3 Novembre 2025
Tulsa King // Saison 3. Episode 7. Art of War.
J’aimerais pouvoir dire que Tulsa King a enfin retrouvé son souffle avec l’épisode 7 de la saison 3, mais ce serait mentir. Ce n’est pas un épisode catastrophique, ce n’est même pas le pire de la saison, mais c’est exactement le genre de chapitre qui confirme que la série glisse doucement vers quelque chose de plus fade, plus mécanique, presque sans saveur. On sent encore l’ombre de ce qu’elle a été, mais plus la force. Comme si la série tournait sur son propre mythe sans plus chercher à surprendre ni à raconter quelque chose de solide. Dans "Art of War", on retrouve Dwight Manfredi qui manœuvre encore une fois comme un vieux parrain indestructible, capable de retourner n’importe quelle situation à son avantage.
Sur le papier, c’est censé être jouissif : Stallone qui écrase tout le monde d’un regard et d’une phrase, c’est ce qu’on est venus voir. Sauf qu’au bout de vingt épisodes, le même gimmick commence à s’essouffler. Chaque conversation se termine comme prévu, chaque obstacle s’écroule sans réelle résistance, et la série tourne en boucle sur l’idée que Dwight est toujours dix coups d’avance sur le monde entier. C’était fun quand c’était inattendu. Maintenant ça devient une formule. L’épisode joue la carte politique avec l’Attorney General, un angle intéressant mais qui reste superficiel. Dwight exploite la faiblesse du procureur général, l’enfonce dans les dettes et l’écarte de Dunmire.
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Oui, tout fonctionne. Oui, Dwight gagne encore. Mais il gagne trop facilement, trop vite, trop souvent. Résultat : plus aucune menace ne paraît crédible. Même les nouvelles têtes, censées apporter de la tension, s’effondrent sans lutter. Tulsa King oublie que pour rendre un héros impressionnant, il faut un ennemi à sa hauteur. Cette saison n’en offre aucun. Le seul moment où l’épisode laisse croire qu’il va enfin oser quelque chose, c’est avec Dunmire. Son empire se fissure, il panique, il devient imprévisible. Pendant quelques secondes, on pense qu’il va commettre l’irréparable, qu’il va tuer son propre fils. Là, il y avait du potentiel. De la noirceur. Du choc.
Mais la scène retombe aussitôt, comme si la série n’assumait jamais ce qu’elle suggère. La violence est là, mais sans âme, sans conséquence, juste posée pour faire illusion. Et même cette scène finit sur une note maladroite, avec une réplique douteuse qui tente maladroitement d’ajouter de la psychologie là où il n’y en a pas. L’autre gros raté, c’est encore une fois l’équilibre entre drame et comédie. Tulsa King, au début, tenait debout grâce à ce mélange improbable entre mafieux new-yorkais et humour involontaire de poisson hors de l’eau. C’était léger, ironique, parfois même absurde, mais ça fonctionnait. Cette saison a perdu ça. Les ruptures de ton sont tellement abruptes qu’on ne sait plus si on doit rire ou lever les yeux au ciel.
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Les scènes censées être drôles tombent à plat, les dialogues sérieux se prennent trop au sérieux, et au final la série ne ressemble plus vraiment à ce qu’elle promettait. Certains personnages auraient pu sauver l’ensemble, mais ils n’ont jamais le temps d’exister. Spencer, enfin un peu mise en avant, n’a droit qu’à un développement sans intérêt : une romance forcée avec Cole, dont personne ne voulait. Tyson et Goodie héritent d’un sous-plot qui ne sert strictement à rien, sinon prouver qu’on ne sait plus quoi faire d’eux. Et Quiet Ray, censé être le vrai danger, disparaît de l’épisode comme s’il n’avait jamais été installé comme pièce maîtresse.
Tout le monde attend son grand mouvement contre Dwight, mais l’écriture le laisse pourrir hors champ, juste assez pour qu’on se souvienne qu’il existe. À ce stade, on n’a plus vraiment l’impression d’être devant une série construite, mais plutôt devant une suite de morceaux jetés là, prêts à être recollés au dernier moment dans un final qui fera semblant d’avoir tout prévu depuis le début. Même les scènes d’action ont perdu leur mordant. La tentative d’assassinat de Cole à la fin de l’épisode précédent aurait dû changer la dynamique. Au lieu de ça, elle est déjà presque oubliée et n’a servi qu’à créer un sursaut éphémère. Et pourtant, malgré tout ça, impossible de totalement lâcher Tulsa King.
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Parce qu’on sait qu’elle peut faire mieux. Parce que Stallone, même dans une scène écrite à moitié, dégage toujours une présence que d’autres séries n’arrivent même pas à créer avec toute une équipe de scénaristes. Parce que certains retournements, comme l’arrestation de Dunmire, arrivent encore à éveiller une curiosité presque contre notre volonté. La série n’est pas morte. Elle est juste paresseuse. En pilotage automatique. Et c’est peut-être ça le plus frustrant : ce n’est pas une série ratée, c’est une série qui refuse d’être à la hauteur de son potentiel. Il reste trois épisodes avant la fin de la saison. Autant dire qu’il n’y a plus de place pour le remplissage.
Il va falloir arrêter de parler de Sun Tzu et commencer à en appliquer les principes. Il va falloir accepter que Dwight ne peut pas tout gagner sans perdre quelque chose. Il va falloir des conséquences, du risque, de la peur, du vrai danger. Et surtout, il va falloir arrêter d’empiler des intrigues secondaires qui ne servent qu’à occuper l’écran sans nourrir l’histoire. Si la série veut rebondir, c’est maintenant ou jamais. Sinon, elle terminera la saison comme elle l’a commencée : en donnant l’impression de tourner autour d’un centre qui n’existe plus.
Note : 4.5/10. En bref, tout n’est pas raté mais la série commence à se prendre les pieds dans le tapis et à tourner en rond.
Disponible sur Paramount+
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