Les disparues de la gare (Mini-series, 6 épisodes) : une plongée dans le true crime à la française

Les disparues de la gare (Mini-series, 6 épisodes) : une plongée dans le true crime à la française

Les Disparues de la Gare est une mini-série en six épisodes qui s’attaque à une affaire française réelle, celle de plusieurs jeunes femmes disparues à Perpignan à la fin des années 1990. L’une d’elles, Tatiana Andujar, n’a jamais été retrouvée, tandis que trois autres ont été retrouvées mortes. La série a fait le choix narratif de lier cette disparition irrésolue aux meurtres, même si aucun lien n’a jamais pu être prouvé, afin de placer au centre de l’histoire la mère de Tatiana et sa douleur. Dès les premières minutes, la tension s’installe. Perpignan, à la charnière des années 1990 et 2000, se transforme en un personnage à part entière : ses rues, ses ruelles et ses zones d’ombre donnent à la série une atmosphère pesante. 

 

A Perpignan, entre 1995 et 2001, une adolescente disparaît et trois jeunes femmes sont assassinées autour de la gare. Elles sont jeunes, belles et animées par un fort désir d’émancipation. Leurs visages s’affichent dans les journaux. Elles deviennent "les Disparues de la Gare". Flore Robin, jeune enquêtrice, fait ses premiers pas dans la police le jour même où le premier corps est retrouvé. Elle devra faire équipe avec le capitaine de police Franck Vidal et son mentor Felix Sabueso, longtemps mis au placard mais rappelé spécialement pour cette affaire hors normes. Parallèlement, la mère de la jeune fille portée disparue, explore chaque piste pour retrouver sa fille. Pendant 20 ans, alors qu’une véritable psychose s’abat peu à peu sur la ville, la traque d’un tueur en série impitoyable mais introuvable fait rage.

 

L’angoisse et les non-dits sont palpables, et la série sait utiliser ces éléments pour créer une tension sourde et constante. Le choix de mêler le drame familial à l’enquête policière rend le récit plus humain, même si certains choix scénaristiques alourdissent parfois la narration. Les six épisodes retracent l’enquête sur les disparues de la gare sur plus de vingt ans. La série n’adopte pas une linéarité simple : elle navigue entre différentes périodes, multipliant les fausses pistes et explorant la complexité d’une affaire impliquant plusieurs suspects et deux tueurs distincts. Cette approche donne une densité rare à la série, mais elle se fait parfois au détriment du rythme. 

 

Certaines scènes s’étirent et perdent en intensité, ce qui peut rendre le visionnage un peu laborieux. L’histoire est autant celle de l’enquête que celle des familles des victimes. Le deuil, l’incertitude et la frustration des proches sont au cœur du récit. Mélanie Doutey incarne Marie-José Andujar, la mère de Tatiana, avec une justesse et une retenue remarquables. Elle réussit à transmettre la douleur et l’angoisse d’une mère confrontée à l’absence inexpliquée de sa fille, sans tomber dans l’excès. Ces moments intimes apportent une profondeur émotionnelle à la série qui dépasse le simple thriller policier. Le personnage principal, Flore Robin, interprété par Camille Razat, est présenté comme une enquêtrice déterminée, suivant l’affaire sur plusieurs décennies. 

 

Malgré quelques efforts d’interprétation, le personnage reste assez rigide et peine à convaincre. L’écriture insiste sur sa position de femme dans un environnement masculin, mais cela se fait au prix d’une caricature : Flore est systématiquement celle qui fait avancer l’enquête et les autres personnages masculins sont souvent réduits à des clichés. Cela crée un déséquilibre dans le traitement des protagonistes et affaiblit la crédibilité du récit. Les figures masculines, qu’elles soient policiers ou témoins, ne sont pas toujours convaincantes. Certains personnages apparaissent exagérés dans leur comportement ou dans leurs réactions, ce qui tranche avec la gravité de l’histoire racontée. 

 

Ces choix renforcent le sentiment que le scénario, malgré une intention de réalisme, reste parfois coincé entre polar et drame psychologique, sans pleinement s’engager dans l’un ou l’autre. La réalisation de Virginie Sauveur apporte beaucoup à la mini-série. Elle parvient à créer une atmosphère précise et travaillée, sans tomber dans le spectaculaire ni dans la sobriété excessive. La série sait exploiter les silences, les regards et les lumières pour suggérer l’angoisse et la tension intérieure des personnages. Le travail sur l’image et les plans rapprochés rend Perpignan crédible et presque palpable, et la ville devient un cadre vivant, porteur de mystère et de menace.

 

Le rythme choisi par la réalisatrice permet de développer les personnages et les enjeux de l’enquête, même si certaines longueurs persistent. Les respirations offertes par la mise en scène permettent au spectateur de ressentir l’attente, la frustration et la lassitude qui accompagnent une enquête sur plusieurs décennies. Dans ces moments, le récit devient autant psychologique que policier, en explorant les répercussions humaines et institutionnelles du crime. L’un des points forts de la série est la manière dont elle traite l’émotion sans tomber dans le pathos. Les proches des disparues sont montrés avec subtilité : la douleur, la fatigue et le désespoir transparaissent dans les gestes et les regards, plutôt que dans des dialogues explicatifs ou des monologues. 

