Critique Ciné : Club Zero (2023)

Critique Ciné : Club Zero (2023)

Club Zero // De Jessica Hausner. Avec Mia Wasikowska, Sidse Babett Knudsen et Amir El-Masry.

 

Le cinéma de Jessica Hausner n'a jamais été conventionnel, mais avec son nouveau film Club Zero, elle semble avoir franchi une nouvelle étape dans l'incompréhensible. Ce film, qui se veut un conte plus qu'un récit réaliste, échoue malheureusement sur plusieurs plans, allant de la conception de son décor à la profondeur de ses personnages. Le cadre principal de Club Zero est une école aux allures improbables. Dès les premiers plans, la décoration et les costumes s'imposent comme des éléments si stylisés et désincarnés que l'immersion du spectateur est compromise. On se trouve face à des espaces froids, presque cliniques, où tout semble avoir été soigneusement calibré pour créer un sentiment de malaise. Les cours de mandarin, les séances de trampoline et les moments de danse, loin d'apporter une touche de réalisme, renforcent cette atmosphère artificielle.

 

Miss Novak rejoint un lycée privé où elle initie un cours de nutrition avec un concept innovant, bousculant les habitudes alimentaires. Sans qu’elle éveille les soupçons des professeurs et des parents, certains élèves tombent sous son emprise et intègrent le cercle très fermé du mystérieux Club Zéro.

 

Cette approche stylistique pourrait avoir un sens si elle servait un propos clair, mais ce n'est pas le cas ici. Au contraire, elle éloigne le spectateur, le plongeant dans une sorte d'indifférence glaciale. Un des aspects les plus critiques de Club Zero réside dans ses personnages. L'absence de profondeur psychologique est flagrante. On ne s'identifie à aucun d'entre eux, et pire, on se désintéresse rapidement de leur sort. Cette distance émotionnelle empêche toute forme d'attachement ou d'empathie, laissant le spectateur comme un simple observateur passif face à un spectacle hermétique. Les dialogues dans Club Zero semblent être une collection de thèmes à la mode, lancés les uns après les autres sans véritable fil conducteur. On perçoit bien une tentative de critiquer certaines théories contemporaines ou d'aborder les abus d'une classe dominante, mais le tout est si maladroitement exécuté que le message se perd. 

 

Hausner semble vouloir dénoncer quelque chose, mais quoi exactement ? Cette question reste sans réponse. Il y a dans Club Zero une obsession pour les décors et la mise en scène. Chaque plan semble être méticuleusement arrangé pour ressembler à une maison de poupée. Cette stylisation extrême pourrait être intéressante si elle servait une histoire captivante ou des personnages complexes, mais ce n'est pas le cas ici. Le film donne l'impression de se concentrer sur la forme au détriment du fond, ce qui le rend prétentieux et superficiel. Club Zero ne réconciliera pas les spectateurs avec Jessica Hausner, surtout ceux qui ont déjà été déçus par son précédent film Little Joe. Ce dernier avait déjà été critiqué pour ses choix esthétiques et narratifs discutables, et Club Zero ne fait que renforcer cette impression. On y retrouve les mêmes erreurs : une insistance sur le style au détriment du contenu, et une incapacité à engager véritablement le spectateur.

 

En fin de compte, Club Zero est une œuvre qui échoue à captiver ou à convaincre. Son esthétique froide et stylisée, l'absence de personnages attachants, des dialogues confus et un message incertain le rendent difficile à apprécier. Jessica Hausner semble plus préoccupée par l'apparence que par la substance, et cela se ressent tout au long du film. Pour ceux qui cherchent une expérience cinématographique riche et engageante, Club Zero ne sera pas le bon choix. Il s'agit d'un film à oublier rapidement, en espérant que Hausner saura rebondir avec des projets futurs plus aboutis et plus humains.

 

Note : 2/10. En bref, une déception à la hauteur de ce qu’il y a dans les assiettes.

Sorti le 27 septembre 2023 au cinéma - Disponible en VOD

 

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