui osent y croire assez longtemps pour y laisser quelque chose d’eux-mêmes. Certains se contentent de gagner. D’autres, comme Rudy, veulent comprendre comment continuer à vivre après avoir perdu. C’est moins brillant, mais plus vrai. Je suis sorti de cet épisode avec un mélange de colère et de résignation.
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La série ne cherche pas à me rassurer, elle me force à regarder ce que je préfère ignorer : la loi ne protège pas forcément les innocents, et la vérité ne s’impose pas d’elle-même. Elle dépend de ceux qui acceptent de la porter, même si elle les écrase. Cet épisode ne donne pas de leçon, il tend juste un miroir. Et ce qu’il reflète n’est pas beau, mais c’est réel.
Note : 6.5/10. En bref, un épisode où la vérité devient une faute, et où Rudy découvre que chercher la justice, c’est surtout apprendre à ne pas devenir comme ceux qui la déforment.
Prochainement en France
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