17 Octobre 2025
Les premières images de Murdaugh Murders frappent par leur froideur. Un domaine isolé, des cris étouffés, puis le silence. C’est dans cette atmosphère oppressante que s’ouvre la mini-série, inspirée de faits réels qui ont secoué la Caroline du Sud. Trois épisodes suffisent pour mesurer à quel point cette histoire dépasse le simple fait divers : c’est une dissection d’une dynastie rongée par le pouvoir, l’argent et le mensonge. En regardant ces débuts, j’ai eu la sensation d’assister non pas à une fiction, mais à une mise à nu lente et méthodique d’une famille qui s’est longtemps crue intouchable.
Un récit fascinant tiré d’innombrables heures du podcast populaire de Mandy Matney, basé sur des années passées à suivre l’affaire Murdaugh, dans laquelle Alex Murdaugh a été reconnu coupable du meurtre de Maggie et de celui de leur fils Paul.
/image%2F1199205%2F20251017%2Fob_7b4753_vlcsnap-2025-10-16-12h39m24s564.png)
Le premier épisode, choisit de ne pas ménager le spectateur. Tout commence le soir où Alex Murdaugh découvre les corps de sa femme Maggie et de son fils Paul. Une scène courte, presque clinique, mais qui annonce le ton : tout ici respire la tragédie. Très vite, la série remonte le temps. Deux ans plus tôt, les Murdaugh vivent dans une bulle de prestige. Le patriarche, Randolph Murdaugh III, est célébré pour sa carrière d’avocat et sa réputation dans la région. L’image est lisse, presque trop. Mais derrière les sourires forcés et les verres de bourbon, quelque chose sonne faux. Ce premier épisode fonctionne comme une carte de visite : il présente un clan, ses privilèges et ses failles.
Alex apparaît comme un homme de pouvoir, charismatique en apparence, mais rongé par des dettes et une dépendance qu’il dissimule derrière son costume d’avocat prospère. Son fils Paul, lui, ne cherche même plus à cacher son comportement autodestructeur. Je l’ai trouvé irritant dès les premières minutes — un adolescent gâté, persuadé que rien ne peut l’atteindre. Ce qui frappe ici, c’est la manière dont la série montre le décor : des marais, des manoirs, des visages fermés. Tout semble baigner dans un silence complice. Mais ce décor ne sert pas qu’à faire joli : il agit comme une métaphore du poids social qui écrase les personnages. Sous cette apparente stabilité, tout menace de s’effondrer.
/image%2F1199205%2F20251017%2Fob_9996bd_vlcsnap-2025-10-16-13h27m02s814.png)
L’épisode suivant bascule dans le drame. Le 24 février 2019, une sortie en bateau vire au cauchemar. Paul, ivre, perd le contrôle de l’embarcation et percute un pont. Mallory Beach, une jeune femme de son entourage, disparaît dans les eaux sombres. Son corps sera retrouvé quelques jours plus tard. Cet accident n’est pas qu’un tournant narratif : c’est l’instant où la façade Murdaugh commence à se fissurer. Le traitement de cette séquence est direct, sans effet de style. L’eau, les cris, la panique… tout est filmé de manière réaliste, presque documentaire. En regardant cette scène, j’ai ressenti un malaise profond, non pas à cause du choc visuel, mais à cause de ce qu’elle symbolise : un enfant du privilège détruisant la vie d’une autre, sans même comprendre la portée de ses actes.
Ce qui m’a marqué, c’est la réaction d’Alex après l’accident. Au lieu d’un père effondré, la série montre un homme déjà en mode gestion de crise. Il appelle ses contacts, tente d’influencer les rapports, étouffe les preuves. L’émotion cède la place au calcul. C’est là que j’ai compris que Murdaugh Murders ne cherchait pas à raconter un simple crime, mais à exposer un système de protection invisible, nourri par la richesse et les relations. L’épisode met aussi en avant une figure extérieure à cette sphère : Mandy Matney, une journaliste locale. Sa présence apporte un souffle différent. Elle représente la curiosité, la persévérance, le besoin de vérité. Ses scènes servent de respiration dans un récit dominé par la manipulation.
/image%2F1199205%2F20251017%2Fob_41f4c8_vlcsnap-2025-10-16-12h51m40s417.png)
Malgré tout, j’ai trouvé cet épisode parfois confus. Trop de personnages, trop de points de vue. L’émotion aurait gagné à se concentrer davantage sur la famille de Mallory, presque effacée derrière la puissance du nom Murdaugh. Cette absence, d’ailleurs, semble volontaire : elle illustre à quel point certaines victimes sont réduites à des détails dans les récits façonnés par le pouvoir. Le troisième épisode marque un tournant. Après l’accident, les Murdaugh ne sont plus les mêmes. Paul attend son procès, Maggie s’éloigne, Alex s’enfonce. Tout s’effrite, lentement, sans explosion visible. C’est une lente décomposition morale, filmée avec une froideur qui laisse un goût amer. Les tensions dans le couple Murdaugh deviennent le cœur de l’épisode.
