17 Janvier 2024
Anti-Squat // De Nicolas Silhol. Avec Louise Bourgoin, Samy Belkessa et Sâm Mirhosseini.
Il y a quelque chose de frappant dans Anti-Squat et cela vient de la mise en scène de Nicolas Silhol (Coporate, L’amour-propre) qui transforme cet univers sensé aider les gens en situation de précarité du logement en univers clinique et froid. Cela permet de souligner les manigances de la société Anti-Squat qui exploite moyennant un loyer ce filon pour se faire de l’argent sur des bureaux inoccupés. Anti-Squat s’inspire d’une loi qui a été promulguée en juin 2023 et qui permet à des entreprises de loger des gens de façon temporaire afin d’éviter que les locaux finissent squatter. Afin de nous plonger dans cet univers nous avons Inès, en situation compliquée par rapport à son logement et qui en a besoin afin d’aider son fils Adam. L’emploi qu’elle trouve chez Anti-Squat est l’occasion pour elle de se sauver la mise en attendant de trouver un autre logement. Le film met en avant le corporatisme sans pour autant trop en faire. C’est construit comme un thriller mais avec une très grande partie humaine.
Inès est menacée de se faire expulser de chez elle avec Adam, son fils de 14 ans. A la recherche d’un emploi, elle est prise à l’essai chez Anti-Squat, une société qui loge des personnes dans des bureaux inoccupés pour les protéger contre les squatteurs. Son rôle : recruter les résidents et faire respecter un règlement très strict. Inès est prête à tout pour se faire embaucher et s’en sortir avec Adam. Mais jusqu’où ira-t-elle ?
Car au fond, Anti-Squat est aussi là pour nous raconter les histoires de tous ces gens qui vont devenir résidents temporaires et qui seront sous la houlette d’Inès. Ce que j’apprécie dans ce récit où Louise Bourgoin est plutôt convaincante c’est que Anti-Squat ne cherche pas la résolution facile. Au contraire, plutôt que de donner bonne conscience à son héroïne, celle-ci va penser à elle avant de penser aux autres. Pourtant, le film cherche à montrer autre chose quand Inès veut que tout le monde squatter l’immeuble et le prenne en otage. Inès est une femme tiraillée entre ses convictions et le besoin qu’elle a trouver un travail à tout prix pour se sortir avec son fils de sa situation. Nicolas Filhol filme ça de façon très austère, rappelant ainsi que derrière les moments de joie, quelque chose de sombre va arriver. Ces bureaux vides sont sinistres et l’ambiance, même si parfois elle peut être chaleureuse, a tout de même le poids de ce que les personnages vivent.
Au fond, Anti-Squat n’est pas parfait mais il parvient à développer une histoire sans les facilités attendues du genre. Cela change vraiment de tout ce que l’on peut voir dans le registre du film social. Plutôt que de faire d’Inès une héroïne avec de vraies valeurs à la fin, le film préfère justement montrer l’égoïsme à la française et que chacun pense à lui avant de penser aux autres.
Note : 6/10. En bref, un film froid qui ne tombe pas dans les facilités du film social et sa fin souvent joviale.
Sorti le 6 septembre 2023 au cinéma - Disponible en DVD et VOD
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