10 Août 2022
They/Them // De John Logan. Avec Kevin Bacon, Anna Chlumsky et Theo Germaine.
Pour son premier film en tant que réalisateur, John Logan mélange deux univers : les thérapies de conversion et un tueur étrange avec un angle horrifique. Je me demande cependant ce qui est passé dans la tête du scénariste de… Skyfall, Aviator ou encore Alien: Convenant. En prenant les thérapies de conversion et en les transposant dans le monde horrifique c’est assez logique. They/Them à prononcer They Slash Them a probablement plus passé de temps à réfléchir à son titre qui veut aussi parler de Jordan, personnage trans non-binaire, qui se réfère aux pronoms They/Them. Le film introduit son récit comme n’importe quel slasher avec toutes les séquences du genre que l’on peut attendre. Les jump-scares sont assez prévisibles et surtout ratés car ils n’ont rien d’original (la scène sous la douche dans la nuit, rien de neuf sous le soleil pour comprendre qu’il ne se passera rien dans le premier quart d’heure du film).
Un groupe d’adolescents dans un camp de conversion LGBTQ+ endure des techniques psychologiques troublantes tout en étant traqués par un mystérieux tueur.
Là où They/Them réussi quelque chose c’est à parler de ce sentiment d’injustice alors que les adolescent(e)s doivent adopter un style de vie plus « normal en lien à leur genre de naissance ». C’est un malaise qui se manifeste à de nombreuses reprises de manière évidente, comme lorsque Alexandra est forcée de coucher avec les garçons après sa supposée « tromperie » sur son genre. Le camp est même plus insidieux par moment dans la façon dont il puise et exploite les sentiments de honte des adolescents. Sur cet aspect psychologique, They/Them fonctionne assez bien et délivre des moments intéressants qui ne font que renforcer ma haine envers l’existence de ce genre de camps. Si certains des adolescents sont là de leur plein gré, d’autres ont été forcés par leurs parents mais j’apprécie tout de même que They/Them ne fasse pas la chasse aux parents par rapport à son camp mais plutôt à tous ses personnages et ce qu’ils ressentent chacun de façon individuelle.
Tout cela n’est qu’une graine qui permet de créer une sorte de tension artificielle et une atmosphère d’oppression à sa façon. Les éducateurs commencent à montrer leurs vrais visages dans la seconde partie du film (si ce n’est même un peu avant) permettant de les transformer en monstres en plus de celui qui rode dans la forêt (et qui est introduit comme un mauvais épisode d’une série horrifique des années 90). Le côté slasher du récit semble parfois vivre en périphérie du film, sans que cela soit cohérent avec le reste. Si John Logan s’était contenté de son camp et ces ados, peut-être que They/Them aurait fonctionné. Il n’y a aucune idée de mise en scène dans ce qu’il faut qui permet de réellement transcender le genre mais le scénario a quelques bonnes idées. Il faut attendre le dernier quart d’heure pour que cela bouge un peu plus même si le monde cruel de violence ne peut que laisser sur sa faim un téléspectateur venu chercher un slasher. They/Them est un film hybride mal vendu et mal fagoté.
C’est monté avec les pieds et cela gâche bien souvent de bonnes idées. Des dialogues sont mal écrits et des scènes filmées comme un mauvais Direct to DVD qui ne peut pas vraiment engager le spectateur dans l’histoire. Kevin Bacon ou encore Carrie Preston ne font que renforcer ce sentiment de superficialité. La direction du casting est tellement mauvaise que cela n’a jamais l’intérêt que le film veut avoir au premier abord. Les acteurs cabotinent avec le peu de matériel qu’ils ont entre les mains et à la fin They/Them est un échec.
Note : 4/10. En bref, malgré de bonnes idées They/Them est une expérience qui ne sait jamais sur quel pied réellement danser. Après une introduction intéressante, le ballon se dégonfle rapidement.
Prochainement en France en VOD
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