1 Novembre 2025
G.R.I.T.S. (Girls Raised in the South) // Saison 1. Episode 1. New Junt.
Diffusé sur la plateforme ALLBLK, G.R.I.T.S. (Girls Raised in the South) s’ouvre avec un premier épisode qui introduit un univers à la fois familier et singulier : celui de trois femmes du Sud des États-Unis, portées par leur amitié, leurs blessures et une passion commune pour le roller-skating. Ce pilote, intitulé “New Junt”, propose une immersion dans Memphis, une ville qui devient presque un personnage à part entière. Entre mélancolie, rythme et chaleur communautaire, ce premier chapitre laisse entrevoir une série qui cherche moins à séduire qu’à raconter avec sincérité. Dès les premières minutes, l’histoire met en avant Keisha, jeune femme marquée par la perte tragique de son ex-compagnon.
Trois femmes de Memphis trouvent refuge dans le roller skating tout en affrontant les défis de la vie. Une compétition de patinage avec un important prix en jeu offre de l'espoir alors qu'elles gèrent le deuil, l'amour et les dangers de la ville, en s'appuyant sur la sororité pour survivre.
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Ce deuil plane sur tout l’épisode, sans jamais l’étouffer. La douleur, ici, ne se traduit pas en cris ou en grands gestes, mais en regards perdus, en silences et en gestes hésitants. Keisha semble figée jusqu’à ce que ses amies Ty et Francis l’entraînent de nouveau à la patinoire, lieu symbolique où tout reprend vie. Ce retour sur la piste agit comme une métaphore de la reprise en main. Le roller n’est pas qu’un loisir : il devient un espace de libération, un moyen de retrouver l’équilibre, au sens propre comme au figuré. L’idée d’un concours de patinage vient ajouter une dimension concrète à cette quête de renouveau, sans en faire un ressort dramatique artificiel.
Le scénario ne cherche pas à rendre la souffrance spectaculaire. Il la traite avec sobriété, en laissant place à des moments de douceur entre amies. L’amitié devient alors une forme de thérapie, celle qui pousse à avancer quand la vie paraît immobilisée. L’intérêt de G.R.I.T.S. réside aussi dans la manière dont la série donne chair à ses trois protagonistes. Keisha, Ty et Francis ne sont pas des archétypes : elles évoluent entre force et vulnérabilité, chacune portant une histoire personnelle distincte. Keisha incarne la lutte intérieure, celle qui naît quand il faut apprendre à vivre avec le vide laissé par la perte. Ty, plus ambitieuse, navigue entre ses responsabilités et son désir d’émancipation.
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Quant à Francis, elle apporte une énergie solaire, un humour discret qui évite à la série de sombrer dans le pathos. Leur amitié n’est pas idéalisée ; elle est faite de contradictions, de taquineries et de soutiens silencieux. Ces interactions rendent leurs liens crédibles et donnent envie de suivre leur évolution tout au long de la saison. L’un des points forts de l’épisode réside dans sa capacité à faire ressentir l’âme du Sud sans tomber dans la carte postale. Memphis y apparaît vivante, parfois rugueuse, souvent poétique. Les plans de rue, les conversations captées sur un porche ou les sons de friture qui s’échappent des cuisines locales participent à une atmosphère presque tactile.
Cette attention au cadre n’est pas gratuite. Elle reflète une culture, un rythme, un héritage que la série assume pleinement. La musique joue ici un rôle essentiel : les notes de soul et de R&B s’entrelacent au hip-hop local pour créer une identité sonore cohérente. Ce mélange musical illustre la pluralité du Sud, entre traditions et aspirations contemporaines. Visuellement, le pilote ne cherche pas à impressionner. La réalisation reste sobre, parfois un peu brute, mais elle privilégie la proximité avec les personnages. Certaines transitions entre les scènes plus intimes et les moments de groupe manquent de fluidité, mais cette imperfection contribue aussi à la sincérité du propos.
