11 Juillet 2024
The Bikeriders // De Jeff Nichols. Avec Austin Butler, Jodie Comer et Tom Hardy.
Jeff Nichols signe un retour remarquable avec The Bikeriders, un film qui, bien qu'influencé par des œuvres emblématiques telles que Les Affranchis, Easy Rider et Sons of Anarchy, parvient à captiver grâce à une mise en scène inspirée et un casting exceptionnel. L'histoire dépeint avec amertume l'ascension et la chute d'une culture émancipatoire centrée autour de la moto, symbole ultime de liberté. Austin Butler, dans le rôle de Benny, brille en incarnant un crooner des années 60 tiraillé entre la raison représentée par sa femme, magistralement interprétée par Jodie Comer, et sa passion pour le gang de motards qu'il considère comme sa famille. Tom Hardy offre également une performance mémorable en chef de gang tourmenté, un rôle où il démontre un investissement et une intensité remarquables, malgré un accent du Midwest parfois déroutant.
Dans un bar de la ville, Kathy, jeune femme au tempérament bien trempé, croise Benny, qui vient d’intégrer la bande de motards des Vandals, et tombe aussitôt sous son charme. À l’image du pays tout entier, le gang, dirigé par l’énigmatique Johnny, évolue peu à peu... Alors que les motards accueillaient tous ceux qui avaient du mal à trouver leur place dans la société, les Vandals deviennent une bande de voyous sans vergogne. Benny devra alors choisir entre Kathy et sa loyauté envers le gang.
À leurs côtés, Norman Reedus et Michael Shannon se distinguent dans ce casting all-star, insufflant vie aux membres des Vandals sur une période allant de 1965 à 1973. Le film, tiré du livre de photos The Bikeriders de Danny Lyon publié en 1967, explore les défis et les dynamiques internes d'un gang de motards à travers les yeux de Katy (Jodie Comer), dont les interviews servent de fil conducteur. Ce choix narratif confère au film une dimension féministe, mettant en lumière les contradictions et les violences potentielles des motards, souvent comparés à des alcooliques impulsifs. Nichols réussit à immerger le spectateur dans une époque révolue, grâce à une reconstitution minutieuse des décors et une bande son exclusivement composée de classiques des années 60. Les scènes de violence post-Vietnam et la montée du crime au sein du gang sont habilement intégrées, apportant une dimension de "gangster story" qui enrichit le récit.
The Bikeriders n'est pas un film d'action classique, mais un drame poignant où la lenteur du rythme initial sert à approfondir les personnages et leurs relations. Les 45 premières minutes peuvent sembler longues, mais elles posent les bases nécessaires à la compréhension des enjeux émotionnels. La seconde partie, plus intense, offre enfin les scènes de conflits et de camaraderie attendues, révélant la solitude et le désœuvrement de ces jeunes en quête de reconnaissance au sein du club de motards. Le film se distingue par son ambiance immersive, évoquant le tabac, le kérosène, le soufre et l'alcool. Il rappelle des classiques comme L'Équipée sauvage et Sons of Anarchy, avec une touche à la Scorsese. Les décors et la bande sonore sixties contribuent à créer une expérience sensorielle intense qui transporte le spectateur dans l'univers des Vandals.
The Bikeriders est une réflexion sur la liberté, la violence et la quête d'identité. Le film explore comment la guerre du Vietnam et les aspirations de pouvoir des jeunes générations ont gangrené un groupe initialement uni par une passion commune. Nichols parvient à équilibrer tendresse et violence, offrant un portrait nuancé d'un microcosme en pleine mutation. En résumé, The Bikeriders de Jeff Nichols est un film qui, malgré quelques longueurs et une structure narrative parfois inégale, parvient à captiver grâce à ses performances d'acteurs, sa réalisation immersive et sa bande son nostalgique. Que vous soyez passionné de motos ou simplement amateur de drames bien construits, ce film ne vous laissera pas indifférent. Montez sur votre Harley et laissez-vous emporter par cette aventure cinématographique poignante et inoubliable.
Note : 7/10. En bref, un retour réussi pour Jeff Nichols qui malgré quelques longueurs parvient à nous piquer.
Sorti le 19 juin 2024 au cinéma
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