 

La série évite de réduire les victimes à de simples chiffres ou à des clichés, et donne une voix à leur absence, à travers ceux qui restent et cherchent des réponses. Cependant, ce soin apporté aux émotions ne se retrouve pas toujours dans la partie purement policière. L’intrigue policière, bien qu’explorée sur plusieurs années, souffre parfois d’un scénario trop dense et d’une focalisation sur la vie personnelle des enquêteurs, qui dilue le fil de l’enquête. Quelques épisodes auraient pu être condensés pour renforcer la tension et l’efficacité du récit. Parmi les qualités, il est notable que Les Disparues de la Gare s’attaque à un true crime français, un genre encore peu exploré en série.

 

Le choix de raconter l’histoire sur deux décennies, en mêlant enquête et drame familial, est audacieux. Les interprétations de Mélanie Doutey et de Camille Razat, même si cette dernière peine parfois à convaincre, contribuent à donner vie aux personnages et à humaniser l’histoire. Les effets de lumière, la direction artistique et la mise en scène créent une ambiance qui maintient l’attention. Mais la série accumule aussi les défauts que l’on retrouve fréquemment dans les productions françaises actuelles. Le scénario semble parfois trop préoccupé par des considérations sociales ou morales, au détriment de la fluidité de l’histoire. Les personnages principaux manquent de nuance et de relief, et certaines situations paraissent artificielles. 

 

La voix off, utilisée pour commenter les événements, est superflue et alourdit le récit. Ces choix rendent la série moins percutante qu’elle aurait pu l’être, malgré l’intensité du sujet. Le traitement de la famille de Tatiana est sans doute la partie la plus réussie de la série. Le parcours de Marie-José Andujar, de la détresse initiale à la lassitude et à l’espoir intermittent, est exposé avec subtilité. L’accent mis sur les émotions permet de comprendre l’impact durable d’une disparition non résolue, et la difficulté de continuer à vivre dans l’attente de réponses. Ces moments d’intimité sont souvent les plus forts, car ils donnent un visage et une voix aux victimes, même absentes.

 

L’attention portée aux familles contribue également à la fidélité du récit face à l’histoire réelle. La série ne cherche pas à sensationnaliser les crimes, mais à rendre compte de la complexité d’une enquête longue et frustrante. Les meurtres et disparitions restent au centre de l’intrigue, mais la série montre également les limites des institutions, la fatigue des enquêteurs et le poids du temps sur la mémoire collective. Globalement, Les Disparues de la Gare est une série qui tient par moments, mais qui lasse sur la longueur. L’intrigue se développe sur six épisodes, alors que quatre auraient suffi pour maintenir un rythme plus soutenu. 

 

La mise en scène et le casting sont solides, mais le scénario est alourdi par des digressions sur la vie personnelle des protagonistes et par une écriture parfois trop moralisatrice. L’équilibre entre le polar et le drame familial est difficile à maintenir, et la série peine parfois à captiver pleinement. Malgré tout, il est intéressant de voir une production française s’attaquer à ce type d’histoire. Le récit invite à réfléchir sur les disparitions non résolues, le travail des enquêteurs et la manière dont la société traite les victimes et leurs proches. Même si l’expérience est imparfaite, elle a le mérite d’exister et de mettre en lumière un true crime peu médiatisé. Pour les amateurs de true crime, Les Disparues de la Gare offre une approche différente des classiques documentaires ou des émissions d’investigation. 

 

Elle combine enquête, drame familial et portrait d’une ville sous tension. La série propose une immersion dans l’univers de Perpignan des années 1990, avec ses codes, son ambiance et sa brutalité sous-jacente. L’approche humaine et émotionnelle, portée par Mélanie Doutey, mérite d’être vue, même si la lenteur du récit et les maladresses du scénario peuvent frustrer. Pour ceux qui souhaitent une exploration plus détaillée de cette affaire, il est conseillé de compléter la série par des documentaires ou des émissions d’investigation, qui offrent souvent une approche plus rigoureuse et complète du true crime français. La série, en revanche, permet de ressentir la dimension humaine et dramatique de l’histoire, en donnant un visage aux victimes et à leurs familles.

 

Les Disparues de la Gare est une mini-série qui tente de combiner thriller policier et drame familial autour d’un fait divers complexe. Elle réussit à créer une atmosphère prenante et à rendre hommage aux victimes et à leurs proches, grâce à un casting solide et une réalisation sensible. Mais la série souffre d’un scénario trop long, de personnages parfois caricaturaux et d’une écriture qui dilue l’enquête dans des considérations secondaires. Malgré ses défauts, l’expérience reste intéressante : elle met en lumière un true crime français méconnu, explore les conséquences d’une disparition sur une famille et une ville, et démontre qu’il est possible de traiter un sujet sensible avec retenue et émotion. La série ne révolutionne pas le genre, mais elle apporte une contribution notable au panorama du true crime en France, avec ses forces et ses limites.

 

Note : 5/10. En bref, Les Disparues de la Gare est une mini-série qui tente de combiner thriller policier et drame familial autour d’un fait divers complexe. Elle réussit à créer une atmosphère prenante et à rendre hommage aux victimes et à leurs proches, grâce à un casting solide et une réalisation sensible. Mais la série souffre d’un scénario trop long, de personnages parfois caricaturaux et d’une écriture qui dilue l’enquête dans des considérations secondaires. 

Disponible sur Disney+ et prochainement sur TF1 et TF1+

 

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