Critiques Séries : Tracker. Saison 3. Episode 3.

Tracker // Saison 3. Episode 3. First Fire.

Après les deux premiers épisodes intenses de la saison 3, Tracker revient avec l’épisode 3, et le moins que l’on puisse dire, c’est que celui-ci adopte une tonalité plus sombre et dérangeante. Si la série n’a jamais hésité à explorer des affaires inquiétantes ou moralement complexes, cette nouvelle enquête laisse une impression mitigée. L’épisode démarre avec un cadre inquiétant : une tempête frappe le nord-est des États-Unis, plongeant un établissement psychiatrique dans le noir. Heston, un patient, profite de cette opportunité pour s’évader, tuant une infirmière au passage. L’introduction crée un vrai suspense et rappelle les premières saisons de Tracker, où l’environnement lui-même jouait un rôle dans la tension dramatique.

Cependant, dès les premières minutes, on sent que le récit va s’écarter des intrigues classiques de la série. Alors que les deux premiers épisodes se concentraient sur des machinations complexes comme The Process, ici, la menace est plus directe et moins subtile, avec un côté presque film d’horreur. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la série glisse sur ce terrain. Elle a déjà exploré des affaires du genre dans les deux saisons précédentes. Cela change l’ambiance de la saison, mais pas toujours de manière convaincante. Comme souvent dans Tracker, Colter se retrouve face à un antagoniste qui ne se limite pas à un simple criminel : Heston est mentalement instable, et ses parents, à moitié désabusés, semblent mêlés à l’affaire sous prétexte de protéger le monde de leur fils. 

Cette dynamique familiale, teintée de culpabilité et de peur, rappelle par moments les enjeux humains que la série avait su installer dans la saison 2 avec Reenie et la famille Shaw. L’épisode explore aussi le danger que représentent les croyances extrêmes. La sœur Carlotta et son réseau religieux utilisent la psychose d’Heston pour tenter un rituel macabre. Si la série a déjà plongé dans des affaires troublantes, l’approche ici est particulièrement sombre, oscillant entre suspense et gore. Cette fois, l’horreur n’est pas seulement physique, mais psychologique, ce qui renforce le malaise du spectateur. Malgré un départ prometteur, le milieu de l’épisode s’enlise. 

Colter, accompagné de Dundee, suit les indices qui mènent à un corps découvert dans des circonstances répétitives. On a déjà vu des situations similaires dans les saisons précédentes : la série excelle quand les indices surprennent le spectateur, mais ici, la progression est prévisible. Dès l’arrivée sur le terrain de la sœur Carlotta et de Jared, le spectateur anticipe la trahison, réduisant l’effet de surprise. Ce défaut de rythme contraste avec l’efficacité de l’épisode 2, où chaque découverte semblait à la fois logique et tendue. Le mélange de suspense et de révélation qui faisait le succès de cet arc avec The Process est moins présent ici, donnant l’impression que l’épisode s’étire inutilement. Si le scénario pêche par moments, l’épisode continue de valoriser certains personnages secondaires.

Randy, par exemple, apporte un ton léger et décalé qui équilibre la noirceur de l’affaire principale. Son rôle reste essentiel pour déchiffrer certaines informations et créer des interactions plus humaines avec Colter et le reste de l’équipe. De son côté, Reenie étend son rôle en intégrant Mel dans l’équipe. Même si la dynamique de Mel reste mystérieuse et que son enthousiasme peut paraître suspect, ce nouveau personnage ouvre des possibilités narratives intéressantes pour la suite de la saison. Cette évolution rappelle ce que la série avait initié dans « Leverage », en donnant plus de présence aux seconds rôles et en équilibrant les interactions avec les frères Shaw.

L’épisode se termine sur une note qui mélange soulagement et malaise : Heston est neutralisé, mais l’excès de violence et les réactions étrangement détachées des parents laissent un goût étrange. Dundee, blessé en apparence mortellement, se relève comme si de rien n’était, et l’ensemble laisse une impression d’incomplétude. Comparé aux épisodes 1 et 2 de cette saison, qui réussissaient à mêler tension, intrigue et enjeux familiaux, cet épisode 3 semble moins abouti. Il conserve certaines qualités – le suspense psychologique, la noirceur des situations et la complexité humaine – mais ne parvient pas à les exploiter pleinement. Malgré ses limites, cet épisode joue un rôle important dans la construction de la saison. 

Il montre que Tracker est capable d’explorer des terrains différents, quitte à expérimenter avec des récits plus sombres ou à tonalité horreur. La mise en avant de personnages secondaires comme Mel ou l’approfondissement de la complicité entre Randy et Colter prépare des développements futurs, et rappelle que la série ne se limite pas aux intrigues centrées sur les Shaw. L’épisode 3 de la saison 3 de Tracker est une heure sombre, étrange et inégale. Si le suspense initial et le danger psychologique fonctionnent, le récit devient prévisible dans sa seconde moitié, et certaines réactions des personnages manquent de réalisme. 

Cependant, la série continue de montrer sa force dans les relations humaines et la dynamique d’équipe, notamment avec Colter, Reenie et Randy. Malgré ses imperfections, cet épisode permet à la saison de respirer et d’explorer de nouvelles tonalités avant de revenir à des intrigues plus centrées sur les frères Shaw. La saison 3, après un départ solide et une seconde intrigue efficace, montre ainsi que Tracker n’a pas peur de prendre des risques, même si tout ne réussit pas toujours.

Note : 5/10. En bref, une heure sombre, étrange et inégale. Si le suspense initial et le danger psychologique fonctionnent, le récit devient prévisible dans sa seconde moitié, et certaines réactions des personnages manquent de réalisme. 

Prochainement sur TF1 et TF1+