Critique Ciné : La Récréation de Juillet (2024)

Critique Ciné : La Récréation de Juillet (2024)

La Récréation de Juillet // De Pablo Cotten et Joseph Rozé. Avec Andranic Manet, Alassane Diong et Alba Gaia Bellugi.

 

La Récréation de Juillet n'est pas un simple film d'été sur une bande de copains qui se retrouvent. C’est une comédie dramatique qui plonge profondément dans les souvenirs d'enfance, les amitiés, et les blessures laissées par le temps qui passe. Un groupe d'amis d'une vingtaine d’années revient, en toute illégalité, dans le collège de leur jeunesse. Ce lieu, symbole de leurs premiers émois et de leurs souvenirs communs, devient le décor de retrouvailles spéciales, organisées pour honorer les dernières volontés de Louise, la sœur jumelle de l'un d’entre eux, récemment décédée. L’histoire fait tout de suite écho aux petits drames et grandes joies de la jeunesse. Ce n’est pas un film qui cherche à en mettre plein la vue avec des effets spéciaux ou des vedettes ; il préfère se concentrer sur l’authenticité des émotions, la sincérité des moments partagés, et l'alchimie des acteurs. 

 

Suite à la mort de sa sœur jumelle, Gaspard, jeune professeur de musique, réunit ses cinq anciens meilleurs amis dans le collège désert de leur enfance, en plein mois de juillet. Dans cet endroit rempli de souvenirs et de mélancolie, les amis retombent progressivement en enfance.

 

Chaque scène nous fait revivre une forme de nostalgie douce-amère, celle de nos propres souvenirs d’amis d’enfance et de lieux qui, malgré les années, conservent une trace de ce que nous avons été. L'absence de comédiens connus et le budget modeste donnent à La Récréation de Juillet un charme brut et authentique. Plutôt que de distraire, cela permet de recentrer l’attention sur le jeu des acteurs et sur la profondeur émotionnelle de chaque scène. Les acteurs, bien que peu familiers du grand public, réussissent à capturer cette sincérité des amitiés de jeunesse qui résistent au temps et aux épreuves. Avec une simplicité touchante, ils incarnent des jeunes adultes nostalgiques mais désireux de faire face à leurs propres douleurs et regrets. Il y a quelque chose de rare et précieux dans la façon dont le film traite de la mélancolie sans lourdeur, ni misérabilisme. À plusieurs reprises, je me suis surpris à sourire devant leurs plaisanteries et à être ému par la beauté des relations humaines qui résistent aux années. 

 

Cette bande de jeunes adultes renoue avec leur complicité d’autrefois, se lançant des blagues potaches tout en faisant face au deuil d’une des leurs. Les gags, loin de briser l’ambiance mélancolique, apportent une légèreté bienvenue au cœur du sujet, rendant l’histoire plus accessible et poignante. La bande originale  s’harmonise parfaitement avec le ton général du film. La musique joue un rôle clé en soulignant la nostalgie et l’émotion qui émanent de chaque scène. Elle accompagne les moments de silence, de rire et de larmes, soutenant ainsi le rythme du récit sans jamais s’imposer. Ce choix musical réfléchi contribue à renforcer l'authenticité de l’atmosphère et à maintenir le spectateur plongé dans les souvenirs et les émotions des personnages. Une scène en particulier, où la chanson "Relax (Take it Easy)" de Mika accompagne une danse collective, devient un moment de pur bonheur. 

 

Elle apporte un contraste vibrant à la tristesse latente de l’histoire. Ce morceau pop, léger et entraînant, réussit à illuminer un instant de leur séjour, rappelant que même dans les moments de deuil, il est permis de rire et de célébrer la vie. Cette scène devient un moment de libération et de joie, offrant au spectateur un répit bienvenu tout en rappelant la dualité de la vie, entre drame et légèreté. L’intrigue explore subtilement les thèmes de l’amitié, du deuil, et de la manière dont le temps altère les relations et les individus. Les personnages, tous marqués par des années d’éloignement, se retrouvent confrontés à leur passé et aux blessures laissées par le temps. Au fil des dialogues et des souvenirs évoqués, on découvre les fissures et les doutes que chacun a accumulés, mais aussi la force de l’amitié qui les unit toujours.

 

Le fil rouge de l’histoire est indéniablement la mort de Louise, une tragédie qui plane sur chaque scène et qui force chacun à se questionner sur la vie, la perte, et le sens de l’existence. Le drame, loin de submerger l’intrigue, agit comme une ombre discrète mais persistante, un rappel constant de la fragilité de la vie. La Récréation de Juillet parvient ainsi à aborder des sujets graves tout en restant empreint de douceur et de pudeur. Ce film réussit là où bien d’autres échouent : il offre un regard honnête et poignant sur le passage du temps, les liens d’amitié, et la manière dont on vit avec le souvenir de ceux qui nous ont quittés. La mélancolie omniprésente ne devient jamais pesante ; elle est au contraire magnifiquement intégrée dans chaque échange, chaque regard, chaque silence. La Récréation de Juillet est plus qu’une simple comédie dramatique ; c'est une réflexion sur les traces que les autres laissent en nous, et sur ce qui demeure malgré les années. 

 

Les rires, les moments de tendresse, les silences et les non-dits créent une atmosphère unique, dans laquelle chacun peut se retrouver. Il rappelle avec justesse et délicatesse que la vie est faite de ces instants d’émotion pure, de nostalgie, et de tristesse qui se mêlent pour former une mosaïque complexe et belle. Ainsi, La Récréation de Juillet n'est pas simplement un film à voir, mais une expérience à ressentir. C’est une invitation à retrouver une part de soi-même à travers le prisme des souvenirs et de l’amitié, un voyage dans le passé qui laisse une empreinte durable.

 

Note : 6/10. En bref, une ode à l’amitié et à la nostalgie. 

Sorti le 10 juillet 2024 au cinéma - Disponible en VOD

 

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