Critique Ciné : Black (2024)

Critique Ciné : Black (2024)

Black // De Balasubramani KG. Avec Jiiva, Priya Bhavani Shankar et Yog Japee.

 

Le film Black, inspiré par des œuvres marquantes comme Coherence, plonge dans les méandres des univers parallèles et des boucles temporelles. Ce type de récit, bien que complexe, est devenu populaire auprès d’un public avide de mystères et de frissons intellectuels. Malheureusement, Black peine à égaler les films dont il s’inspire, souffrant d’une construction narrative et d’un montage qui le rendent plus confus que captivant. Néanmoins, il propose une expérience intrigante pour les amateurs de thrillers psychologiques. Dès les premières minutes, Black expose son concept : un thriller en boucle temporelle où les personnages se retrouvent pris au piège d’événements inexplicables. L’intrigue rappelle fortement des films comme Vivarium, où des scénarios en apparence simples se transforment en labyrinthes psychologiques. 

 

Un jeune couple emménage dans une nouvelle maison, espérant y trouver paix et intimité. Mais une violente tempête, accompagnée de forces inquiétantes, commence à déstabiliser leur mariage. Vasanth doit découvrir la vérité derrière ces phénomènes surnaturels avant que tout ne s'effondre.

 

Bien que l’intention soit bonne, le film ne parvient pas à exploiter tout le potentiel de ce genre, retombant dans des éléments déjà largement explorés ailleurs. Le souci principal de Black réside dans sa dépendance à l’excès d’explications et de dialogues explicatifs, un choix qui semble trahir le manque de confiance des réalisateurs envers leur public. Plutôt que de permettre aux spectateurs de déduire eux-mêmes les subtilités de l’intrigue, Black semble choisir de leur mâcher le travail, ce qui enlève à l’œuvre une part de mystère et de profondeur. Le film se distingue cependant par son acte central. Dans cette section, la tension monte, et l’atmosphère prend une tournure véritablement effrayante et prenante, rappelant le meilleur des films d’horreur psychologique. Les scènes de ce passage central captivent par leur intensité et leur mystère, suggérant que le film aurait gagné à conserver cette approche tout au long de l’histoire.

 

En revanche, le premier acte peine à poser efficacement les bases de l’intrigue. Trop long, il se perd dans des éléments superflus qui diluent l’intérêt. Les chansons insérées dans ce passage, bien qu’efficaces dans le cinéma commercial tamoul, alourdissent le récit et ralentissent le rythme. Quant au troisième acte, il vire à une confusion qui frustre plus qu’elle n’intrigue. La fin, elle, semble précipitée, comme si le film cherchait à tout expliquer à la hâte, réduisant l’impact final. Du côté des performances, Black offre un aperçu du talent de Jiiva, qui prouve une nouvelle fois qu’il est un acteur capable de porter un rôle exigeant. Son jeu ajoute de l’authenticité à l’histoire et compense en partie les faiblesses de l’écriture. En revanche, Priya Bhavani Shankar, qui tient un rôle central, semble manquer d’assurance et d’aisance, ce qui se ressent tout au long du film. 

 

Sa prestation semble parfois en décalage avec le ton général, réduisant l’impact émotionnel de certaines scènes cruciales. Le film aurait certainement gagné à mieux travailler les interactions entre les personnages et à offrir un casting plus homogène. Les autres acteurs semblent, pour la plupart, sous-exploités, ce qui laisse penser que la direction d’acteurs a pu être négligée au profit des éléments techniques du film. L’un des points forts de Black réside dans ses choix de caméra et de montage. Les transitions sont marquantes, les angles de caméra bien choisis, et le film réussit à créer une ambiance immersive qui colle bien avec l’atmosphère sombre et oppressante de l’intrigue. Ces choix visuels contribuent à maintenir l’attention du spectateur, en particulier durant la première moitié du film. Cependant, ces efforts visuels ne suffisent pas à compenser les incohérences de l’intrigue. 

 

La fin du film laisse beaucoup de questions en suspens, mais pas dans le sens positif d’une fin ouverte qui invite à la réflexion. Au contraire, certaines scènes semblent n’avoir ni queue ni tête, ajoutant à la confusion générale. Cette incohérence nuit à l’immersion, et le spectateur peut se retrouver perdu dans des détails inutiles au lieu de profiter du déroulement de l’histoire. Au final, Black est un film audacieux qui tente de s’approprier les codes du thriller temporel, un genre encore peu exploré dans le cinéma tamoul. Il mérite des éloges pour son ambition, et certains aspects – notamment la tension palpable du milieu du film – valent la peine d’être vus. Cependant, son manque de consistance narrative et ses emprunts évidents à des œuvres cultes en font une œuvre inégale. Les amateurs de thrillers complexes y trouveront peut-être un intérêt, surtout s’ils aiment analyser les twists et les mystères temporels. 

 

Toutefois, pour ceux qui ont déjà vu des films comme Vivarium, Triangle ou Coherence, Black peut sembler redondant et manquer d’originalité. Le film s’adresse donc avant tout à un public nouveau dans ce genre, prêt à découvrir l’univers des boucles temporelles à travers le prisme tamoul. En conclusion, Black est un film qui mérite d’être vu pour son acte central captivant et ses quelques moments de tension, mais qui souffre d’un rythme inégal et de trop d’explications qui affaiblissent son mystère. C’est un film à voir une fois, mais qui risque de ne pas laisser une empreinte durable. Un bel effort, certes, mais qui aurait pu se hisser bien plus haut avec plus d’audace et de maîtrise narrative.

 

Note : 5/10. En bref, une tentative audacieuse de thriller en boucle temporelle dans le cinéma tamoul.

Sorti le 18 octobre 2024 au cinéma

 

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