Maggie, jusque-là en retrait, s’affirme enfin. Elle découvre les dettes, les mensonges, les détournements d’argent. Les scènes de confrontation entre elle et Alex comptent parmi les plus fortes. Elles rappellent que derrière les gros titres et les affaires judiciaires, il y a une femme prisonnière d’un monde qu’elle ne contrôle plus. Alex, lui, s’enfonce dans une spirale : opioïdes, alcool, mensonges. Sa double vie d’avocat respectable et d’homme désespéré prend toute la place. Ce qui m’a intéressé ici, c’est la manière dont la série suggère le déni collectif : les employés, les amis, même les policiers, continuent de le traiter comme un homme honorable. La vérité, pourtant, est déjà sous leurs yeux.
/image%2F1199205%2F20251017%2Fob_cc43cb_vlcsnap-2025-10-16-13h16m49s370.png)
L’épisode se conclut sur une scène d’audience tendue : les parents de Mallory réclament justice. Leur douleur tranche avec la froideur des Murdaugh. C’est une des rares fois où la série laisse les victimes exister pleinement. Ce contraste m’a paru essentiel : il rappelle que derrière les scandales médiatiques, il reste des vies brisées, des deuils réels. Au-delà de l’histoire, Murdaugh Murders parle de pouvoir et d’illusion. Ce n’est pas seulement une affaire criminelle, mais une étude sur la manière dont une famille peut confondre autorité et impunité. L’argent n’y est pas un simple décor : c’est la véritable arme du récit et la source de tous les problèmes. Chaque membre du clan semble prisonnier de ce système, incapable d’en sortir.
Même Maggie, la plus lucide, reste enfermée dans un rôle qu’elle n’a pas choisi. Ce qui m’a frappé, c’est l’absence de repentir. Aucun des Murdaugh ne semble mesurer la gravité de ses actes. Leurs émotions paraissent filtrées, comme si le drame ne les concernait qu’à moitié. Et c’est peut-être là que la série trouve sa force : elle montre des gens qui ont perdu toute connexion avec la réalité, persuadés que le monde continuera à tourner autour d’eux. Ces trois premiers épisodes posent des bases solides. Le rythme n’est pas toujours fluide, certains passages semblent redondants, mais l’ensemble parvient à maintenir l’attention. Les acteurs portent le récit avec justesse, sans excès.
/image%2F1199205%2F20251017%2Fob_9f19fb_vlcsnap-2025-10-16-12h53m29s812.png)
Les dialogues manquent parfois de naturel, mais la tension reste constante. Ce qui m’a le plus dérangé, c’est un certain déséquilibre dans le traitement des personnages secondaires. Les victimes, notamment Mallory et ses proches, mériteraient plus de place. Par moments, la série semble fascinée par les Murdaugh au point d’oublier ceux qu’ils ont détruits. Malgré tout, la mise en scène reste efficace. Le contraste entre les paysages magnifiques de Caroline du Sud et la noirceur morale des protagonistes fonctionne parfaitement. L’atmosphère est lourde, poisseuse, presque étouffante — ce qui sert le propos.
Murdaugh Murders ne cherche pas à réinventer le genre du true crime bien éculé dans le monde des mini-séries évènementielles. Elle s’inscrit dans une lignée de récits sur les excès de pouvoir et la chute des familles influentes. Mais elle a le mérite de rappeler que derrière chaque affaire médiatique, il y a une tragédie humaine. Ces trois premiers épisodes ne m’ont pas laissé indifférent. J’y ai vu une histoire de déni, d’héritage toxique et de solitude. Ce n’est pas une série qui choque, mais une série qui use, lentement, par accumulation de mensonges et de silences. Je ne sais pas encore où les prochains épisodes mèneront Alex Murdaugh, mais une chose est claire : la chute a déjà commencé.
Note : 6.5/10. En bref, Murdaugh Murders ne cherche pas à réinventer le genre du true crime. Elle s’inscrit dans une lignée de récits sur les excès de pouvoir et la chute des familles influentes. Mais elle a le mérite de rappeler que derrière chaque affaire médiatique, il y a une tragédie humaine.
Disponible sur Disney+
Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog