Trigger Point (Saison 3, 6 épisodes) : toujours la même tension, mais une série qui peine à convaincre

Trigger Point (Saison 3, 6 épisodes) : toujours la même tension, mais une série qui peine à convaincre

Je dois l’avouer dès le départ : je n’ai jamais vraiment accroché à Trigger Point. La première saison m’avait semblé artificielle, presque trop mécanique dans ses effets de suspense et sa manière de traiter les personnages. Les rebondissements ne m’avaient jamais vraiment convaincu, et j’avais eu du mal à m’immerger dans l’histoire. La deuxième saison m’a paru un peu plus aboutie, sans pour autant changer fondamentalement mon ressenti. Les intrigues semblaient moins caricaturales, mais l’ensemble restait très centré sur la figure de Lana Washington, laissant peu de place à une vraie profondeur pour les autres personnages.

 

Et pourtant, je me suis retrouvé devant la troisième saison. Pourquoi ? Sans doute parce que, malgré tout, je reste intrigué par Lana et par la manière dont la série construit sa tension. Dès le premier épisode, il est clair que rien n’a changé : Lana est toujours cette démineuse obsédée par son travail, toujours prête à se jeter au cœur du danger, malgré les traumatismes qu’elle a accumulés depuis des années. Son regard fatigué et cette manière qu’elle a de se concentrer sur les bombes en dit long sur la pression constante qu’elle subit. Je reconnais que Vicky McClure incarne ce personnage avec beaucoup d’intensité, mais cela ne suffit pas à compenser une intrigue qui se répète.

 

Le début de la saison 3 reprend sur un incident classique : un taxi abandonné, un passager coincé à l’intérieur, et un message glaçant « confess or die ». Cette configuration aurait pu m’accrocher si elle n’avait pas déjà été utilisée sous différentes formes dans les saisons précédentes. Ici, je remarque que la série tente de varier la menace en introduisant un tueur solitaire, motivé par une idée de justice personnelle plutôt que par des mouvements politiques. C’est un point positif à mes yeux : le danger devient moins manichéen et plus insidieux, même si je reste sceptique sur la plausibilité de certaines situations.

 

La première victime que je vois dans cette saison me frappe par sa situation absurde mais inquiétante : une professeure d’université, enfermée dans une fosse avec de l’eau qui monte autour d’elle. J’ai trouvé cette scène difficile à regarder, non pas pour la violence, mais pour le sentiment d’impuissance qu’elle génère. Cela montre que la série essaie d’explorer des enjeux plus psychologiques, et j’apprécie cette tentative. Mais en parallèle, certaines ficelles scénaristiques restent trop visibles, et j’ai souvent deviné la suite avant même qu’elle ne se produise.

 

La dynamique avec les nouveaux personnages, comme Rich Manning, apporte un peu de fraîcheur, mais elle reste assez prévisible. Les échanges avec Lana oscillent entre tensions professionnelles et flirt naissant. Ce qui fonctionne, c’est que Lana ne se laisse jamais aller facilement, et ses réactions rappellent que ses expériences passées ont laissé des traces. Mais je n’ai pas vraiment été surpris par leur relation, ni par les petites rivalités entre collègues. Une partie intéressante de cette saison est l’accent mis sur la santé mentale et la fatigue de Lana. Les comprimés retrouvés dans son sac, l’indication d’une dépendance au co-codamol, et ses moments d’agacement montrent qu’elle n’est pas invincible. 

 

Pour la première fois, j’ai ressenti qu’il y avait un vrai coût psychologique à ce métier. Ce mélange de responsabilité, d’obsession et de solitude ajoute une dimension crédible au personnage, même si certaines scènes semblent répétitives. Cependant, j’ai souvent eu la sensation que la série se reposait trop sur son modèle : une bombe, un compte à rebours, des ordres criés, et Lana qui doit désamorcer la situation avant qu’il ne soit trop tard. La tension fonctionne toujours, mais elle est moins surprenante que dans les saisons précédentes. La formule commence à montrer ses limites, et je trouve que la série gagnerait à diversifier ses enjeux ou à donner davantage de profondeur aux personnages secondaires.

 

La menace du nouveau tueur, bien que plus subtile qu’avant, souffre d’un manque de crédibilité par moments. Ses motivations sont dévoilées progressivement, mais certaines scènes sont excessivement élaborées et tirent la série vers le théâtre plutôt que le réalisme. Pourtant, je reconnais que ces moments permettent de maintenir le suspense et de donner à Lana l’occasion de montrer ses compétences exceptionnelles. La série fonctionne sur le ressort classique du « one-woman show », et je dois admettre que McClure parvient à rendre Lana convaincante dans ce rôle.

 

J’ai trouvé que cette saison explorait aussi de manière plus honnête la psychologie de l’équipe. Les dialogues sur la culpabilité, la peur, et le stress lié au métier ajoutent une couche intéressante, même si elle est parfois noyée dans la jargonisation technique. Les acronymes et termes spécialisés sont nombreux, et j’ai souvent dû me concentrer pour suivre les échanges. Cela peut fatiguer un peu, mais cela contribue à donner l’impression d’un univers professionnel crédible. En regardant les six épisodes, j’ai eu le sentiment que la série essayait de se renouveler sans vraiment y parvenir. Les situations restent extrêmes et répétitives, et certaines scènes me paraissent presque caricaturales. 

 

Mais je ne peux pas nier que la tension est efficace et que l’attention reste captée. Les moments où Lana interagit avec ses collègues ou avec des victimes paniquées sont les plus réussis, car ils humanisent une série qui, trop souvent, se concentre sur l’action pure. La conclusion de la saison 3 ne m’a pas surpris. Le tueur est révélé, les motivations expliquées, et Lana sort indemne, comme toujours. Cela reflète bien le problème que j’ai avec Trigger Point : la série repose tellement sur son héroïne que le reste semble secondaire. J’ai aimé certains passages pour leur intensité, mais je reste partagé sur l’ensemble. 

 

Ce n’est ni mauvais, ni révolutionnaire ; c’est une série qui continue d’utiliser ses codes et ses schémas, sans chercher à réellement évoluer. Au final, cette troisième saison m’a laissé un mélange de satisfaction et de frustration. Satisfaction, parce que Lana reste un personnage intéressant à suivre et que la série conserve son suspense. Frustration, parce que la formule commence à se répéter et que les saisons précédentes, déjà peu convaincantes, n’avaient pas préparé le terrain pour un renouveau. 

 

Si une quatrième saison voit le jour, j’espère qu’elle osera donner plus de place aux autres personnages, ou explorer de nouvelles manières de créer de la tension. Sinon, j’ai peur que Trigger Point se contente de rejouer les mêmes scènes et dialogues, et que la fatigue du spectateur finisse par l’emporter sur la curiosité.

 

Note : 4.5/10. En bref, cette troisième saison m’a laissé un mélange de satisfaction et de frustration. Satisfaction, parce que Lana reste un personnage intéressant à suivre et que la série conserve son suspense. Frustration, parce que la formule commence à se répéter. 

Prochainement en France

 

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