16 Mai 2024
David E. Kelley reste le maître des dialogues et du scénario mais A Man in Full a beau être riche en affaires et magouilles, ce n’est pas spécialement une série qui brille non plus. Le créateur prolifique adapte ici le roman de Tom Wolfe mais cela manque tout de même d’éléments du roman. Le premier roman de Tom Wolfe, Le Bûcher des Vanités avait été adaptée en 1990 par Brian DePalma et avec Tom Hanks. C’était un sacré mauvais film mais David E. Kelley fait les mêmes erreurs dans cette mini-série en six épisodes. Le plus gros problème c’est Jeff Daniels (The Newsroom) qui ne va pas du tout au rôle de Charlie Crocker. J’adore cet acteur mais il ne va pas au personnage. Ce n’est pas tout car A Man in Full manque aussi du mordant vilain de Tom Wolfe, de la connaissance privilégiée des privilèges et du mépris d’un étranger pour les institutions américaines et les égocentriques qui les dirigent.
Au bord de la faillite et aux prises avec des ennemis sans pitié, un magnat de l'immobilier d'Atlanta fait tout pour remonter la pente alors que son empire s'effondre.
Tom Wolfe est bon dans la critique de classe et raciale. Mais A Man in Full perd justement de ce mordant là très rapidement, incapable de recréer l’univers sardonique de Tom Wolfe. A Man in Full reste efficace par ses dialogues mais elle ne sait clairement pas de quoi elle parle. Elle ne sait pas ce que le roman incarne et on se retrouve avec une mini-série filiforme et assez plate. Le manque cruel de piquant est vraiment problématique même si dans son ensemble, la série sait se regarder. Malgré toutes les qualités que A Man in Full a en coulisse (comme Regina King et Thomas Schlamme à la réalisation), on sent que la série n’ose jamais rien. Pourtant, tout est là. Bien réalisé, bien écrit, bien joué et l’on sent que Netflix a lâché son portefeuille. Ça fait plaisir à voir mais il aurait fallu retrouver le personnage de Charlie Crocker comme il l’est dans le roman de Tom Wolfe.
Est-ce que Netflix a donné des consignes pour que A Man in Full se transforme en produit qui ressemble à tout un tas d’autres séries du même genre ? Peut-être. Surtout que le génie de David E. Kelley n’est jamais vraiment présent. Il aurait pu transcender le roman et offrir quelque chose de neuf tout en gardant la substantifique moelle mais il n’en est rien. Le roman se déroule dans les années 90 en pleine présidence de Clinton avec ce que cela a pu impliquer en termes de politique raciale, de sexe et d’argent. En délocalisant le récit à notre époque, A Man in Full perd là aussi de son mordant. Surtout que le scénario ne fait rien pour moderniser le tout, donnant l’impression de voir une série vieillotte dans un habit moderne. Les personnages féminins, qui ne sont pas vraiment considérés chez Wolfe ont ici une nouvelle tenue. Cela casse là aussi ce qui faisait Tom Wolfe.
On sent tout de même que Jeff Daniels cherche à aborder cette série et son personnage avec enthousiasme et essaye de faire de son mieux. Mais le résultat n’est pas vraiment celui que j’attendais non plus. Finalement, A Man in Full est une mini-série décevante qui manque cruellement du mordant du roman d’origine et qui s’égare dans une production très jolie mais finalement trop académique.
Note : 4.5/10. En bref, rien de fou.
Disponible sur Netflix
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