Critique Ciné : Carla & Moi (2024)

Critique Ciné : Carla & Moi (2024)

Carla & Moi // De Nathan Silver. Avec Jason Schwartzman, Carol Kane et Dolly de Leon.

 

Le film Carla & Moi propose une histoire intéressante en apparence : celle de Ben Gottlieb, un chantre de synagogue en pleine crise existentielle. Après une année éprouvante qui l’a laissé épuisé et incapable de chanter, Ben traverse une phase de doute profond, tant sur sa foi que sur le sens de sa vie. Au moment où il rencontre Carla, son ancienne professeure de musique, une lueur d’espoir semble apparaître. Carla, désormais septuagénaire, souhaite renouer avec ses racines juives et préparer sa bat-mitzvah avec l’aide de son ancien élève. Cette intrigue promettait une réflexion intime sur la quête de soi et la renaissance personnelle, mais le résultat laisse malheureusement un goût amer. À travers la rencontre entre Ben et Carla, le film cherche à tisser une relation complexe et nuancée, teintée d’une amitié platonique avec des accents de tendresse et d’affection. 

 

Ben a perdu sa foi et sa voix suite à la disparition de sa femme, ennuyeux pour un chanteur de synagogue. Sa vie est désormais rythmée par la préparation des enfants à leurs bar-mitzvah et les rendez-vous galants organisés par sa mère. Un soir, il retrouve l’excentrique Carla - son ancienne professeure de musique -qui le sollicite pour l’aider à préparer sa communion tardive. Petit à petit, Ben et Carla vont se rapprocher pour, enfin, trouver leurs voies.

 

On aurait pu imaginer un récit touchant, ancré dans une introspection sincère, où chacun des personnages redécouvre ses valeurs, sa place et ses aspirations. Malheureusement, le scénario se disperse rapidement et ne parvient jamais à atteindre cette profondeur espérée. L’un des principaux défauts du film réside dans sa difficulté à se concentrer sur une trame narrative solide. Le récit vacille entre différentes scènes sans qu’elles apportent un véritable développement aux personnages ou à l’intrigue. Des éléments sont introduits sans jamais être réellement exploités, créant une impression d’errance scénaristique. De fait, certaines scènes paraissent superficielles, manquant de pertinence pour l’évolution des personnages, et donnent une sensation de longueur qui finit par lasser. Un autre problème majeur de Carla & Moi réside dans la caractérisation des personnages, qui, malgré leurs parcours singuliers, peinent à susciter l’empathie. 

 

Ben, malgré son dilemme existentiel, semble parfois apathique et détaché, tandis que Carla, censée incarner un certain dynamisme à travers sa quête identitaire tardive, se révèle elle aussi fade et peu convaincante. Cette faiblesse dans l’écriture des personnages crée une distance avec le spectateur, qui a du mal à se sentir concerné par leurs dilemmes et leurs aspirations. Le film aurait gagné à approfondir davantage les liens entre les personnages, à explorer leurs failles et leurs zones d’ombre pour rendre leur histoire plus attachante. Mais ici, la superficialité l’emporte, et les tentatives d’introspection tombent souvent à plat. On se retrouve face à des personnages en quête de sens mais qui semblent perdus dans un labyrinthe d’interactions creuses et de dialogues sans fin. L’un des éléments les plus marquants de Carla & Moi est la surcharge de dialogues. Là où le silence et les non-dits auraient pu apporter de la profondeur, le film choisit l’inverse : il s’abandonne à une avalanche de paroles qui, loin d’éclairer les émotions des personnages, alourdissent l’atmosphère. 

 

Cette logorrhée verbale rend l’expérience de visionnage éprouvante, étouffant l’attention du spectateur sous un flot incessant de discussions qui manquent souvent de naturel et de subtilité. Dans le même genre, certains réalisateurs savent allier humour et mélancolie, comme Woody Allen ou Noah Baumbach, en exploitant le potentiel comique de l’autodérision. Ici, cependant, cette tentative se transforme en un exercice laborieux, les répliques manquent de finesse et d’impact, et le spectateur est vite tenté de décrocher. Les échanges, souvent criards et confus, manquent de légèreté et de grâce, rendant le film difficile à suivre sans un certain agacement. En toile de fond, Carla & Moi s’inscrit dans le cadre du cinéma indépendant new-yorkais, qui aime souvent aborder les histoires d’amour et d’amitié dans un registre réaliste et désinvolte. L’idée d’une comédie romantique platonique entre un chantre dépressif et une professeure de musique septuagénaire aurait pu se transformer en un film empreint de sensibilité, alliant mélancolie et légèreté. 

 

Cependant, le traitement manque cruellement de charme et de cohérence. Plutôt que de célébrer la beauté des petits moments ou la tendresse des liens humains, Carla & Moi se perd dans une surenchère verbale et une mise en scène qui manque de subtilité. La crise existentielle du quadragénaire en quête de renouveau, qui aurait pu toucher un large public, est traitée de manière si erratique qu’elle semble finalement n’être destinée qu’à un public restreint. Cela limite l’universalité du film, et il devient difficile pour le spectateur de se retrouver dans cette histoire, de partager la quête de Ben et Carla. En somme, Carla & Moi avait tout pour devenir une belle histoire de résilience et de quête identitaire, ancrée dans la tradition new-yorkaise d’un cinéma intime et touchant. Les thèmes abordés – le deuil, la recherche de sens, le renouveau – résonnent souvent auprès du public. Toutefois, le film échoue à exploiter ce potentiel, tombant dans une dynamique verbeuse et un scénario sans grande consistance.

 

Les personnages, qui auraient pu être attachants et inspirants, sont desservis par un manque de subtilité dans l’écriture et par des dialogues trop envahissants. Le film laisse ainsi une impression d’inachevé, et le spectateur est contraint de naviguer entre ennui et frustration face à une intrigue qui aurait pu être bien plus captivante. Carla & Moi s’avère être une déception pour ceux qui s’attendaient à une comédie douce-amère sur la quête de sens. Si le film semble vouloir toucher une certaine niche, il risque surtout de laisser beaucoup de spectateurs sur le bord du chemin, incapables de s’identifier aux personnages et de s’immerger dans leur histoire.

 

Note : 3/10. En bref, malgré un point de départ intéressant, le film ne raconte rien de percutant, erre au beau milieu de son idée sans en faire quelque chose qui tient ses promesses. 

Sorti le 23 octobre 2024 au cinéma

 

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