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Le budget limité se devine dans quelques décors intérieurs, mais cela ne nuit pas à l’ensemble. La série compense par une attention portée aux visages, aux gestes, à la lumière naturelle. Les séquences de patinage, quant à elles, sont filmées avec une énergie communicative. On sent que le roller n’est pas qu’un décor : il devient langage, moyen d’expression, prolongement de l’état d’esprit des héroïnes. Les échanges entre les personnages possèdent un rythme particulier, marqué par la musicalité de l’anglais du Sud. Même traduits ou sous-titrés, ces dialogues gardent une saveur authentique. Ils oscillent entre humour discret, franchise et tendresse.
Il y a dans cette écriture une volonté de montrer la complexité du quotidien sans forcer le trait. Les références à la vie de quartier, à la famille, aux croyances ou aux blessures passées composent un tableau nuancé du Sud noir américain. Par moments, la série frôle le cliché, mais elle réussit à le dépasser grâce à la justesse de son ton. Rien n’est idéalisé, rien n’est cynique. Ce premier épisode n’est pas exempt de défauts. En seulement une trentaine de minutes, il peine parfois à accorder autant de place à Ty et Francis qu’à Keisha. Le déséquilibre narratif se ressent, notamment dans la construction émotionnelle. Pourtant, cette focalisation sur Keisha peut aussi s’interpréter comme une mise en place nécessaire avant que la série ne s’ouvre davantage sur les deux autres personnages.
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Les stéréotypes régionaux, parfois appuyés, rappellent que le regard porté sur le Sud reste difficile à manier. Mais la série réussit à transformer ces codes en matière vivante. Plutôt que de réduire Memphis à une image figée, G.R.I.T.S. s’en sert comme d’un espace de reconstruction. Ce qui se dégage avant tout de ce premier épisode, c’est une volonté de raconter la solidarité féminine sans slogans ni excès de discours. L’amitié entre ces femmes agit comme un moteur, une forme de résistance à la fatalité. Il ne s’agit pas de se sauver mutuellement, mais de se rappeler que la vie continue, même au ralenti, même sur des roulettes.
Le roller devient le symbole d’un équilibre fragile : celui qu’on perd, qu’on retrouve, qu’on apprend à maintenir malgré les chutes. À travers cette image, la série parle de reconstruction, mais aussi de plaisir, de joie retrouvée dans les petits gestes du quotidien. Ce pilote de G.R.I.T.S. installe un ton, un univers et des personnages qu’il faudra laisser respirer au fil des épisodes. Ce n’est pas une série de grands rebondissements, mais une chronique du Sud contemporain, vue à hauteur de femmes. La sincérité du jeu des actrices, la chaleur du cadre et la cohérence de l’univers donnent envie de voir comment ces trois parcours vont évoluer.
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Derrière les patins et la musique, il y a une réflexion plus large sur ce que signifie “grandir” quand le passé pèse encore sur les épaules. Ce premier épisode de G.R.I.T.S. trace une route pleine de promesses. Il ne révolutionne pas le genre, mais il installe une voix singulière dans le paysage des séries afro-américaines. Avec sa sensibilité et son ancrage culturel, il trouve un juste équilibre entre douleur et légèreté. Loin d’être une simple série sur le roller, G.R.I.T.S. parle surtout de la manière dont on avance, même quand tout semble nous retenir. Un début modeste, mais sincère, qui donne envie de suivre la trajectoire de ces femmes du Sud, prêtes à rouler vers une nouvelle version d’elles-mêmes.
Note : 7/10. En bref, ce premier épisode de G.R.I.T.S. trace une route pleine de promesses. Il ne révolutionne pas le genre, mais il installe une voix singulière dans le paysage des séries afro-américaines. Avec sa sensibilité et son ancrage culturel, il trouve un juste équilibre entre douleur et légèreté.
Prochainement en France
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