Critique Ciné : Elvis (2022)

Critique Ciné : Elvis (2022)

Elvis // De Baz Luhrmann. Avec Austin Butler, Tom Hanks et Olivia DeJonge.

 

Ce n’est pas facile de raconter l’histoire du King du rock’n’roll dont l’influence sur la musique est toujours présente. Pas facile car sa vie n’a pas vraiment été un long fleuve tranquille et parce que le personnage reste complexe. Baz Luhrmann (Moulin Rouge, Gatsby le Magnifique) nous offre alors un écrin de la surenchère de décors clinquants comme à son habitude pour tenter de masquer certains défauts de son scénario. On est forcément portés par la musique du King du début à la fin du film, ce qui permet de passer de bons moments (son concert dans un Etat raciste, ses débuts à Las Vegas, le premier show qui va faire naître ses célèbres mouvements de jambe, etc.) mais le réalisateur se cache derrière des excès visuels qui ne font que laisser le vrai héros dans l’ombre. Elvis c’est surtout les paillettes et pas vraiment la quintessence même d’Elvis Presley. Baz Luhrmann, au delà de toute cette esbroufe visuelle, cache finalement Elvis aussi derrière le Colonel, le manager manipulateur incarné par Tom Hanks. Austin Butler (The Carrie Diaries) n’a donc que très peu de moments où il peut montrer ce qu’il a dans le ventre en dehors d’être sur scène et refaire les moments clés de la vie du King.

 

La vie et l'œuvre musicale d'Elvis Presley à travers le prisme de ses rapports complexes avec son mystérieux manager, le colonel Tom Parker. Le film explorera leurs relations sur une vingtaine d'années, de l'ascension du chanteur à son statut de star inégalé, sur fond de bouleversements culturels et de la découverte par l'Amérique de la fin de l'innocence.

 

Tout n’est pas raté dans Elvis pour autant mais à quoi bon appeler un film Elvis si le héros n’est autre que le narrateur : Parker incarné par Tom Hanks. On sent que Baz Luhrmann se contente donc de son acteur star (bien plus connu qu’Austin Butler) pour porter un récit qui n’avait pas besoin d’autant de sa présence. Le film passe donc complètement à côté de certains sujets qui auraient mérités d’être creusés comme certains politiques qui n’aimaient pas sa proximité avec les artistes afro-américains qui ont inspirés sa musique ou sa gestuelle trop sexuelle pour le public américain profond. Elvis se cache donc derrière les décors, les costumes et la musique du King pour donner vie à un récit qui ne creuse jamais rien. Elvis se contente donc de gratter la croute sans en faire grand chose. Le film ressemble alors à une sorte de tapisserie musicale qui reste séduisante mais qui ne fonctionne pas autant que l’on pourrait le souhaiter. Ce n’est pas forcément très inspiré dans la mise en scène qui elle aussi tente de cacher ses faiblesses derrière l’esbroufe.

 

Je pensais que Baz Luhrmann aurait appris de ses erreurs passées mais je suis forcé de constater que le réalisateur a du mal à briller. Il fait des propositions qui se cachent constamment derrière une musique ou un décor et des costumes qui viennent cacher la misère de la forêt. Tout n’est pas à jeter pour autant car cela permet aussi de se replonger dans un monument du rock’n’roll américain qui reste l’artiste solo masculin ayant vendu le plus de disque au monde (oui, ce n’est pas Michael Jackson) avec plus d’un milliard de disques vendus (tout en sachant qu’il en avait vendu 700 000 de son vivant !).

 

Note : 4.5/10. En bref, une tapisserie comme Luhrmann aime en produire. Dommage de cacher les éléments intéressants de son récit ET son héros derrière une esbroufe visuelle parfois difficile à digérer.

Sorti le 22 juin 2022 au cinéma

 

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