Critique Ciné : Trap (2024)

Critique Ciné : Trap (2024)

Trap // De M. Night Shyamalan. Avec Josh Hartnett, Ariel Donoghue et Saleka Shyamalan.

 

En tant que grand admirateur du travail de M. Night Shyamalan, j'attendais avec impatience la sortie de Trap, son dernier film. Connu pour ses récits tordus et ses retournements de situation inattendus, Shyamalan est un réalisateur qui a su captiver les foules, surtout depuis son retour en force avec The Visit. Cependant, bien que Trap semblait prometteur, il s'est finalement avéré être une déception. Dès le début, Trap nous attire avec un concept des plus fascinants : une opération de police se déroulant lors d'un concert de popstar pour capturer un tueur en série, venu assister à l'événement avec sa fille. L'idée est osée et originale, et l'on peut s'attendre à un film riche en suspense et en tension. Josh Hartnett, qui interprète ce tueur surnommé "le Boucher", fait un retour remarqué dans ce rôle complexe. 

 

30 000 spectateurs. 300 policiers. Un tueur.

Cooper, père de famille et tueur en série, se retrouve pris au piège par la police en plein cœur d’un concert.

S’échappera-t-il ?

 

Son interprétation est sans conteste l'un des points forts du film, surtout durant la première moitié où l'on suit son personnage évoluer dans cette situation de plus en plus précaire. La première partie de Trap est sans aucun doute la plus réussie. Shyamalan excelle dans la mise en scène de l'atmosphère tendue et de l'ambiguïté morale de son protagoniste. Hartnett joue à merveille ce père de famille qui se révèle peu à peu être un dangereux prédateur. Le spectateur est plongé dans une partie de cache-cache haletante où le tueur, malgré ses airs de proie traquée, prend plaisir à manipuler ses poursuivants. Shyamalan maîtrise parfaitement l'art du suspense dans ces premières scènes, utilisant des plans serrés pour illustrer la dualité du personnage de Hartnett. Sa caméra capte chaque nuance de son jeu, passant de l'inquiétude paternelle à la froideur calculatrice avec une fluidité déconcertante.

 

Malheureusement, cette tension savamment construite ne dure pas. À partir du moment où le film bascule dans une seconde moitié, moins rigoureuse, Trap perd de sa force. Le scénario, qui jusque-là tenait le spectateur en haleine, s'effondre sous le poids de choix narratifs discutables. Les personnages, jusqu'alors bien campés, commencent à agir de manière incohérente, et l'intrigue part dans des directions inattendues mais mal maîtrisées.  Le problème majeur de cette seconde partie est qu'elle s'éloigne trop de son concept initial. Ce qui faisait la force du film, à savoir cette situation unique du concert, est abandonné au profit d'un enchaînement de séquences plus classiques et moins inspirées. Ce changement de ton déstabilise et crée une rupture qui nuit à l'immersion du spectateur. Le personnage de Riley, central dans la première partie, disparaît presque totalement, et de nouvelles intrigues sont introduites de manière maladroite. 

 

On aurait pu explorer davantage la relation entre le père et sa fille, mais le film préfère se concentrer sur des éléments secondaires qui n'apportent rien de substantiel au récit. Ce qui aggrave encore la situation, ce sont les retournements de situation de plus en plus invraisemblables qui se succèdent dans la dernière partie du film. Ces twists, loin d'ajouter du suspense, finissent par rendre l'intrigue confuse et incohérente. La tension retombe brutalement et laisse place à une sorte de comédie involontaire, où les actions des personnages semblent dictées par une volonté de choquer plutôt que de servir l'histoire. On en vient même à douter de la compétence des forces de l'ordre, tant elles sont tournées en ridicule par les subterfuges improbables du tueur. Le dernier acte du film, en particulier, laisse un goût amer. Les situations s'enchaînent à un rythme effréné, mais sans réelle logique ou cohérence. Le spectateur est bombardé de twists qui, au lieu de surprendre, finissent par lasser. 

 

Le climax du film, qui aurait dû être le point d'orgue de cette tension accumulée, se révèle décevant, voire absurde. La scène finale, où le tueur parvient une fois de plus à s'échapper, ne fait qu'ajouter à la frustration générale. On sort de la salle avec une impression de gâchis, se demandant où voulait en venir Shyamalan avec ce récit. Au final, Trap est une œuvre qui avait tous les ingrédients pour être un grand film de Shyamalan, mais qui échoue lamentablement à tenir ses promesses. Si la première partie laisse entrevoir ce que le film aurait pu être, la seconde s'enlise dans des choix scénaristiques douteux et des personnages mal exploités. Shyamalan, qui nous avait habitués à des récits intelligemment construits, semble ici perdre le contrôle de son histoire, nous laissant avec un sentiment de déception profonde.

 

Bien sûr, Trap n'est pas le pire film de Shyamalan mais il reste néanmoins une grande désillusion, surtout pour ceux qui, comme moi, espéraient un retour en force du réalisateur. Le potentiel était là, mais il est malheureusement resté inexploité, laissant place à une œuvre inégale et frustrante. Un rendez-vous manqué, qui ne fait que renforcer l'idée que Shyamalan est un réalisateur capable du meilleur comme du pire.

 

Note : 4/10. En bref, une première partie réussie mais une seconde qui laisse le film échapper au spectateur. 

Sorti le 7 août 2024 au cinéma

 

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