28 Octobre 2025
Ça : Bienvenue à Derry // Saison 1. Episode 1. The Pilot.
Derry n’a jamais vraiment quitté les esprits. Cette petite ville fictive du Maine, inventée par Stephen King, hante depuis longtemps la culture populaire. Avec Ça : Bienvenue à Derry, la boucle se referme : la série choisit de revenir avant les événements des films, pour explorer les racines du mal. Le premier épisode, diffusé sur HBO Max, fixe les fondations d’un récit qui cherche à comprendre comment cette ville est devenue le théâtre d’un cauchemar collectif. Dès les premières images, l’intention est claire : le ton sera plus cru, plus frontal. L’histoire s’ouvre sur un gamin nommé Matty Clements, dont la fuite d’un cinéma des années 60 tourne à la descente aux enfers.
Des événements étranges se déroulent dans la ville de Derry dans les années 1960 liés à Pennywise le clown, un personnage mystérieux qui hante Derry.
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Ce point de départ a quelque chose de dérangeant : un enfant en marge, une Amérique figée dans sa façade morale, et l’ombre d’un danger invisible qui rôde derrière chaque sourire. La scène de l’auto-stop installe immédiatement une tension que la série ne cherche pas à dissiper. La séquence est longue, presque étouffante. La famille qui recueille Matty respire la normalité, mais chaque échange sonne faux. Le dialogue s’alourdit, les gestes se déforment, les visages deviennent des masques. La terreur ne vient pas seulement du monstre, mais de cette impression d’être coincé dans un monde où le réel se délite.
Le surgissement du bébé ailé – vision grotesque et dérangeante – marque un basculement brutal. Ce n’est pas tant la créature qui choque que ce qu’elle représente : la naissance du mal dans un cadre ordinaire, domestique. À travers cette ouverture, Andy Muschietti reprend un motif récurrent de son cinéma : la peur ancrée dans la cellule familiale. Le réalisateur, déjà derrière les deux films Ça, continue de creuser cette idée qu’à Derry, la violence n’est jamais lointaine ; elle dort dans les foyers, sous les politesses et les coutumes. L’épisode ne se contente pas d’un choc visuel ; il installe une ambiance de malaise qui colle à la peau. Le scénario avance ensuite de quatre mois.
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Derry a repris son rythme, comme si rien ne s’était passé. Ce déni collectif renforce le sentiment d’oppression. On découvre alors un groupe d’enfants marqué par la disparition de Matty. Lilly, Teddy, Phil, Susie : chacun porte une part de culpabilité ou de peur mal digérée. Ces personnages rappellent forcément le “Club des Losers”, sans pour autant en être une simple copie. Ils cherchent à comprendre, mais la ville semble tout faire pour étouffer leurs questions. J’ai trouvé intéressant que la série ne se jette pas tout de suite dans le mythe de Pennywise. L’absence du clown rend les événements plus inquiétants : la menace existe, mais elle reste diffuse. Les enfants entendent des voix, voient des reflets, sentent une présence.
Cette retenue sert bien le récit : la peur devient psychologique, ancrée dans la banalité du quotidien. C’est là que la série parvient à se détacher de ses prédécesseurs. Visuellement, le travail de reconstitution des années 60 soutient cette atmosphère. Les couleurs ternes, les décors poussiéreux et la lumière diffuse donnent à Derry un visage presque figé dans le temps. Ce n’est pas une nostalgie lumineuse : c’est une Amérique inquiète, celle d’avant la crise nucléaire, où la peur se cache derrière la prospérité. Le parallèle avec la base militaire, introduite dans ce premier épisode, apporte une autre lecture : celle d’une société où la menace extérieure (la guerre, la bombe, l’autre) sert de paravent à une peur plus intime.
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Le major Leroy Hanlon, figure d’autorité en quête de normalité, incarne cette tension entre devoir et angoisse. Ses scènes paraissent d’abord détachées du reste, mais elles participent à l’idée que Derry est un lieu contaminé, où tout finit par pourrir. L’écriture de Jason Fuchs, sans chercher la sophistication, met en avant des dialogues simples et directs. Parfois, cette simplicité frôle la caricature, notamment dans les échanges entre les enfants. On sent que la série cherche encore son équilibre entre réalisme et codes de l’horreur. Mais cette fragilité narrative peut aussi servir le propos : Derry n’est pas un lieu où les voix sonnent justes, c’est une ville où tout semble décalé, comme si le mal y réécrivait les émotions.
La dernière partie de l’épisode, située dans le cinéma abandonné, boucle la boucle du récit. Ce décor, déjà présent dans la scène d’ouverture, devient le cœur du cauchemar. Lorsque les enfants s’y retrouvent pour “enquêter”, tout bascule. L’écran s’allume, les images prennent vie, et la frontière entre le film et la réalité se dissout. Le retour du bébé monstrueux, plus violent encore, vient écraser toute illusion de sécurité. Ce massacre collectif, presque théâtral, clôt l’épisode sur une note de chaos. Ce choix de détruire dès le premier épisode une grande partie du groupe d’enfants est risqué, mais il envoie un signal clair : Bienvenue à Derry ne suivra pas les conventions habituelles du récit d’horreur adolescent. La mort arrive vite, sans logique, comme une loi naturelle de la ville.
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Ce premier épisode laisse donc une impression ambivalente. D’un côté, la série réussit à recréer la terreur sourde propre à l’univers de Stephen King ; de l’autre, certaines scènes peinent à trouver le ton juste, oscillant entre horreur viscérale et imagerie un peu trop explicite. Pourtant, ce déséquilibre participe aussi à l’identité du projet : une exploration du mal sous toutes ses formes, sans chercher à le rendre séduisant. Ça : Bienvenue à Derry ouvre un terrain familier mais encore fertile. Ce premier chapitre pose les fondations d’une histoire qui ne cherche pas à “faire peur” au sens classique, mais à rappeler que la peur, à Derry, n’a jamais cessé d’exister. Elle se transmet, se transforme, et finit toujours par revenir, même quand personne ne veut plus y croire.
Note : 6.5/10. En bref, ce premier épisode laisse donc une impression ambivalente. D’un côté, la série réussit à recréer la terreur sourde propre à l’univers de Stephen King ; de l’autre, certaines scènes peinent à trouver le ton juste, oscillant entre horreur viscérale et imagerie un peu trop explicite.
Disponible sur HBO max
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