11 Septembre 2024
L’étoile filante // De Dominique Abel et Fiona Gordon. Avec Fiona Gordon, Dominique Abel et Kaori Ito.
Le duo Abel et Gordon, autrefois reconnu pour leur capacité à insuffler une belle poésie dans le cinéma burlesque, semble avoir perdu de son éclat avec leur dernier film, L'Étoile filante. Alors que leurs premiers films, comme L’Iceberg, avaient su trouver un équilibre parfait entre humour et poésie, cette dernière œuvre laisse un goût d'inachevé. En effet, L'Étoile filante se révèle être un film décevant qui peine à captiver son public, et ce, malgré une intrigue prometteuse sur le papier. Le film nous plonge dans l'histoire de Boris, un ancien activiste recherché depuis des décennies pour son implication dans un attentat. Ce dernier, incarné par Dominique Abel, se cache sous l'identité d'un barman dans le bar L'Étoile filante. Sa nouvelle vie paisible est menacée lorsqu'une ancienne victime le reconnaît et cherche à se venger. Pour échapper à cette menace, Boris trouve un sosie en la personne de Dom, un solitaire désabusé, et lui fait endosser son identité.
Bruxelles, aujourd’hui. Boris, barman, vit dans la clandestinité depuis 35 ans, à la suite de son implication dans un attentat qui a mal tourné. Son passé refait surface quand une victime le retrouve et veut se venger. L’apparition de Dom, homme dépressif qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Boris, fournit à l’ex- activiste le moyen parfait pour échapper à la vengeance. Boris et sa compagne, Kayoko, épaulés par leur portier, Tim, tissent une toile funeste autour de Dom. Ils ignorent l’existence de son ex-femme, Fiona, détective privée...
Ce stratagème, qui aurait pu donner lieu à des quiproquos savoureux et des situations cocasses, reste malheureusement sous-exploité. Bien que l'intrigue présente des éléments intrigants et pourrait faire penser à un film noir avec ses détectives, ses coups de feu, et ses personnages inquiétants, le résultat final est loin de répondre aux attentes. Abel et Gordon, connus pour leur capacité à dynamiter les genres, semblent ici avoir opté pour une approche trop sage. Le film s'étire en longueur et l'échange de personnages, au lieu de générer les gags attendus, finit par laisser le spectateur sur sa faim. Là où L'Étoile filante déçoit particulièrement, c'est dans son traitement du burlesque. Alors que le duo belge-canadien a su, par le passé, faire preuve d'une maîtrise remarquable de ce genre, ici, la magie semble s'être estompée. Le film s'appuie sur une succession de saynètes qui, au début, peuvent amuser, mais qui finissent par lasser. Le scénario, trop mécanique, manque de fluidité et donne l'impression d'être une simple accumulation de gags sans réelle cohérence narrative.
Néanmoins, il faut reconnaître que quelques scènes se distinguent, notamment une séquence de danse qui rappelle le savoir-faire du duo. Abel et Gordon savent chorégraphier les corps avec une finesse qui évoque parfois les œuvres de Pina Bausch. Cette scène isolée est l'un des rares moments où le film parvient à capturer la poésie et la légèreté qui faisaient autrefois la force de leur cinéma. Si l'idée de base de L'Étoile filante avait de quoi séduire, le film bascule rapidement dans une tragi-comédie qui manque cruellement de relief. Le mélange des genres, entre film noir et comédie burlesque, n'est pas réussi. Le film oscille sans cesse entre une ambiance pesante et des tentatives de gags qui tombent souvent à plat. La lenteur du récit et la complexité inutile de l'intrigue finissent par éloigner le spectateur, qui se désintéresse rapidement du sort des personnages. Le personnage de Boris, bien qu'interprété avec justesse par Dominique Abel, ne parvient pas à susciter l'empathie.
Quant à Dom, son sosie dépressif, il reste sous-développé, et sa relation avec Boris aurait mérité d'être davantage explorée pour apporter un peu plus de profondeur à l'histoire. En fin de compte, L'Étoile filante ne parvient pas à retrouver la magie des premiers films d'Abel et Gordon. Le film s'enlise dans une intrigue tarabiscotée, où le burlesque peine à briller. Malgré quelques moments de grâce, notamment la séquence de danse, l'ensemble reste décevant. Le potentiel comique de l'échange d'identités est sous-exploité, et la mécanique du scénario finit par lasser. On regrette que ce duo talentueux, autrefois maître dans l'art du burlesque poétique, n'ait pas su redonner vie à ce genre en déclin. L'Étoile filante s'éteint sans jamais vraiment briller, laissant un sentiment de frustration et de déception. Espérons qu'Abel et Gordon retrouveront bientôt l'inspiration pour redonner au burlesque la place qu'il mérite dans le paysage cinématographique contemporain.
Note : 3.5/10. En bref, une comédie burlesque qui manque cruellement d’éclat.
Sorti le 31 janvier 2024 au cinéma - Disponible en VOD
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