11 Octobre 2024
The Crow // De Rupert Sanders. Avec Bill Skarsgård, FKA Twigs et Danny Huston.
Trente ans après la sortie du film culte The Crow en 1994, la franchise tente de renaître avec un reboot en 2024. Malheureusement, cette nouvelle interprétation échoue à capter l'essence qui avait fait le succès de l'original, offrant une vision terne et désincarnée du personnage mythique d'Eric Draven. Ce reboot, dirigé par Rupert Sanders, peine à rendre hommage à l’œuvre d’origine et se révèle plus comme une entreprise vide de sens que comme une véritable renaissance. La performance de Brandon Lee dans le film de 1994 reste gravée dans la mémoire collective. Il incarnait Eric Draven avec une intensité rare, un mélange poignant de douleur, de colère et de mélancolie. Sa mort tragique sur le tournage a ajouté une aura sombre et légendaire au film, contribuant à son statut culte. Ce reboot tente de s’en éloigner en proposant une version moderne, mais il perd en chemin la profondeur émotionnelle et l’impact que Lee avait su insuffler à son personnage.
Eric et sa fiancée Shelly sont sauvagement assassinés par un gang de criminels. Mais une force mystérieuse ramène Eric d'entre les morts, qui, doté de pouvoirs surnaturels, entreprend de se venger pour sauver son véritable amour.
Dans cette nouvelle version, Bill Skarsgård, choisi pour reprendre le rôle principal, peine à convaincre. L’acteur, pourtant talentueux, semble ici presque fantomatique, flottant entre les scènes sans véritable passion ni intensité. Là où Lee transmettait la rage et la souffrance d’un homme en quête de vengeance, Skarsgård se contente d’une interprétation plate, presque absente. Le spectateur n’a jamais l’impression de suivre un être brisé, mais plutôt un personnage sans vie, prisonnier d’un univers qui ne parvient pas à l’animer. L’une des grandes forces du premier film était son esthétique gothique marquée, profondément ancrée dans l’esprit des années 1990. La ville, sombre et pluvieuse, était un personnage à part entière, renforçant l’atmosphère lourde et désespérée du récit. En 2024, ce reboot essaye de recréer cette ambiance, mais le résultat est loin d’être à la hauteur. L’esthétique gothique devient ici un simple artifice, dénué de substance, où tout paraît grisâtre et sans âme.
Le film tente de jouer sur la tristesse et la mélancolie, mais tout semble trop artificiel pour toucher réellement. Même les scènes d’action, censées incarner la violence brute de la vengeance d’Eric, paraissent fades et convenues. L’aspect "spectaculaire" n’a rien de mémorable, et les chorégraphies de combat manquent de l’énergie nécessaire pour maintenir l’intérêt du public. L'esthétique ne sert plus l’histoire ; elle devient un simple prétexte visuel sans véritable profondeur. Le film souffre également d’un manque de développement des personnages. L’intrigue principale, qui voit Eric Draven revenir à la vie pour venger le meurtre de sa petite amie, est traitée de manière superficielle. Au lieu de plonger dans la psyché torturée du héros, le scénario préfère se concentrer sur des éléments de surface, comme son apparence physique et son évolution vestimentaire. La transformation d’Eric en Corbeau, autrefois un moment clé du récit, devient ici un simple changement de look.
Le personnage de Shelly, quant à lui, n’apporte aucune véritable émotion au récit. L’amour tragique qui unissait Eric et Shelly dans l’original est remplacé par une romance sans intérêt, dépourvue de la profondeur émotionnelle nécessaire pour que le spectateur s’y attache. Le lien entre les deux protagonistes semble mécanique, sans l’alchimie qui rendait leur relation si déchirante dans le film de 1994. Ce manque de connexion entre les personnages renforce le sentiment de vide qui plane sur tout le film. L’un des aspects les plus frustrants de ce reboot est sa tentative maladroite de capter l’air du temps. Là où le film de 1994 se positionnait presque involontairement comme un reflet de la culture gothique et alternative des années 90, cette nouvelle version semble essayer trop fort d’intégrer des éléments contemporains sans y parvenir. Les références à des pratiques actuelles comme le chemsex ou encore l’apparence " d’Eric avec sa coupe iroquoise semblent forcées et déconnectées du reste du récit.
Ces choix narratifs et visuels, censés moderniser l’histoire, ne font que renforcer l’impression de superficialité et de désuétude. L’univers de The Crow, riche en potentiel narratif, est ici sous-exploité. Les comics et romans qui ont suivi le film de 1994 regorgent de pistes inexplorées, mais ce reboot semble totalement ignorer cet héritage. Plutôt que de creuser plus profondément dans les thématiques de la vengeance, de la rédemption ou de la douleur, le film se contente d’effleurer ces sujets sans jamais les explorer de manière significative. En fin de compte, ce reboot de The Crow est une immense déception. Non seulement il échoue à rendre hommage au film original, mais il ne parvient même pas à se tenir debout en tant qu’œuvre indépendante. Ce qui aurait pu être une opportunité de réinventer la franchise s’est transformé en une entreprise sans âme, qui ne laisse derrière elle qu’un sentiment d’ennui et de regret. Pour les fans de l’original, et pour ceux qui espéraient voir la franchise renaître avec force, ce reboot ne fait que souligner l’immensité du fossé entre la vision intense et passionnée de 1994 et ce pâle reflet de 2024.
Note : 2/10. En bref, une tentative de reboot qui s’égare dans sa propre ombre.
Sorti le 21 août 2024 au cinéma
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