Interview with the Vampire (Saison 2, 8 épisodes) : plus macabre que jamais

La deuxième saison de Interview with the Vampire transforme le monde en une vaste scène de théâtre. Avec une approche théâtrale prononcée, cette saison est marquée par des notifications à l'écran rappelant les programmes de théâtre et une musique thème qui commence comme l'accord d'un orchestre avant une pièce. Cette saison met en lumière l'exaltation de la performance et la frustration d'être piégé dans des rôles insatisfaisants. L'univers vampirique d'Anne Rice (qui a déjà inspiré et de nombreuses œuvres de la culture populaire), prend vie dans cette série. La hiérarchie et les alliances fragiles des vampires se reflètent parfaitement dans un groupe de jeunes acteurs parisiens. C'est dans ce contexte que Claudia et Louis de Pointe du Lac (incarné par Jacob Anderson) évoluent après avoir quitté leur créateur cruel, Lestat de Lioncourt (Sam Reid), à la Nouvelle-Orléans. 

Ils se retrouvent dans un coven théâtral dirigé par le vampire ancien, Armand (Assad Zaman), où le pouvoir est en perpétuelle lutte. À leur arrivée, Claudia et Louis découvrent un Armand affaibli par la vision de Lestat, qui perçoit la non-vie comme une occasion de briller et de séduire. Armand et Louis, tous deux marqués par Lestat, trouvent en quelque sorte un terrain d'entente. Delainey Hayles succède brillamment à Bailey Bass dans le rôle de Claudia. Son interprétation dépeint Claudia comme une figure fascinée par le drame du Théâtre des Vampires, où les performances macabres dissimulent des meurtres nocturnes. Claudia, sous les traits de Hayles, montre une volonté farouche et une cruauté à peine contenue. Désireuse de faire partie du groupe, elle subit des rites d'initiation humiliants, cherchant désespérément leur acceptation. 

Lorsqu'elle est choisie pour un rôle uniquement en raison de son apparence juvénile éternelle, sa déception est palpable. L'adoration du public ne parvient pas à remplacer la camaraderie qu'elle recherche, une attitude qui la met en danger. Louis, quant à lui, reste hanté par les souvenirs de Lestat. Les rôles de son ancien amant et du principal antagoniste de la série sont repris respectivement par Armand et Santiago (Ben Daniels). La performance de Daniels, exubérante et dramatique, s'accorde parfaitement avec l'atmosphère mélodramatique de la série. Malgré ses réticences initiales, Louis est rapidement attiré par Armand, avec une cour romantique exagérée en toile de fond. L'interaction entre Louis et l'interviewer Daniel Molloy (Eric Bogosian) ajoute une dimension intrigante à la série. Bogosian brille dans son rôle, apportant un contrepoint ironique à l'histoire de Louis. 

Un épisode qui revient sur leur première rencontre en 1973 est particulièrement marquant, mêlant romance sombre et horreur authentique tout en restant fidèle au langage original de Rice. Comme Damon Lindelof l'a fait avec Watchmen, Rolin Jones choisit de situer Interview with the Vampire dans une époque contemporaine, ce qui permet de rendre hommage à la source tout en lui ajoutant de nouvelles dimensions. Un voyage en Europe de l'Est, bien que bref, enrichit considérablement l'intrigue en éclairant l'état déchu des vampires dans cette région et en approfondissant les personnalités de Claudia et Louis. La série n'hésite pas à inclure des moments amusants et des références culturelles, même si certains peuvent sembler trop « mignons » pour certains spectateurs. Des tentatives de relier Interview with the Vampire aux autres œuvres de l'univers d'Anne Rice, comme Mayfair Witches, sont présentes mais restent discrètes. 

Ces éléments n'enlèvent rien à la qualité globale de cette saison, qui demeure aussi sexy et effrayante que la première. En échangeant la Nouvelle-Orléans pour Paris, Interview with the Vampire continue d'explorer la vérité et le pouvoir de la performance avec une profondeur impressionnante. Les nouveaux membres du casting s'intègrent parfaitement à la complexité mélodramatique de la série, où les motivations les plus insignifiantes peuvent avoir des conséquences horribles. Portée par des performances féroces, cette saison est une incarnation parfaite de la capacité unique des histoires de vampires à mêler désir et horreur. En conclusion, la saison 2 de Interview with the Vampire élève la série à de nouveaux sommets théâtraux et dramatiques, tout en restant fidèle à l'esprit original de l'œuvre d'Anne Rice. Les fans de la série et des histoires de vampires en général trouveront ici une exploration riche et captivante des thèmes de la vérité, de la performance et des dynamiques de pouvoir.

Note : 8.5/10. En bref, une saison théâtralement réussie, entre émotions, romance, horreur et amour du macabre. 

Prochainement sur myCanal

AMC a renouvelé Interview with the Vampire pour une saison 3.