21 Août 2024
Sidonie au Japon // De Elise Girard. Avec Isabelle Huppert, Tsuyoshi Ihara et August Diehl.
Le dernier film d'Élise Girard, Sidonie au Japon, semble être un exercice de style qui échoue à captiver. La prémisse d’une écrivaine française, interprétée par l'incontournable Isabelle Huppert, qui se perd dans un Japon aseptisé, aurait pu être l’occasion de découvrir un pays fascinant et plein de contrastes. Pourtant, ce film se transforme rapidement en un voyage stérile et sans âme, une balade monotone au cœur d’un Japon vidé de ses habitants et de ses mystères. Dès les premières scènes, le film instaure un rythme lent, qui se veut peut-être poétique, mais qui finit par paraître languissant. Huppert, dans le rôle de Sidonie, erre dans les rues désertes et les paysages figés d’un Japon de carte postale, où la vie semble avoir été mise en suspens. Le film tente de jouer sur l’opposition entre l’Occident et l’Orient, un contraste qui a souvent donné naissance à des œuvres cinématographiques riches et profondes. Mais ici, cette opposition reste superficielle et manque cruellement de profondeur.
Sidonie se rend au Japon à l’occasion de la ressortie de son best-seller. Malgré le dévouement de son éditeur japonais avec qui elle découvre les traditions du pays, elle perd peu à peu ses repères… Surtout lorsqu’elle se retrouve nez à nez avec son mari, disparu depuis plusieurs années !
Sidonie, au départ réticente à l’idée de ce voyage, voit sa vie bouleversée par sa rencontre avec son éditeur japonais, un homme taciturne et renfermé, interprété par Tsuyoshi Ihara. Leur relation, censée être le point d’ancrage émotionnel du film, se révèle être tout aussi insipide que le reste de l’intrigue. Leur histoire d’amour se développe sans véritable passion, tout comme le personnage de Sidonie, qui se contente de suivre les événements sans vraiment s’y impliquer. Le film manque cruellement de rythme, et les rares tentatives d’introduire des éléments surnaturels ou poétiques tombent à plat. Les apparitions du fantôme du mari défunt de Sidonie, censées ajouter une dimension mystique au récit, n’arrivent pas à rompre l’ennui qui s’installe rapidement. Ces scènes, loin d’ajouter de la profondeur, ne font que renforcer l’impression d’un film scolaire, où chaque élément semble avoir été ajouté de manière mécanique, sans réelle inspiration.
L’une des faiblesses majeures de Sidonie au Japon est son scénario, qui souffre de clichés éculés et d’un manque flagrant d’originalité. Le voyage initiatique de Sidonie, censé être une quête de renouveau, manque d’enjeux et de surprises. Les métaphores visuelles, comme le pull rose assorti aux cerisiers en fleurs, sont tellement grossières qu’elles en deviennent risibles. Le film se termine par une scène où Sidonie abandonne sa valise, une tentative maladroite de symboliser son allègement spirituel, qui ne parvient qu’à souligner la vacuité du propos. Visuellement, le film ne manque pas de beauté. Les paysages du Kansai, les biches du parc de Nara, les scènes de nuit à Tokyo ou Kyoto sont indéniablement magnifiques. Mais ces images, aussi belles soient-elles, ne suffisent pas à masquer la pauvreté de l’histoire. Le film ressemble davantage à un dépliant touristique qu’à une œuvre cinématographique.
La réalisation, qui aurait pu tirer parti de cette esthétique pour enrichir le récit, se contente de capturer des images sans jamais leur donner vie. Même la bande sonore, majoritairement composée de pièces pour piano, n'arrive pas à insuffler l’émotion qui manque cruellement au film. La musique, au lieu de soutenir le récit, semble accentuer son caractère monotone. À aucun moment, elle ne parvient à briser l’atmosphère de torpeur qui imprègne le film. En fin de compte, Sidonie au Japon laisse un goût amer de déception. Isabelle Huppert, pourtant capable de performances d'une grande intensité, semble prisonnière d'un rôle qui ne lui offre rien à explorer. Son jeu distant et froid, qui aurait pu être interprété comme une forme de subtilité, apparaît ici comme le reflet d'un film dénué de toute émotion véritable. Même Tsuyoshi Ihara, acteur japonais de talent, est réduit à une figure pâle et sans relief, incapable de donner corps à son personnage.
Si certains y voient une œuvre délicate et poétique, je ne peux m’empêcher d’y voir une expérience frustrante et ennuyeuse. Ce film, qui aurait pu être une méditation sur le deuil, la solitude et le choc des cultures, se perd dans un ennui sans fin. Même les rares tentatives d’humour ou de burlesque ne parviennent pas à sauver ce naufrage cinématographique. En conclusion, Sidonie au Japon est une déception. Un film qui, malgré ses ambitions et la présence de grands acteurs, échoue à captiver et à émouvoir. Les belles images ne suffisent pas à faire un bon film, et celui-ci en est la preuve éclatante.
Note : 2/10. En bref, une carte postale vidée de substance.
Sorti le 3 avril 2024 au cinéma - Disponible en VOD
Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog