Critique Ciné : Yannick (2023)

Critique Ciné : Yannick (2023)

Yannick // De Quentin Dupieux. Avec Raphaël Quenard, Blanche Gardin et Pio Marmaï.

 

On n’arrête plus Quentin Dupieux. Le prolifique réalisateur français continue d’abreuver nos cinémas de petites comédies. Aussi étrange que Yannick puisse paraître, il est peut-être une sorte d’introspection du réalisateur sur la peur d’ennuyer son public. Il vient alors utiliser le théâtre de boulevard, un théâtre divertissant et bon public, comme façon de critiquer à sa façon les choses. Yannick est un peu une autocritique mais aussi une critique cinéma en général. Il veut secouer le public, lui rappeler que l’on est ici pour s’amuser, se divertir et ressortir comme Yannick mieux que l’on est entré. Dans un sens il n’a pas tord même si cette vision est finalement imposée sans critique derrière. Il y a quelque chose de sombre dans les réflexions et films de Quentin Dupieux. Derrière son héros, il propose quelque chose d’assez étonnant qui fonctionne. Forcément, pour apprécier pleinement Yannick il faut aussi apprécier Raphaël Quenard. Lui que j’avais adoré dans Chien de la Casse m’impressionne ici par sa façon de prendre le film et d’en faire le sien. 

 

En pleine représentation de la pièce « Le Cocu », un très mauvais boulevard, Yannick se lève et interrompt le spectacle pour reprendre la soirée en main...

 

Yannick sait être drôle. C’est étrange comme sentiment car tout porte à penser que l’on ne va pas vraiment rire, que l’on va être mis de côté pour imposer une réflexion qui n’est peut-être pas celle que l’on espérait. Pour autant, le film fonctionne tant dans la dramaturgie (car la pièce et le manque d’amour est clairement une introspection de Yannick lui-même) mais aussi sur le plan de l’humour qui est toujours là à guetter pour tomber à des moments où on ne s’y attend pas. Derrière des mots simples, Yannick vient critiquer ce parisianisme pompeux qui se complait à voir des pièces sans âme alors que des gens, vivant en banlieue (ou en province) font des kilomètres et posent peut-être des congés pour être diverti. Il y a une vraie critique derrière Yannick et c’est suffisamment subtile et intelligent pour fonctionner. Ce qu’il raconte dans Yannick est logique et a beaucoup de sens. Chaque réplique est une surprise inattendue, créant avec le spectateur un lien où celui-ci ne peut s’ennuyer. 

 

Le réalisateur délivre ici un film intime, celui de ses propres convictions et en fait un vrai brûlot sur l’anti-intellectualisme assez fort. Raphaël Quenard est forcément la figure de proue (et il est bon !) mais Blanche Gardin et Pio Marmaï viennent apporter quelque chose de plus comique dans des situations assez fortes. C’est un film étrange, comme le cinéma de Quentin Dupieux sait en faire et surtout bien plus réussi que le dernier de sa filmographie Fumer Fait Tousser qui était répétitif, ennuyeux et sans grande surprise. 

 

Note : 8/10. En bref, Yannick incarne tout ce que je peux aimer chez Quentin Dupieux : sa façon de créer la surprise avec des brics et des brocs sans esbroufe. Raphaël Quenard porte le film. 

Sorti le 2 août 2023 au cinéma

 

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