30 Octobre 2024
La Famille Hennedricks // De Laurence Arné. Avec Laurence Arné, Dany Boon et Ferdinand Redouloux.
Pour son premier long métrage en tant que réalisatrice, Laurence Arné nous propose un voyage en famille recomposée aux allures estivales et musicales. Pourtant, malgré la bonne humeur affichée et la promesse d’une aventure où l’on espère rire et être touché, La Famille Hennedricks reste en deçà des attentes, peinant à insuffler de la nouveauté et de la profondeur à un genre pourtant riche de potentiel. Le film se déroule sous forme de road trip, une formule déjà bien rodée dans le cinéma, et plus particulièrement dans les comédies familiales américaines. Dès les premières scènes, on perçoit l’influence de ce cinéma d’outre-Atlantique, avec ses touches sucrées et ses séquences musicales omniprésentes. Or, si ces références peuvent apporter un charme à certaines œuvres, elles deviennent ici un poids : les références trop marquées à des œuvres américaines éclipsent l’authenticité de l’histoire, la rendant presque anecdotique.
Quand son fils Henri menace de partir vivre chez son père, Justine l’embarque de force dans un road trip sur la côte Atlantique avec son nouveau compagnon Ludo et son beau-fils Joseph. Au programme des vacances : unir sa famille recomposée coûte que coûte ! Mais très vite l’aventure déraille et Justine déchante. Pourtant, de ce chaos naît progressivement un groupe de musique, « Les Hennedricks », dans lequel chacun libère sa folie. Cette nouvelle complicité permettra-t-elle à la famille atypique de trouver enfin son harmonie ?
Ce qui fonctionne cependant, et ce dès le départ, est la complicité palpable entre les acteurs, notamment entre Laurence Arné elle-même et son partenaire à l’écran et dans la vie, Dany Boon. Leur alchimie ajoute une touche de sincérité bienvenue qui atténue en partie la faiblesse narrative de l’intrigue. Dany Boon, habitué à des rôles comiques très appuyés, adopte ici un jeu plus sobre et discret, un changement qui s’avère plutôt réussi. Il parvient, malgré un rôle qui ne le met pas particulièrement en avant, à donner un peu de consistance à son personnage. Les adolescents de la famille, souvent les plus grands contributeurs aux situations comiques du film, incarnent avec justesse des personnages stéréotypés, mais familiers au public. Leurs interactions rappellent des problématiques que beaucoup de familles recomposées connaissent : des conflits et tensions liés à la recherche de sa place, des différences de valeurs et des incompréhensions générationnelles.
Ces thèmes, bien qu’abordés sans grande originalité, trouvent un écho chez le spectateur. Malgré cette dynamique d’acteurs, La Famille Hennedricks échoue à proposer une intrigue réellement captivante ou surprenante. La narration semble piétiner sur des clichés éculés, et les personnages, aussi sympathiques soient-ils, restent enfermés dans des stéréotypes qui n’évoluent pas. Laurence Arné opte pour un style gentil et sans risques, une option qui rend le film accessible mais qui lui retire en même temps une véritable personnalité. À aucun moment l’histoire ne prend de détour inattendu, et les situations cocasses qui pourraient faire basculer le récit vers une comédie plus audacieuse sont évitées. L’une des grandes faiblesses du film réside dans sa trop grande ressemblance avec Nous, les Leroy, une autre comédie familiale sortie récemment et bien plus aboutie.
Là où Nous, les Leroy parvenait à capter avec justesse les dynamiques et enjeux de la vie de famille, La Famille Hennedricks ne semble offrir qu’un pâle reflet de ces mêmes intentions. Laurence Arné utilise fréquemment des moments musicaux, qui viennent s’insérer dans l’intrigue pour ajouter une touche de légèreté. Si cette approche peut sembler enjouée, elle s'avère ici excessive et contre-productive, car elle donne l'impression de combler les vides de l'histoire. Le film semble hésiter à aborder plus en profondeur les conflits familiaux ou les questions liées à l’adolescence, des thèmes pourtant omniprésents. Les séquences musicales, bien que lumineuses et plaisantes, finissent par devenir des interruptions qui affaiblissent la narration. Elles amènent du rythme, certes, mais n’apportent pas grand-chose aux personnages ou à l’intrigue.
Paradoxalement, ces moments musicaux, qui devraient être des respirations joyeuses, deviennent les moments les plus marquants du film – mais pour les mauvaises raisons. Ils soulignent l’absence de développement émotionnel, comme si la musique venait masquer une certaine superficialité des relations familiales. Parmi les séquences qui prêtent à sourire, voire à rire, certaines tombent malheureusement dans le burlesque exagéré, flirtant avec le ridicule. Une scène en particulier illustre bien cette limite : Justine, l’un des personnages, tente de vendre des croquettes de nouilles sur une plage pour gagner de l’argent. Si cette situation aurait pu être une bonne opportunité d’explorer la débrouillardise des personnages et de susciter un comique de situation authentique, elle ne parvient pas à faire mouche et accentue le côté décalé, voire absurde, de l’intrigue.
Ce type de scène aurait pu être intégré de manière plus subtile pour un effet comique plus naturel. La Famille Hennedricks n’est pas un mauvais film, mais il manque cruellement de cette petite étincelle qui aurait pu en faire une comédie familiale attachante et mémorable. Laurence Arné montre des intentions sincères dans sa première réalisation, et sa démarche est sans prétention, mais elle ne réussit pas à transformer l’essai. Ce premier essai derrière la caméra, bien qu’empli de bonne volonté, ne suffit pas à masquer les faiblesses d’écriture et le manque de profondeur. En somme, La Famille Hennedricks est une comédie légère, ponctuée de moments souriants, mais elle n’apporte rien de réellement nouveau au genre. Un film agréable pour une soirée sans attentes, mais qui ne laissera probablement pas de souvenir durable.
Note : 4/10. En bref, une comédie familiale, faite en famille (Laurence Arné et Dany Boon sont en couple à la ville) qui malheureusement peine à se démarquer.
Sorti le 26 juin 2024 au cinéma - Disponible en VOD
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