Critique Ciné : Neuilly-Passy (2024)

Critique Ciné : Neuilly-Passy (2024)

Neuilly-Poissy // De Grégory Boutboul. Avec Max Boublil, Mélanie Bernier et Claudia Tagbo.

 

Le film Neuilly-Poissy, une comédie aux allures de satire sociale et religieuse, nous plonge dans l’histoire de Daniel, un homme d’affaires prospère et heureux en ménage, qui voit sa vie confortable basculer brutalement. Rattrapé par la brigade financière, il se retrouve enfermé dans la célèbre prison de Poissy. Ce pitch intriguant aurait pu donner lieu à une comédie riche en subtilité et en émotion, mais le résultat final laisse un goût amer. L’une des premières choses qui frappe dans Neuilly-Poissy est son recours incessant aux clichés, en particulier ceux qui touchent à la religion. Le film s’aventure sur le terrain glissant des stéréotypes culturels et religieux, sans jamais les traiter avec la finesse ou la nuance nécessaires. Daniel, de confession juive, se retrouve dans un environnement carcéral dominé par des détenus musulmans, présentés sous des traits presque caricaturaux. 

 

Magouilleur et beau parleur, naviguant entre son entreprise florissante et sa vie de famille épanouie, Daniel est un homme comblé. Mais, à la suite d’une malversation financière, il doit troquer du jour au lendemain son luxueux appartement de Neuilly contre une cellule de 9m2 dans la prison de Poissy. Du costard-cravate au survêt-claquettes, la chute est brutale. Daniel se retrouve perdu dans un environnement dont il ne connait pas les codes. Mais c’est sans compter sur sa tchatche, son humour et son sens inné de la débrouille…

 

La promiscuité de la prison, la violence latente et les tensions religieuses auraient pu donner matière à une réflexion profonde sur le vivre-ensemble. Mais ici, tout est survolé, expédié à coup de blagues faciles et de scènes invraisemblables. Le film tente maladroitement de nous faire croire que les conflits religieux se résolvent autour d’un simple repas, une scène où un plat de boulettes suffit à réconcilier des détenus que tout semble opposer. Cette approche superficielle ne convainc pas, bien au contraire. On assiste à une suite d’interactions stéréotypées, où les différences religieuses et culturelles sont simplement utilisées comme prétextes à des gags peu inspirés. Au-delà des clichés, le plus gros défaut de Neuilly-Poissy réside dans son scénario. Le film semble constamment hésiter entre plusieurs registres, ne sachant jamais sur quel pied danser. Est-ce une comédie purement humoristique, ou une fable sociale qui cherche à délivrer un message sérieux sur la cohabitation religieuse ? 

 

Cette ambiguïté ne fait que renforcer le sentiment de confusion générale. L’histoire commence par un récit d’arnaque financière, bifurque ensuite vers une sorte de parodie de film de prison, pour finalement s’engager sur une voie plus « philosophique », en traitant maladroitement du communautarisme. Mais aucun de ces arcs narratifs n’est réellement développé ou approfondi. Les transitions entre ces différentes tonalités sont abruptes, sans logique apparente, ce qui donne l’impression d’un scénario décousu et incohérent. De plus, les personnages manquent cruellement de profondeur et d’évolution crédible. Daniel, le protagoniste, passe de riche homme d’affaires à prisonnier confronté à des réalités qu’il ne maîtrise pas, mais sa transformation reste superficielle. Quant à sa femme, Lisa, son rôle est encore plus irritant, presque transparent, ajoutant peu à l’intrigue principale.

 

L’un des principaux problèmes de Neuilly-Poissy est le décalage constant entre le ton de la comédie et la gravité des situations qu’elle dépeint. Le film tente de nous faire rire de sujets profondément sérieux, comme la violence en prison, les humiliations et les tensions religieuses. Mais ces éléments ne se prêtent pas naturellement à la comédie. Ainsi, le film échoue à trouver un équilibre entre l’humour et la gravité, rendant certaines scènes profondément malaisantes. Par exemple, après une scène d’humiliation en cellule, il est difficile de se laisser aller au rire face à une blague maladroite qui suit immédiatement. Ce va-et-vient entre des moments tragiques et des tentatives de comédie crée une dissonance qui empêche le spectateur de réellement apprécier l’un ou l’autre registre. Les blagues, souvent basées sur des stéréotypes racistes ou religieux, tombent à plat et laissent un sentiment de gêne plutôt que de légèreté.

 

Malgré tous ses défauts, Neuilly-Poissy possède tout de même quelques qualités. La bande son, en particulier, mérite d’être mentionnée. Elle accompagne bien l’intrigue, notamment dans les moments plus mélodramatiques du film. Le thème final est poignant, apportant une touche de mélancolie bienvenue dans un film qui en manque cruellement. De plus, Max Boublil, dans le rôle principal, s’en sort honorablement, même si son personnage ne lui permet pas de briller autant qu’il le pourrait. Il faut aussi admettre que, par moments, certaines scènes parviennent à arracher un sourire. Mais ces moments sont trop rares et trop isolés pour sauver le film dans son ensemble. Neuilly-Poissy reste une comédie bancale, qui ne parvient jamais vraiment à trouver son ton ou son rythme. En définitive, Neuilly-Poissy est une tentative ratée de mélanger comédie, satire sociale et réflexion sur la religion et le communautarisme. 

 

Les clichés omniprésents, les incohérences du scénario et le manque de finesse dans le traitement des sujets sensibles font de ce film une œuvre confuse et maladroite. Si l’idée de base était intéressante, son exécution laisse à désirer. Il est peut-être possible de le visionner un dimanche après-midi pluvieux à la télévision, mais payer sa place pour aller le voir au cinéma serait probablement une déception. Si vous recherchez une comédie légère et divertissante, Neuilly-Poissy ne sera pas à la hauteur de vos attentes.

 

Note : 2/10. En bref, une comédie ratée, entre clichés et incohérences. 

Sorti le 8 mai 2024 au cinéma - Disponible en VOD

 

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Z
bonjour a toi<br /> bien pour cette revue<br /> bonne apres midi
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